Voici le texte intégral, et la vidéo, de mon intervention « Les réseaux au service de la multitude » dans le cadre de la conférence X-Mines-Consult (XMC) : la révolution digitale, du mercredi 26 novembre 2014 à l’école des Mines ParisTech.
Conférence animée par un sextette d’iconomistes
- introduction de Michel Paillet Président XMC / X-Mines Consult et Michel Volle Président de l’Institut de l’iconomie
- Jean-Pierre Corniou : De la main d’œuvre au cerveau d’œuvre.
- Michel Volle : L’informatisation transforme la fonction de coût.
- Dominique Cuppens : Définition des produits et structure du marché.
- Jean-Philippe Déranlot : Les réseaux au service de la multitude.
- Francis Jacq : Conséquences anthropologiques de l’informatisation.
- Vincent Lorphelin : Enjeux stratégiques.
La vidéo ci-dessous est callée sur l'extrait de mon intervention. Le menu « Playlist » dans le coin supérieur gauche de la vidéo permet de sélectionner la séquence (i.e. intervenant) que vous souhaitez voir.
la Mobilité
Avec les « terminaux mobiles » et la généralisation des applications « cloud », l’accès à aux ressource informatiques et à l’information est ubiquitaire.
On peut tout faire avec la mobilité. Certains pays qui étaient dans une situation moyenâgeuse au siècle dernier – où les infrastructures filaires étaient la seule technique de transport – ce sont appropriés les techniques sans fil pour rattraper leur handicap en un temps record. La disparition des barrières techniques font que ces pays sont plus consommateurs que nous du mobile-learning et des MOOC.
Le développement des nouveaux usages a un potentiel d’innovations qui est un puit sans fond, notamment avec les objets connectés. Le « any where, any time, any device » n’est pas un effet de mode !
Les réseaux sociaux, lieux de rencontre et de collaboration
Je ne vous ferai pas croire que les réseaux sociaux sont nés avec Internet. La socialisation remonte à la nuit des temps, à commencer par la famille, la vie village et les communautés cultuelles, à suivre pas les communautés professionnelles (les compagnons du tour de France), les professions règlementées, les associations et syndicats métiers… Voire les associations philosophiques et philanthropiques (franc maçons)
Certaines de ces communautés ont fait – et font encore – l’objet d’enjeux sociétaux très importants
Avec la 1ère révolution industrielle – qui marque les débuts des moyens de transport de masse – les « réseaux sociaux » ont commencé à changer d’envergure.
- 1ère révolution industrielle : le train au 19e siècle (la vapeur),
- 2ème révolution industrielle : la démocratisation de la voiture au 20e siècle (moteur à explosion) et l’avion,
- 3ème révolution industrielle du 21e siècle, Internet et les « réseaux sociaux 2.0 » : notre belle planète est devenu un grand village, et l’immédiateté une référence (le temps réel cher aux informaticiens)
Les blogs et les réseaux sociaux sont les agoras du 21e siècle
- Facebook (grand public, B2C)
- LinkedIn, Viadeo (business, B2B)
- Twitter (microbloging) : le réseau social privilégié des leaders d’opinion (presse et Politique élus)
- YouTube : pour le meilleur (cours du collège de France) au pire (événement du moyen orient auxquels je ne souhaite pas faire de publicité). Sans oublier La chaîne de l’économie Xerfi Canal, dont les iconomistes sont d’importants contributeurs
- Scoop.it : réseau social de curation de contenu (made in France par 2 ingénieurs Marc Rougier (INT) et Guillaume Decugis (Polytechnique)),
Gardez à l’esprit que – sans Facebook et Twitter – le printemps arabe n’eut pas existé ou ce serait déroulé de façon totalement différente : le citoyen 2.0 n’est pas virtuel !
L’animation des réseaux sociaux
Force est de constaté aussi que le 4e pouvoir n’est plus, preuve en est : il n’y a pas un média (papier, presse en ligne, radio ou TV) qui ne fasse pas référence à des informations ou des événements issus des réseaux sociaux.
Ne me faites pas dire que les médias, à commencer par le 20H00, n’ont plus d’influence… mais ils sont de + en + influencés (et utilisateurs) du « web 2.0 »
Une majorité de consommateurs (b2c ou b2b) font entre 60 et 100% de leur parcours d’achat seuls sur Internet (cf. pouvoir hégémonique de Google). Les avis et opinions que ces consommateurs lisent sur les réseaux sociaux ont une influence majeure sur leur choix.
Recrutement : les entreprises – notamment pour le recrutement des cadres – vont systématiquement « googler » les candidats à l’embauche ; et LinkedIn est leur principale source d’informations pour apprécier les candidats et – notamment – détecter les leaders d’opinion.
Les entreprises – en France et toutes tailles confondues – sont essentiellement présentes sur les réseaux sociaux professionnels via leurs salariés.
Leurs managements (CODIR) y sont peu ou pas présents. J’en veux pour preuve 2 exemples concrets
- Le site du MEDEF, qui à l’inverse de leurs petits camarades de la CGPME – n’utilise pas sur leur portail les fonctions push des réseaux sociaux …
- 2ème exemple : Il y avait 7 intervenants là a conférence plénière des 13e rencontres de l’ingénierie du 23 octobre dernier (organisées par Syntec Ingénierie) ; sur les 7 intervenants il n’y en a que 2 présents sur LinkedIn : un français avec un profil minimaliste (4 relations) et l’américain (692 followers, dans la moyenne)
Consistance économique des plates-formes de réseaux sociaux
L’enseignement et la formation n’échappent pas à la révolution numérique.
Dans mon métier – de community manager – le partage de connaissances, d’expériences et d’expertises permet à notre communauté de faire des progrès à une vitesse surprenante (pas toujours facile à suivre)
L’enseignement scolaire avec la généralisation en cours des tablettes, oblige à revoir les référentiels pédagogiques de Jules Ferry : là aussi la 3e révolution industrielle laissera sur le carreau ceux qui ne veulent pas suivre ; et ce sera un succès pour les enseignants innovateurs. Autrement dit : disparition des enseignants « silos de connaissances » et développement des enseignants-coach (cf. syndrome wikipedia… l’outil de référence du partage de connaissances)
Révolution de la formation professionnelle aussi. Avec la réforme qui rentrera en application à partir de 2015 – demain – les salariés n’attendront plus que ce soit les employeurs qui leur proposent des plans de formation. Ceux qui se prendront en main pour évoluer ou changer de métier seront les gagnants de cette révolution iconomique.
Les MOOC, la Kahn académie, la Coorp-academy (Jean-Marc Tassetto, ex patron SFR et Google) ne sont pas une vue de l’esprit ou qu’un concept : ces outils sont opérationnels.
On se forme quand on veut, où on veut (mobile learning), comme on veut : en individuel et/ou en collaboratif… surtout en collaboratif : on passe de l’intelligence individuelle à l’intelligence collective.
Le cas de la société Expliseat illustre bien comment de déroule cette évolution
Expliseat, Siège Paris 6e boulevard Raspail, Dont le Président est Benjamin Saada, ingénieur Mines ParisTech
En mars 2014, cette startup française fondée par trois jeunes de moins de 30 ans, révolutionne le marché aéronautique, avec un fauteuil de 4 kilogrammes, deux fois moins lourd que le plus léger des sièges aujourd’hui sur le marché. Le gain en poids équivaut à 3 à 5% d’économie en carburant. Le nouveau Titanium Seat obtient la certification EASA du premier coup !
Ce produit a été développé en un temps record grâce à un design et un procédé de fabrication très innovants. Expliseat a utilisé Virtual Seat Solution d’ESI (Engineering Systems International) : entreprise française créée en 1973, éditeur de logiciels de mécanique appliquée, implantations mondiales par croissance externe, pionnier et principal acteur mondial du Prototypage Virtuel (et l’utilisation de calculateurs parallèles). +1000 salariés
Fini l’époque de la valeur ajoutée par la rétention d’information, vive l’intelligence collective !
Conclusion
Soyons conscients que Google a tué le Quid (la dernière édition 2007 est collector), comme l’appareil photo numérique a tué Kodak.
Les beaux jours du « who‘s who » font partie du passé. Même si les administrateurs des entreprises du CAC40 sont encore protégés … Les leaders d’opinions business sont désormais sur LinkedIn, avec Jacques Attali et ses 129 725 abonnés « Influencer » en tête d’affiche.