Ce groupe du Laocoon a été une des plus belles redécouvertes artistiques du XVIe siècle à un moment où les princes se battaient aussi sur le terrain de l'art pour faire montre de leur pouvoir. C'est finalement le pape Jules II qui mit la main dessus sous les conseils avisés d'un grand peintre. Cette sculpture tout en mouvement en a inspiré plus d'un et est sans conteste un des plus beaux chefs d'oeuvres de l'Antiquité.
Quand Poséidon étouffe ses ennemis
Pourquoi dans le top 3? Il a ému les princes et inspiré les plus grands
C'est finalement Jules II, le pape qui acquit ce groupe statuaire. C'est d'autant plus symbolique qu'à l'époque, les papes étaient des princes comme les autres qui devaient imposer leur pouvoir et se battaient pour conserver leur territoire. A ce propos, Jules II fut nommé le pape guerrier. Parmi ses artistes favoris, on y trouvait un certain Michel Ange qui avait été missionné pour redécorer le plafond de la Sixtine. A cette époque, les artistes étaient férus de mythologie car l'Antiquité était remise au goût du jour. Il fallait s'inspirer des Anciens en espérant les dépasser un jour. Michel Ange faisait partie de ce courant de pensée et s'inspira de cette oeuvre du Laocoon pour peindre ses corps nus qui choqueront certains cardinaux. Si vous remarquez certains mouvements sur le plafond de cette chapelle, vous pouvez les confronter avec le Laocoon qui a même inspiré Le Greco par la suite.
Cette oeuvre est une référence directe à la mythologie mais plutôt la romaine que la grecque. C'est dans l'Enéide de Virgile qui est une suite à la guerre de Troie et donc à l'Iliade qu'on retrouve le personnage de Laocoon. Son histoire à lui se déroule pendant la gerre de Troie bien avant la fuite d'Enée vers Rome. Dans cette histoire recomposée par Virgile, Laocoon était un prêtre qui avait senti la supercherie d'Ulysse, c'est-à-dire le cadeau empoisonné du cheval de Troie. Il aurait tout fait pour empêcher le cheval de rentrer et résonner les Troyens. Cependant, c'est Poséidon, l'ennemi des Troyens et l'allié des Grecs qui lui envoya deux serpents pour l'étouffer. C'est cet épisode qui est raconté ici. Ainsi, les Grecs purent faire réussir le stratagème après un siège inutile de 10 ans.
Au niveau artistique, nous nous plaçons en plein dans la période hellénistique, celle qui veut renouer avec l'art grec classique mais qui va plus loin. Ici, les effets de mouvement sont saisissants tout comme le jeu sur les expressions. La douleur de Laocoon est tangible, tout comme celles de ses deux fils autour (la vengeance de Poséidon avait aussi décidé de les sacrifier). Il y a un véritable jeu sur les regards. On admire aussi les contorsions et les courbes taillées dans le marbre où on a vraiment l'impression que les personnages se débattent mais en vain. Les muscles sont ici tendus prouvant la recherche anatomique des sculpteurs. Au départ, le bras de Laocoon avait disparu et on en avait ajouté un étendu pour finalement retrouver l'original qui devait se placer derrière la tête. Il n'est plus besoin de preuves du bon goût artistique des papes. A ce jeu là, ils sont des princes commes les autres.