Cette prouesse scientifique marque une étape dans le traitement de l’infertilité. Car il s’agit d’obtenir, à partir de cellules de la peau d’un homme stérile, des cellules de sperme et d’une femme stérile, des ovules viables. C’est ce qu’ont réalisé partiellement ces chercheurs qui créent des cellules de sperme et des cellules précurseurs d’œufs humains, à partir de cellules souches embryonnaires et pluripotentes induites humaines. Ces conclusions présentées dans les revues Nature et Cell représentent un pas important vers un traitement de l’infertilité mais soulèvent de nombreux défis techniques et éthiques.
L’expérience consiste à transposer chez l’Homme une procédure d’abord développée chez la souris : A partir de cellules souches pluripotentes induites (iPS) capables de se différencier en n’importe quel type de cellules, créer du sperme ou des ovules qui par fécondation in vitro seront capables d’induire des naissances vivantes.
Les auteurs rappellent qu’en 2012, une équipe de l’Université de Kyoto était parvenue à transformer des cellules souches de souris en cellules germinales capables de se différencier en ovocytes et en spermatozoïdes, capables après fécondation de donner des embryons. Ces données avaient été publiées dans la revue Science. Il faut préciser que si ces cellules ne pouvaient pas dépasser l’étape de cellules précurseurs, placées dans les testicules de souris, elles pouvaient se différencier en sperme et transplantées dans les ovaires, en œufs fonctionnels. Le sperme et les œufs étaient alors utilisables pour la fécondation in vitro.Chez l’Homme, de tels efforts se sont jusque-là heurtés à un taux de transformation des cellules souches en gamètes trop modeste pour avoir un intérêt en pratique clinique. Cette nouvelle recherche, présentée dans Cell, menée par une équipe de l’Université de Cambridge et de l’Institut Weizmann des Sciences (Rehovot, Israël) est parvenue à réaliser la première étape, in vitro,de ce processus, chez les humains. L’idée de base repose sur l’utilisation de cellules souches » naïves » ou capables de suivre une voie de différenciation totalement pilotable par les chercheurs. Ici, en partant de cellules souches embryonnaires et de cellules iPS, à la fois d’hommes et de femmes, les chercheurs sont parvenus à fabriquer des cellules précurseurs de gamètes avec des taux de 25 à 40% d’efficacité.
Le résultat est là, cependant le processus doit encore être mieux compris. En particulier, le rôle clé chez l’homme, d’une protéine nommée Sox17 (équivalente à Sox2 pour la souris). A l’issue de cette première étape, le temps est à la réflexion, commente Nature. Chez les souris, l’étape suivante était de transplanter ces cellules dans les testicules ou les ovaires, cependant, chez l’Homme il faudra encore attendre un peu…et passer par des essais chez les primates non humains.
Permettre à 2 hommes d’avoir un enfant biologique ensemble ? Au-delà, le processus pourrait théoriquement permettre d’obtenir des ovocytes à partir de cellules d’un homme, qui fertilisés par le sperme d’un autre homme pourraient donner un embryon qui pourrait se développer chez une mère porteuse (GPA) et donc permettre à 2 hommes d’avoir un enfant biologique ensemble… Et le même scénario pourrait être imaginé pour 2 femmes, avec un obstacle cependant, seuls les hommes ont le chromosome Y, essentiel pour la production de spermatozoïdes…
Source:
Nature 24 December 2014 doi:10.1038/nature.2014.16636 Rudimentary egg and sperm cells made from stem cells (Visuel@ Southern Illinois University / Science Photo Library)
Cell 24 December 2014 DOI: doi.org/10.1016/j.cell.2014.12.013 SOX17 Is a Critical Specifier of Human Primordial Germ Cell Fate
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