Pas de censure [2006]

Publié le 29 décembre 2014 par Theatrummundi


« – Ce que je fais dans la vie ? Eh bien, c’est lamentable : j’accepte avec une servilité non feinte de passer des compromis imbéciles avec des imbéciles compromis. Mais à la différence de mes excellents confrères prostitués qui eux aussi agissent ainsi,avec même cette flagorneuse promptitude à surenchérir dans la connerie qui me fait si cruellement défaut, je n'y crois pas, je me refuse obstinément à prendre un vulgaire vaselinage institué pour la descente verticale de la grâce. »

J. V., Catacombes dans la cuisine, 2006

Je fouine dans de vieux fichiers. 2006.

Juste avant l'ouverture de ce blog.

C'est plein de morceaux de textes que je pourrais encore publier.

Je ne suis plus tout à fait d'accord avec tout.

Mais ce n'est pas le problème principal.

C'était déjà limite en 2006 ou 2007, ça ne passerait plus du tout.

Ce n'est pas tellement que ça ait vieilli.

Et peut-être au contraire.

(Moi, si, j'ai vieilli.)

C'est surtout que ça me créerait à coup sûr des problèmes.

(Si quelqu'un lit.)

Or ma situation est beaucoup plus précaire aujourd'hui qu'elle n'était alors.

Je ne peux donc pas me permettre ces problèmes.

Je n'ai peut-être pas encore assez tout perdu.

On peut dire, si l'on veut, que je me dégonfle, que je suis lâche, etc.

On peut me mettre sur le dos qu'il est devenu plus dangereux encore de dire des choses.

On ne me censure pas. Je le fais en amont.

Les gens qui ne disent rien, en revanche, sont toujours bienvenus.

On dira que ça m'arrange...

(Alors qu'on ne dira rien du tout.)

Ces textes anciens, aussi, ne valent pas le coup.

Je ne pense pas aujourd'hui tout à fait ce que je pensais, ou croyais penser alors.

Je publie moins sur ce blog, ou c'est pourtant si facile.

Je n'écris pas moins, pourtant. Et peut-être même plus.

Mais je ne publie pas, même ici.

Quand je pense à ce que j'écris ailleurs, ce billet me fait franchement marrer.

On gagne une liberté énorme, à ne pas publier.

A ne pas vouloir le malentendu, l'ambiguïté, la fable.

A ne pas chercher la provocation aussi.

On cherche la justesse.

Et on ne craint pas les noms.

Avant, quand je publiais plus ici, je rusais.

Je me disais qu'il me faudrait un pseudonyme.

Je ne nommais pas les gens.

Je les nomme à présent.

Je fais ce que je veux.

Et ça s'accumule.

Assez ri.

Août 2013


« – Ce que je fais dans la vie ? Eh bien, c’est lamentable : j’accepte avec une servilité non feinte de passer des compromis imbéciles avec des imbéciles compromis. Mais à la différence de mes excellents confrères prostitués qui eux aussi agissent ainsi,avec même cette flagorneuse promptitude à surenchérir dans la connerie qui me fait si cruellement défaut, je n'y crois pas, je me refuse obstinément à prendre un vulgaire vaselinage institué pour la descente verticale de la grâce. »

J. V., Catacombes dans la cuisine, 2006

Je fouine dans de vieux fichiers. 2006.

Juste avant l'ouverture de ce blog.

C'est plein de morceaux de textes que je pourrais encore publier.

Je ne suis plus tout à fait d'accord avec tout.

Mais ce n'est pas le problème principal.

C'était déjà limite en 2006 ou 2007, ça ne passerait plus du tout.

Ce n'est pas tellement que ça ait vieilli.

Et peut-être au contraire.

(Moi, si, j'ai vieilli.)

C'est surtout que ça me créerait à coup sûr des problèmes.

(Si quelqu'un lit.)

Or ma situation est beaucoup plus précaire aujourd'hui qu'elle n'était alors.

Je ne peux donc pas me permettre ces problèmes.

Je n'ai peut-être pas encore assez tout perdu.

On peut dire, si l'on veut, que je me dégonfle, que je suis lâche, etc.

On peut me mettre sur le dos qu'il est devenu plus dangereux encore de dire des choses.

On ne me censure pas. Je le fais en amont.

Les gens qui ne disent rien, en revanche, sont toujours bienvenus.

On dira que ça m'arrange...

(Alors qu'on ne dira rien du tout.)

Ces textes anciens, aussi, ne valent pas le coup.

Je ne pense pas aujourd'hui tout à fait ce que je pensais, ou croyais penser alors.

Je publie moins sur ce blog, ou c'est pourtant si facile.

Je n'écris pas moins, pourtant. Et peut-être même plus.

Mais je ne publie pas, même ici.

Quand je pense à ce que j'écris ailleurs, ce billet me fait franchement marrer.

On gagne une liberté énorme, à ne pas publier.

A ne pas vouloir le malentendu, l'ambiguïté, la fable.

A ne pas chercher la provocation aussi.

On cherche la justesse.

Et on ne craint pas les noms.

Avant, quand je publiais plus ici, je rusais.

Je me disais qu'il me faudrait un pseudonyme.

Je ne nommais pas les gens.

Je les nomme à présent.

Je fais ce que je veux.

Et ça s'accumule.

Assez ri.

Août 2013