En avril prochain, chez Almora, sortira en poche un livre d'introduction au dzogchen. Traduit de l'anglais par Nathalie Koralnik, il présente les bases essentielles du dzogchen, ainsi que son histoire et quelques unes de ses pratiques.
Le dzogchen est une approche directe et immédiate de la nature de l'esprit, au-delà de toutes confessions et de tout dogme. C'est un enseignement extrêmement profond et en même temps adapté à notre époque moderne.
D'autres livres sur le dzogchen seront également publiés chez Almora en 2015.
jlr
Son titre sera Dzogchen : voie de réalisation directe.
En voici un extrait en avant première:
LE DZOGCHEN: LA VOIE DE L’AUTO-LIBÉRATION
Le Dzogpa Chenpo est la voie de l’absorption lumineuse,
l’essence du sens ultime et définitif,
Le pinacle des enseignements des soutras et des tantras:
C’est la signification des instructions sur l’approche directe
De la nature ultime, l’essence-de-Bouddha telle qu’elle est.[i] »
L’enseignement du dzogchen n’est pas une voie de renoncement ou de transformation; c’est plutôt la voie de l’auto-libération. Qu’est-ce que cela signifie? L’objectif principal des enseignements dzogchen n’est pas de supprimer ou de transformer les émotions mais d’être à même de se trouver directement dans la « condition réelle » ou « état primordial ». Dans le dzogchen, il n’y a pas de règles spécifiques à suivre comme dans la tradition des soutras, ni d’engagements ou de promesses spécifiques à garder comme dans la tradition tantrique. La seule ligne directrice à suivre est sa propre conscience éveillée. En ce sens, l’individu lui-même a une grande responsabilité.
« Le dzogchen n’a pas de règles. Il n’y a pas de loi - sauf la conscience éveillée (...) Il n’existe qu’un seul vœu: l’intention de vivre dans mon propre état, dans ma propre conscience primordiale.[ii] »
Puisque le but principal dans le dzogchen est de comprendre et d’entrer directement dans cet état de connaissance, peu importe alors que les choses extérieures apparaissent pures ou impures, belles ou laides. Le point essentiel n’est pas que quelque chose soit beau ou laid - ce qui importe est notre réponse, parce que ce n’est qu’à travers notre jugement des choses et nos émotions subséquentes d’attachement ou d’aversion que nous tombons dans la condition dualiste. Le grand yogi indien Tilopa a enseigné à son disciple Naropa que « le problème n’est pas la vision pure ou impure, mais notre propre attachement[iii]. » Si l’on comprend vraiment cela, il est possible alors de « libérer » n’importe quelle émotion.
Le tantra recourt à des antidotes pour combattre nos passions principales, à savoir l’ignorance, le désir-attachement et la colère en les transformant en leurs aspects paisibles, joyeux et courroucés, mais dans le dzogchen on n’a pas besoin de changer quoi que ce soit. Cependant, comment pouvons-nous faire l’expérience du plaisir, par exemple, sans avoir de l’attachement? En étant dans l’état de « présence immédiate », avec conscience, et en auto-libérant l’attachement plutôt qu’en s’y laissant prendre ou en suivant les sensations ou les pensées qu’il évoque. C’est la raison pour laquelle le dzogchen est appelé « la voie de l’auto-libération. »
« Il existe une condition naturelle, apparaissant spontanément, l’essence véritable et ultime de l’esprit; si nous la laissons dans son état de pure présence immédiate, sans chercher à la modifier d’aucune façon, alors sa sagesse spontanée et primordiale se manifestera dans sa nudité.[iv] »
[i] Longchen Rabjam, cité dans Tulku Thondup Rinpoché, Buddha Mind, Shambhala, p. IX
[ii] Chögyal Namkhai Norbu, Pomaia, Italie, janvier 1979, transcription traduite par Barry Simmons, Snow Lion Publications, 1989, p. 96
[iii] Chögyal Namkhai Norbu, Pomaia, Italie, janvier 1979, transcription traduite par Barry Simmons, Snow Lion Publications, 1989, p. 96
[iv] Chögyal Namkhai Norbu, From the Depth of my Heart to my Mother, Shang Shung Edizioni, Italie, 1995, p. 15
Traduction Nathalie Koralnik, pour Almora.