Il est un plaisir que souvent l'on entend, et qui s'est vérifié une fois de plus ce soir-là, celui de la réception à l'improviste, dans toute la simplicité d'une cuisine préparée avec finesse mais sans mondanité.
Notre ami Bruno nous apporte une bouteille pour agrémenter ce menu qu'il ne connaît pas et nous mêmes ne connaissons pas la bouteille qu'il apporte. On dira que l'on tente le tout pour le tout en plaçant sa bouteille à l'apéritif.
Le menu est le suivant :
Foie gras au pruneau et graines de fenouil
Rouleau de jambon au roquefort
Ris d'agneau confit
Parmentier de canette confite
Fromages : emmental suisse, un comté, une fourme d'Ambert, chaource
Flan de caramel praliné
Nous avons donc dégusté le Viré-Clessé sur les mises en bouche et à dire vrai l'accord a semblé naturel. Le vin est puissant, très mûr et aromatique et a dominé les saveurs variées des bouchées, sans les ternir ou les modifier d'aucune sorte.
Nous avons ouvert le Riesling avant que je n'apporte les ris d'agneau.
Aussi a t-il été apprécié également sur les mises en bouche, avec sans doute une appréciation des mets moins confortable, mais la revanche du vin a été celle de son expression sur les ris.
Sur le parmentier, c'est le vin rouge qui sera commenté dans le billet suivant.
Les fromages, très variés, ont pu permettre que soient appréciés tous les vins du repas, y compris le Bergerac qui attendait sagement le dessert.
La crème a été réalisée à partir d'un caramel beurre salé, dans lequel des noisettes torréfiées et ensuite réduites en poudre ont été incorporées. Peu de fantaisie, mais les arômes développées par la cuisson et ensuite le refroidissement ont été en belle adéquation avec le Bergerac, dont le rôti des fruits et les goûts divers d'amandes et de fruits secs ont été de beaux ajustements.
Viré-Clessé : Domaine René Michel : Vieilles Vignes « Sur le Chêne » 2003
La robe est dorée, le nez est ouvert et net, avec des arômes de marron glacé, de fruits très mûrs (pêches et poires) de noisettes, d’épices variées, et une pointe d’eau de vie blanche. La bouche est grasse, puissante, très charnue, ample, avec des fruits très mûrs. La finale est longue, opulente, assez lascive, avec des saveurs de fruits blancs et jaunes à l’eau de vie, très épicée, avec une touche de caramel. Un vin qui n’est pas à mon goût.
Mosel Saar Ruwwer : Reichsgraf von Kesselstatt Bernkasteler Doctor Riesling Auslese 1992
La robe offre une teinte dorée soutenue à légèrement ambrée. Le bouquet intense et séduisant, évoque le naphte sans excès, la mirabelle, l’orange, le safran, le gingembre, le miel fin, avec des notes de truffes blanches. L’attaque est haute, le vin se développe, très charnu presque gras, puissant, mais contrebalancé par une acidité gustative mûre, parfaitement ajustée à la richesse du vin dans un centre savoureux. La longue finale, est dense, appuyée, très harmonieuse, très persistante, complexe grâce aux délicieuses saveurs décelées à l’olfaction et saline en ultime sensation. Noté 17,5, même note plaisir. Aucun symptôme d’oxydation, mais le vin ne se goûte pas sec.
Monbazillac : Tirecul la Gravière : Cuvée Madame 1997
La robe est légèrement ambrée, le bouquet intense et séduisant évoque l’abricot, la mangue, les épices orientales (safran et léger curry), le miel fin, avec des notes de dattes et de morilles séchées. La bouche est puissante, la liqueur est dense, pure et onctueuse, ample et volumineuse dans un milieu de bouche souligné par de délicieux et intenses fruits rôtis. La finale est longue, soutenue par une liqueur serrée, d’un délicat et voluptueux velouté de texture, très pure, complexe, harmonieuse grâce une fine acidité sous-jacente qui équilibre magistralement le vin. Noté 18, même note plaisir