Cette semaine, j’ai utilisé les dernières gouttes d’un parfum d’ambiance disparu, une senteur que je n’employais plus qu’à cette période particulière de l’année et avec grande parcimonie. Ce parfum qui m’évoque Noël comme aucun autre, c’est « Thoroughbred » de Ralph Lauren.
Je l’avais acheté à New York, dans la sublime boutique de Madison avenue. Un concentré de Nouvelle-Angleterre, enclavé au milieu de la frénésie urbaine, où l’on éprouve l’irrépressible envie de s’installer au coin d’une cheminée avec un verre d’eggnog, bercé par les effluves de cuir noble et la douceur des fines étoles de cachemire.
Thouroughbred est pour moi la parfaite illustration olfactive de Noël en version anglo-saxonne. Il n’y avait pourtant rien de révolutionnaire dans cette formule aux notes d’épices et d’écorce d’orange, mais à l’instar de « Pour un Homme » de Caron, sa réussite tenait dans le parfait équilibre des proportions, dans le choix de l’orange amère plutôt que celui de l’orange simple, dans la finesse des épices et de la cannelle… à l’époque où la loi autorisait encore son usage.On s’enveloppait dans Thoroughbred comme dans un plaid, on s’asseyait derrière la fenêtre qui s’ourlait de givre et on regardait tomber la neige sur les arbres – même si l’on était à Paris, qu’il pleuvait et que dehors il n’y avait qu’une enfilade d’immeubles Haussmanniens !
Quand le réveillon sera passé et que les dernières notes de Thoroughbred seront évaporées, je rejoindrai la cohorte des inconsolables qui regretteront toujours un parfum disparu. Pour tout vous avouer, je n’aurais pas soupçonné qu’un parfum d’ambiance puisse me manquer autant.
Ces molécules et leur caractère fugace me font penser que si les parfums sont éphémères, ceux que nous aimons le sont aussi. Si vous passez Noël en famille, avec vos parents, vos frères et vos sœurs, ne manquez pas de leur dire combien ils comptent pour vous et combien leur présence vous est chère.
Chers amoureux du parfum, je vous souhaite un très fragrant Noël.
Hervé Mathieu