Après avoir livré une réflexion intelligente sur l’enfance volée des sportifs professionnels, Jérémie Moreau continue d’utiliser les travers du sport business et des médias pour inviter le lecteur à réfléchir sur la société et sur les rapports humains. À l’image du titre de ce second volume, Max ne cherche en effet plus à imposer son jeu à l’adversaire, mais à rechercher le plaisir de l’échange. Au passage, l’auteur livre une véritable déclaration d’amour au tennis d’antan, évoquant cette période où la beauté du sport n’avait pas encore été remplacée par le big business. Dès les premières caresses de balle d’El Gantès, l’amateur de tennis se laisse volontiers emporter par cette ode nostalgique à cette époque moins commerciale où le plaisir du jeu et la beauté du geste étaient plus souvent recherchés.
« Le tennis est un art. C’est un art de l’échange. »
Je dois avouer que Jérémie Moreau est parvenu à me prendre à contrepied sur cet album. Je me satisfaisais en effet de cet excellent premier tome aux allures de one-shot et redoutait un peu que la qualité ne soit plus au rendez-vous de cette suite. L’auteur est cependant parvenu à encore hisser son niveau de jeu en proposant un personnage central beaucoup plus humain. Lui qui devait jusque-là laisser ses émotions au vestiaire, s’ouvre ici aux autres et découvre toute la richesse de l’échange et des relations humaines. Poussé à l’individualisme dès le plus jeune âge, le tennisman découvre un nouvel univers, complexe et riche en émotions.
Ce passage à l’âge adulte est à nouveau admirablement servi par le trait dynamique de l’auteur, qui opte pour un dessin en noir et blanc qui accompagne avec grande efficacité le jeu puissant et rapide de son héros. Le choix des cadrages et le découpage éclair insufflent également un rythme haletant à cette première réalisation en solo qui se lit à grande vitesse et avec grand plaisir.
Un coup de cœur !
Ils en parlent également : Oliv’