Lèvres qui ressemblez aux livres entrouverts
Livres qui ressemblez aux lèvres refermées
Lèvres, livres d’aimer où la louve s’entend
Lèvres livrées aux vents de la douceur du temps
Lèvres en un rire ourlées qui s’en vont se cherchant
Lèvres, frémir de sang sans un mot prononcé
déchirées au réveil, et qui s’en vont criant
l’inaudible secret des flammes renversées.
Lèvres à tout jamais fermées sur le miroir
Lèvres du Canal Grande et Fenice d’un soir
Effacées, oubliées sans entendre ni voir
un loup sur le visage, un masque s’approcher
Lèvres cousues au fil de quatre chevaux blancs
Lèvres pulpes de vin et moirures du vent
Lèvres scellées un doigt sur le soleil levant
Tremblantes lèvres nues des folles chevauchées…
Pierre Seghers