First Wave, tomes 1 et 2

Publié le 26 décembre 2014 par Criticomics @Criticomics
Ce sont les fêtes de fin d'année, et j'espère que vous passez des bons moments avec vos familles et vos amis. Pour moi c'est également les vacances et qui dit vacances dit temps libre. Durant ce temps libre, je lis des nouveaux comics mais il m'arrive également d'en lire des moins récents. C'est ainsi que je me suis replongé dans Batman, Doc Savage & The Spirit : First Wave ! Le titre a été écrit par Brian Azzarello, dessiné par Rags Morales et Phil Noto et fut édité en VO en 6 numéros entre mai 2010 et mars 2011 tandis qu'il a été publié en VF par Ankama en deux tomes en 2012 en y incluant les deux one-shot dont je vais parler plus bas. A noter tout de même que le deuxième one-shot est écrit par Jason Starr et dessiné par Phil Winslade.
D'abord, qu'est-ce que First Wave ? Eh bien il s'agit d'une ligne lancée par DC en 2010 comportant une mini-série principale (Batman, Doc Savage & The Spirit : First Wave), deux spin-off (The Spirit et Doc Savage tandis qu'une troisième sur Batman était prévue) ainsi que one-shot (Batman/Doc Savage Special et First Wave Special). Tous ces titres se déroulent dans un seul et même univers qui a pour but de réintroduire les héros pulps de chez DC où les super-pouvoirs sont (presque) absents. Cet univers où évolue les personnages est intemporel. Il est impossible de la dater tout comme c'est le cas dans la série TV Gotham. Les buildings, les voitures, la mode vestimentaire, tout semble rappeler les années 1940, 1950 mais en même temps, nous y avons l'inclusion d'éléments comme des CDs, des téléphones portables ou internet, propres au XXIème siècle. Concernant l'édition française, tout a été publié donc chez Ankama, la mini-série principale dont je vais parler ici a été publiée en deux tomes en y incluant les one-shot tandis que les deux spin-off ont été publié en trois tomes chacun. Je précise cela puisque je vais faire la review de la VF en prenant donc en compte les deux one-shot.
Le premier one-shot (Batman/Doc Savage Special) est ce que nous trouvons en ouvrant cet ouvrage est sert donc d'introduction au récit, ce qui nous permet d'entrer tranquillement dans ce nouvel univers en nous présentant deux des personnages principaux : Batman et Doc Savage. Si ce dernier ressemble à sa version actuelle qui n'a guère changé depuis ses débuts et que vous reconnaîtrait sans problème si vous connaissez le personnage (à part son cheveu sur la langue propre au film de 1975). Si vous ne connaissez pas le personnage, ce n'est pas grave puisqu'il est bien introduit et vous permet de vous habituez à lui facilement. Les plus grands changements ne viennent donc pas du personnage qui aurait comme on peut le croire le plus besoin d'être réintroduit mais bien du personnage all-star du titre : Batman ! Oubliez donc la version que nous connaissons tous où Batman est un chevalier de la nuit qui ne souhaite pas tuer et qui s'est promis de ne jamais utiliser d'armes à feu. Ici, Batman est un justicier encore débutant à Gotham-City, n'hésitant pas à tuer et se servant de deux pistolets pour faire régner la justice ce qui conduit le lieutenant Gordon à ne guère l'apprécier. Comme certains le savent déjà, il s'agit bien là de la version de Bob Kane et Bill Finger datant de 1939 et on peut même s'étonner de ne pas voir Batman porter ses gants violets ! Pour finir sur le personnage de Batman, sachez que c'est ici que le personnage fait son apparition la plus importante puisqu'il n'apparaît plus énormément durant le reste du titre, servant sans doute à faire vendre le titre avant tout.
Nous enchaînons donc avec l'histoire principale qui va permettre de présenter toute une nouvelle série de héros de pulps plus ou moins connus à travers des aventures dignes de sérials cinématographiques des années 1930 ! Le plus important reste bien évidemment le Spirit de Will Eisner, présenté ici d'une version plus réaliste que celle de Darwyn Cooke. Azzarello s'amuse donc à réinventer les personnages secondaires du héros en faisant de l'inspecteur Dolan un flic corrompu et transformant le jeune chauffeur de taxi Ebony White en une jeune fille sexy restant toujours chauffeuse de taxi, cela sans doute pour éviter des critiques de racisme au vu du personnage original. Du côté des autres héros, nous retrouvons une réinvention des Blackhawks qui deviennent des mercenaires ou du personnage de Black Canary qui est ici une adolescente fan de Doc Savage ce qui la conduit à devenir une héroïne. Bref, vous l'aurez compris Azzarello prend un malin plaisir à réintroduire un par un ces personnages pulps en les transformant à sa manière pour qu'ils puissent mieux évoluer dans ce nouvel univers.
L'histoire en elle-même est originale et intrigante, même si un peu trop longue à mon goût. Azzarello introduit petit à petit une menace latente face à laquelle tous les héros vont d'abord faire face seul avant de devoir "s'unir" entre eux un peu par hasard. Cette menace, c'est une organisation criminelle possédant des filiales partout dans le monde (jungle d'Amérique du Sud, grande métropoles Américaines) et qui semble être liée aux différents personnages pour plusieurs raisons différentes propres aux héros. L'auteur réussit sans problème à introduire la menace mais c'est également là la plus grosse faiblesse du titre puisqu'il y passe peut-être trop de temps. Mais c'est un mal pour un bien puisque cette lenteur nous permet de nous familiariser avec nos héros et permet ainsi de développer leur background ce qui n'est pas trop mal. Côté dessin, les illustrations du premier one-shot sont de Noto, celles de la mini-séries sont de Rages Morales et enfin celles du deuxième one-shot de Phil Winslade. Concernant Noto, c'est tout simplement l'un de mes dessinateurs actuels préféré. Son trait parfois gras parfois fin mélangeant réalisme et cartoon convient parfaitement à ce titre qui se situe à la frontière entre le réalisme et l'irréel. Avec Morales on passe directement à la première de ces deux options puisque nous avons ici droit à quelque chose de réaliste et urbain qui convient parfaitement à l'environnement de héros "sombres" tandis qu'il surprend plus pour les décors exotiques. Quand à Winslade que je ne connaissais pas avant de lire ce one-shot, son trait convient parfaitement au titre puisqu'il semble être une version modernisé des dessins du Golden Age.
First Wave est donc une excellente lecture qui est certes loin d'être le meilleur travail de ces auteurs mais qui a le mérite de proposer quelque chose d'original et d'exotique permettant ainsi de rendre un vibrant hommage aux romans pulps, comics du Golden Age et serials cinématographiques fleurissants dans les années 1930-1940. C'est une lecture qui se suffit à elle-même et qui n'appelle pas forcément la lecture des deux spin-off après coup.