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Interview Philippe Guillaume & Julien Maffre pour « La Banque » (Première Génération)

Publié le 29 décembre 2014 par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Philippe Guillaume (P. G.) et Julien Maffre (J. M.) passent derrière le comptoir


Avec patience et précision, ils nous expliquent les arcanes de la série « La Banque »

N’oubliez-pas de lire nos articles consacrés au « tome 1 de La Banque« , et au second opus.
Interview réalisée le 13 octobre 2014
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Pourquoi avoir choisi une série “d’Anthologie” (un principe qui marche particulièrement bien en séries TV) ?

P.G. L’idée, c’était de raconter toutes les problématiques financières et de démontrer qu’elles sont pérennes. Pour cette raison, la saga familiale s’imposait.
Par exemple, le 1er tome parle de délit d’initié. C’est un sujet qui est toujours d’actualité.

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Cette série mélange l’intime (le drame humain) et le spectaculaire.

P.G. Nous voulions éviter de faire un cours d’économie. Avec Pierre Boisserie, ce qui nous intéresse c’est de raconteur les personnalités, les voir évoluer avec leurs psychologies propres. Au travers d’une famille, c’est parfaitement adapté.

Entre Pierre Boisserie et toi (Philippe Guillaume), comment vous répartissez-vous le travail du scénario ?

P.G. L’idée de “La Banque” est venue après “Dantes”. On avait envie de raconter l’histoire des banquiers de “Dantes”.
Je m’occupe des recherches historiques, économiques. Cela inclut l’histoire, l’iconographie, les évènements. Puis, on se réunit pour composer l’histoire ensemble à partir de ce travail préparatoire. Pierre réalise ensuite le decoupage proprement dit.

Même si vous évitez la pure technique financière, on est obligé d’y passer pour comprendre les enjeux

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P.G. C’est tout le talent de notre duo. J’apporte toute ma science de la matière économique, auquel Pierre ne connait rien. Tout le travail commun, c’est d’arriver à le transmettre de manière ludique. Quand on parle de délit d’initié, il n’y a pas besoin d’avoir suivi des cours d’économie pour en comprendre le mécanisme. Pour aider le lecteur, je réalise dans chaque album un cahier éditorial qui permet de contextualiser l’histoire et de mieux comprendre les évènements qui servent de toile de fond.

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Julien, avec le principe de la série, tu dois faire vieillir tes personnages. Est-ce difficile ?

J.M. Le défi, c’est que le lecteur ne soit jamais perdu, qu’il reconnaisse les personnages. Pour cela, je garde une base commune.
J’ai beaucoup aimé l’exercice, car c’est assez rare en bande dessinée. Pour y arriver, on peut se servir du cinéma pour en comprendre le mécanisme. Est-ce que le personnage prend du poids? Est-ce que, au contraire, il s’assèche ?
Pour un homme, est-ce qu’il perd ses cheveux ?
Pour les héros de “La banque”, j’ai choisi de rendre leurs traits de plus en plus durs. Cela suit leurs psychologies.

Vous partez de personnages historiques (les frères Rothschild). Quel est le degré de réalisme que vous vous êtes fixés ? Vous avez utilisé de la documentation ?

J.M. Il existe quelques tableaux de l’époque sur la famille Rothschild, qui ont servi de base de travail. On y voit Nathan avec une “très belle calvitie”, contrairement à son frère plus jeune et plus fringuant.
P. G. On a également utilisé un catalogue d’une exposition sur la famille Rothschild, qui avait eu lieu à la Bilbiothèque Nationale. Donc on a beaucoup de tableaux sur les différents personnages de la famille et leur environnement.

Vous n’avez eu aucun retour de la famille Rothschild ?

P.G. Aucun pour l’instant.

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Il y a visiblement un gros travail sur le réalisme. En architecture, ainsi que la façon de vivre de l’époque.

J.M. Il y a un très gros travail de recherche réalisé par Philippe (Guillaume) et Pierre (Boisserie), que je devais intégrer et reproduire.
C’est une période avec très peu de documents photographiques. Il fallait compléter via d’autres sources de documentation.
Sinon, on a fait une sélection de films qui se passaient à la même période. “Vanity Fair”, par exemple, nous a été très utile.

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P.G. Il existe un film sur cette histoire des Rothschild précisément, qui nous a beaucoup servi. Par exemple, on y retrouve la rencontre entre Nathan et Wellington à l’opéra.

C’est un fait avéré ?

P.G. Why not ?

La fiction est là, aussi…

P.G. Oui, il y a une part de fiction. Par exemple, nous avons choisi l’anecdote des pigeons voyageurs. Certains disent que Nathan Rothschild avait envoyé en réalité des émissaires à Waterloo qui sont revenus très rapidement l’informer de l’issue de la bataille. On essaie néanmoins d’être au plus prêt de la réalité des “faits économiques”.

Vous êtes parti de l’Angleterre avec le premier tome, la France avec le second…

P.G. L’idée, c’est de faire voyager le lecteur. On s’est baladé en Algérie. On y reviendra dans le tome 3. Dans le tome 4, on va évoquer la conquête du Mexique. Dans la troisième saison (tome 5 et 6), on assistera à la conquête de l’Indochine, au scandale de Panama… Quand on arrivera à la période de 1929, on reviendra vers New-York, bien entendu.

Est-ce plus facile de partir d’une source qui existe encore (le Palais Brongniart, par exemple, même s’il a évolué depuis) ?

J.M. Je suis amateur d’architecture, mais je n’ai pas fait de longues études sur cette période. Quand j’ai une source de documentation précise, cela m’aide, bien entendu.
Pour prendre un exemple, dans le second tome, il y a une séquence dans un bateau à vapeur. N’ayant pas de sources précises, j’ai du mixer plusieurs sources. On a pris une structure de bateau. On y a ajouté des roues…

P.G. Concernant ce bateau, on savait par des écrits que le Général Bugeaud, nommé Gouverneur Général de l’Algérie en 1841, s’était embarqué à Toulon sur le premier bateau à vapeur français (« Le Phaéton »). Malgré toutes nos recherches, nous n’avons pas trouvé de tableaux le représentant. Donc, nous avons repris comme sources d’autres bateaux à vapeur de l’époque.

Vous savez déjà combien de cycles et d’époques vous allez traiter ?

P.G. L’idée, c’est d’arriver à la période contemporaine jusqu’à la faillite de Lehmann Brothers en septembre 2008. Avec deux albums par générations, et six générations, nous sommes parti pour douze tomes au moins.

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