© Carlo Amen
Depuis quelques années, le tatouage revient en force et connaît un développement spectaculaire, tant au niveau de sa technique que de son esthétique. Pratique originellement réservée à des catégories de populations marginalisées en Occident, phénomène identitaire, elle s’est désormais imposée comme un art fait d’encre et de peau, comme si le corps n’était qu’une surface d’expression à la manière d’une toile.
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Parmi le foisonnement de ces nouveaux virtuoses à dermographe, certains s’imposent comme de véritables figures de proue stylistiques : ils demeurent imperméables aux tendances, préférant un dessin à la patte affirmée qu’une forme à succès. C’est le cas de Carlo Amen, une personnalité au trait bien à part : artiste avant d’être tatoueur, il a peuplé son monde de toute une mythologie d’êtres hybrides et d’amulettes protectrices, nous rappelant aussi bien les peintures sur sable navajo que les créatures fantastiques de Miyazaki.
© Carlo Amen
Sa formation même n’a rien d’ordinaire : il nous raconte qu’il a commencé le tatouage suite à une rencontre avec un taxidermiste, dans le cadre d’une exposition au Recyclart art center en Belgique.
« J’ai eu l’envie d’allier la taxidermie et le tatouage, un peu comme Wim Delvoy, mais avec un vrai discours derrière le fait de tatouer des animaux. Conclusion, j’ai tatoué deux chats, une oie et un lapin. A cette époque, je faisais plus des résidences d’artiste, etc. Une fois l’expo terminée, j’avais la machine et je me suis dit : « pourquoi ne pas essayer sur les humains? ». »
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On remarquera notamment une oie, disposée sur un plateau en argent au centre d’une table de Noël, avec sur son ventre marqué « Merry Christmas ». Inscrits de la main de Carlo avec un humour grinçant, ces animaux empaillés constituent donc la première expérience qu’il ait eu dans le monde du tatouage. Le développement de son coup de crayon si particulier, mêlant art naïf et art des Amérindiens, intervient lui après un voyage au Mexique et au Guatemala en 2008.
© Carlo Amen
Artiste pluridisciplinaire, il mène un travail de photographe en parallèle, toujours très sensuel et délicat. Ouvert, talentueux, effronté, Carlo Amen participe à faire du tatouage un art entier, fort de symbolique, surprenant et sensible.
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Amoureux des périples, l’artiste bruxellois Carlo Amen nous ouvre les portes d’un univers qui lui est propre. Avec un style décalé à la fois naïf et symbolique, il crée un tatouage inspiré de l’Histoire des cultures anciennes : Maya, les totems amérindiens, vaudou africain, les chimères grecques de l’Antiquité. Un voyage dans la peau, le temps et l’espace.Charly Lazer
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Carlo Amen Tattoo
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Voir aussi l’exposition « Tatoueurs, Tatoués » au Musée du Quai Branly jusqu’au mois d’octobre 2015.
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