Ce « bootleg » au format à l’italienne souple proposé par l’éditeur marseillais alternatif « Le Dernier Cri » est en fait chapeauté par l’auteur lui-même. Le tirage est limité à 2000 exemplaires et seuls les 500 premiers ont eu droit à une sérigraphie couleur inédite de Charles Burns.
À l’instar de l’ouvrage original, cette version alternative est à nouveau clairement influencée par l’œuvre d’Hergé et de William S. Burroughs. Il y a tout d’abord cette logique du cut-up qui est omniprésente dans la trilogie de Burns et qui est à la base de cette version pirate qui s’amuse à réutiliser les cases de l’album dans un nouvel ordre narratif. Ce nouveau découpage donne ainsi naissance à une nouvelle version, inédite du récit. Le lecteur retrouve certes les mêmes images récurrentes, qui renvoient au traumatisme du personnage central, mais le fait d’agencer le même matériel dans un ordre différent, permet d’offrir une interprétation différente de l’ensemble, voire un nouvel éclairage.
De plus, Burns a remplacé tous les dialogues des cases par un alphabet inconnu afin de reproduire l’expérience qu’il a vécu étant jeune, en lisant des albums de Tintin en Français, dont il ne comprenait pas les textes. Cette approche permet également au lecteur d’être absorbé par l’univers mis en place, sans pour autant parvenir à comprendre les dialogues.
Visuellement, les dessins sont cette fois-ci entièrement en noir et blanc et non en couleur, mais ça ne les rend pas moins impressionnants… au contraire.
Bref, un « Johnny 23 » qui ne s’adresse qu’aux fans de Burns… et j’en fais partie !