La masse de la conscience est absolument une. Le seigneur suprême, océan de la conscience, débordant vers l'intérieur aussi bien que vers l'extérieur, prodigue ses vagues, celles des univers infinis qui abondent (en lui). Sa nature même est un émerveillement : l'expérience délectable de la conscience, de la pleine prise de conscience de soi - "je". Il repose donc en sa propre majesté. Il n'y a donc pas la plus infime manifestation extérieure d'une contraction (en lui), laquelle consiste en la séparation entre l'objet de conscience, le sujet conscient, etc., relative aux trois temps. Et c'est lui qui, débordant naturellement parce qu'il est une félicité sans failles, désire faire apparaître ce jeu qu'est l'univers. Il (manifeste ce jeu) seulement parce qu'il le désire, sans autre cause que lui-même et à partir de lui-même, sans avoir besoin des ingrédients (habituellement nécessaires) comme une matière et des instruments en guise de causes. Ainsi il manifeste librement, en soi-même, en son Soi, c'est-à-dire comme séparés de lui bien qu'ils n'en soient pas séparés - comme des reflets dans un miroir - (mais) mélangés à l'espace et au temps - toute la merveilleuse diversité des relations de cause à effet : les sujets et les objets ainsi que leur relations qui apparaissent en se niant mutuellement et qui sont un mélange de pure (connaissance) et de (connaissance) impure (car incomplète). De plus, lui seul, qui n'est pas mesuré par le temps et autres (restrictions), est la nature propre absolue de ces manifestations. En réalité, rien n'est donc créé, maintenu ou bien détruit. Seul l'espace de la conscience, masse de félicité, se manifeste dans une plénitude de plus en plus intense, ivre de ces modes contraires. Telle est la tradition de la Triade.
Traduit par A