Sauver les phénomènes
Photos des suisses Jojakim Cortis et Adrian Sondereg - site
Tout est faux, tout est en trompe l'œil. Micromonde mis en scène, maquette d'enfant ou d'architecte. Rien ne tient que par le langage qu'on y fourre, les élucubrations qu'on élabore en un savoir-faire narratif à toute épreuve. Sinon, comment comprendre que les religions perdurent, que les états subsistent, que le langage même pense le mot pour la chose. Histoires tissées, entremêlées, tour à tour déconstruites et reconstruites en récits cohérents, confinés dans un sens, une signification sensée.
Quand l'art nous montre que tout est faux, c'est encore par l'artifice de la fausseté. Regardez, cette empreinte de pas. Sortez du cadre et voyez le subterfuge. Sur cette histoire qui défaille, vous en collez une autre encore plus improbable mais d'une telle cohérence que le réel ne peut que s'y confiner, s'y déployer dans tout l'espace de vos schémas de compréhension.
Vous êtes manipulés et ous savez que vous l'êtes. C'est suffisant pour vivre.