Premières offensives hivernales, paysage urbain métamorphosé, comme d'habitude, les autorités communales n'ont pas anticipé, résultat: la pagaille...Im Westen nichts Neues!
Heureusement il y a le métro, direction l'Archiduc et un de ses fameux free concerts du samedi après-midi dans le cadre du Jazz après shopping.
L'affiche disait Yves Peeters invites...
Yves Peeters avait envoyé ses cartons à Hans Van Oost - guitar, Ewout Pierreux - piano et Anneleen Boehme - double bass.
Las, Anneleen déclare forfait, le batteur sort son petit calepin à la page contrebasse et parvient à convaincre Jean Van Lint.
Dans le beau club art-déco, ce n'est donc pas le Yves Peeters
Group que les touristes et amateurs de Jazz verront en entendront, mais bien une fine équipe entourant le jeune drummer de Gent.
Le répertoire sera également adapté aux circonstances, aucune plage de l'album 'All you see' et une seule composition du projet Yves Peeters Gumbo qui fait la tournée des théâtres et centres culturels en 2015. Au menu, pas mal de standards revisités et modelés façon fêtes de fin d'année.
Un mot à propos des protagonistes: Yves, on l'a vu au Brosella 2013, pour l'aventure Gumbo il sera entouré par François Vaiana (vocals) | Nicolas Kummert (sax, backing vocals) | Dree Peremans (trombone) | Thomas De Prins (piano, wurlitzer) et Nicolas Thys (bass).
Le guitariste Hans Van Oost a accompagné les plus grands noms de la scène nationale, de Bart Defoort à Jean-Louis Rassinfosse, en passant par Rony Verbiest ou Bob Mover.
Ewout Pierreux fait partie du band de Tutu Puoane, s'amuse avec le Tuesday Night Orchestra et a, lui aussi, accompagné la crème jazz uit Belgenland.
Le remplaçant: Jean Van Lint, Monsieur Swing Dealers, s'amusant également avec Buster and the Swing, la contrebasse la plus sophistiquée du royaume. Paraît qu'il a atteint le demi-siècle, ne lui dites pas, il fait 15 ans de moins!
Le premier set démarre avec 'My Romance' une jazz ballad plus moelleuse qu'une truffe au champagne signée Wittamer.
Après une flânerie frivole au piano, Hans prend le relais, une tirade limpide aux saveurs Wes Montgomery, avant de céder le bâton à Jean Van Lint qui préfère demeurer sobre et élégant.
Comme toujours à l'Archiduc, la porte s'ouvre toutes les quinze secondes, tu assistes à un va-et-vient incessant de clients espérant trouver une table et ressortant aussitôt, le coin est archi-bourré, en étant incapables de fermer correctement le lourd huis, ce qui a le don d'importuner au plus haut degré la pauvre Madame Deurdicht qui, heureuse au début du concert, avait déniché un siège à l'entrée de l'établissement.
Les musiciens ont embrayé sur un thème composé par Hans Van Oost, 'Still' ( à entendre sur ' Turtle Music' du Koen Nys Quintet, featuring Hans et Yves).
Tandis que les artistes s'ébattent in a mellow tone, tu te félicites d'avoir opté pour un siège au comptoir, il te suffit de tendre un doigt et on te sert une Carlsberg avec le sourire.
Toujours en mode lounge music d'excellente facture, le classique 'I'll be seeing you'.
Même sans le crooning de Sinatra ou de Ray Charles, la romance touche les coeurs sensibles.
Yves a écrit ' The other side' pour 'The Big Easy', ce soir pas de vocals, pas de horns, mais une version fluide et veloutée.
Ta voisine, en souriant... sont bons, non?
You bet, lady, difficile de trouver mieux chez nous!
Le premier set prend fin avec l'agité ' Sandu' de Clifford Brown, les envolées du trompettiste étant remplacées par de brillants soli de piano ou de guitare s'appuyant sur une rythmique blindée.
Seconde mi-temps à 18:45'.
Un engagement mouvementé faisant un démenti au titre ' I hear a rhapsody', à l'instar de la version concoctée par John Coltrane, les mousquetaires signent un arrangement nerveux du standard de George Fragos, Jack Baker et Dick Gasparre.
La ballade 'Yesterdays' , teintée de nuances latino, voit Antoine, je suis venu de Liège avec des copains, s'extasier devant le doigté et le raffinement des exécutants.
Le cool jazz proposé est effectivement d'un niveau supérieur, le choix des plages convient particulièrement à cette période festive dominée par le quelque peu naïf et désuet esprit de Noël.
1946, 'Nobody else but me', Broadway feel à l'Archiduc, avant l'immortel ' Prelude to a kiss' de Duke Ellington.
Un jour, un mec de 126 kilo a susurré à l'oreille du deejay.. I'm simply melting in bittersweet bliss to this song... du coup le mixeur a emboîté sur Miss Camping de Boris.
L'afternoon jazz prend fin en mode groovy avec le juteux 'Cantaloupe Island' du génial Herbie Hancock.
Ici également l'incroyable trompette est remplacée par de subtiles lignes de guitare ou par un piano inventif.
C'est le coeur vaillant et la tête pleine de blue notes que tu retournes affronter Bruxelles sous la neige.