Avoir une brioche au four et rien à se mettre sous la dent, en voilà un curieux paradoxe ! Et pourtant, une bouche de plus à nourrir n’a jamais écarté la famine, surtout à l’époque où le congé maternité relevait de l’utopie pure et dure. À quel sein (oui, j’ai bien écrit sein) se vouer lorsqu’on n’a plus ni le sou ni casse-croûte ? Incroyable mais vrai, des refuges spécialement dédiés aux femmes enceintes existaient déjà il y a plus d’un siècle, mis en place par Madame Béquet de Vienne, une femme de bien. Des Restos du coeur à la sauce 1900, somme toute, qui tentent «un effort minuscule pour supprimer de véritables tortures». «Le ventre vide, les yeux hagards» : on se croirait presque dans un refrain des Enfoirés.
«Dépassées du chacun pour soi», des âmes charitables se donnèrent pour mission de sauver la veuve et l’orphelin, collectant des fonds et organisant même des loteries afin de construire d’autres refuges. 11 bis, rue Miromesnil, bien avant que Sarkozy n’y installe ses bureaux. Alors que la période de fêtes se veut propice à la générosité de chacun, il est parfois bon de se souvenir des précurseurs de nos propres associations solidaires, aussi surprenants et méconnus soient-ils. Envie de fraise, de cornichon, ou simplement «d’un peu de pain et de chaleur», bien des jeunes mères ont pu rester «engrossées» grâce aux refuges-ouvroirs de Madame de Béquet de Vienne. Et ça, c’est toujours utile de le savoir, ne serait-ce que pour meubler une conversation le soir du réveillon avec un voisin de table ennuyeux.
Article réalisé à l’aide de Gallica, avec le document « Bulletin de l’Oeuvre de l’allaitement maternel et des refuges-ouvroirs pour les femmes enceintes ».
Pour lire le billet de Marine, c’est par ici.