Au hasard du « ouèbe », cherchant à documenter une vidéo du groupe Al-Rahel al-kabir (الراحل الكبير : « Le grand disparu », c'est le nom du groupe), je suis tombé sur cette source qui disait parfatiement ce que je n'aurais pas forcément su exprimer moi-même aussi bien. Occasion de ne pas remettre indéfiniment un vague projet que j'avais en tête, celui de commencer une sorte de petite « blogothèque » – parfaitement subjective – des sites proches, intellectuellement parlant, de ce que propose Culture et politique arabes. Dans le cas présent, le titre de ce blog ouvert en 2009 suffit à mettre en évidence la proximité. Ahmed Amri a en effet choisi de rassembler les chroniques qu'il a commencé à écrire en 2009 sous le titre Tunisie : politique et culture.
C'est donc en cherchant des vidéos du groupe Al-rahel al-kabir que je suis tombé sur ce billet, qui présente très bien cet ensemble libanais récemment créé (2013). Un groupe qui « retravaille » la tradition musicale arabe en donnant un coup de jeune (plus qu'en révolutionnant à mon avis) la chanson engagée libanaise. Cette « réinterprétation », Ahmed Amri l'explicite fort bien pour ceux qui ne sont pas forcément familiers avec les arcanes de cette culture, en explicitant les sous-entendus des paroles d'une chanson qui a fait grand bruit récemment car elle tourne en ridicule (non sans courage, Beyrouth n'est pas si loin de la « ligne de front ») le dernier « calife » autoproclamé, le tristement célèbre al-Baghdadi. La vidéo, sous-titrée, par Ahmed Amri lui-même si j'ai bien compris, est disponible sur une page qui donne accès à plusieurs autres séquences sous-titrées qui sont autant d'entrées intéressantes dans la culture arabe. Découvrez-là si vous ne la connaissez pas, c'est encore plus drôle quand on a accès aux paroles !
Parmi les séquences précédemment mentionnées, on trouve notamment un petit extrait traduit – il faut dire que l'ensemble doit faire pas loin d'une heure – de l'incontournable Al-Atlâl (الأصلال : « Les ruines »), une chanson d'Oum Kalthoum, tellement présente dans l'imaginaire arabe que Nasser l'a citée lorsqu'il a dû annoncer aux Egyptiens (et aux Arabes) sa défaite, en juin 1967. Ahmed Amri en fait une présentation très centrée sur le « parolier », le poète Brahim Naji, en apportant une foule de détails qui m'étaient pour ma part totalement inconnus.
Moins classiques et totalement d'actualité, je recommande également deux billets écrits peu avant les élections présidentielles en Tunisie. Peu importe en définitive qu'on soit d'accord avec ce qu'il écrit à propos de Moncef « Tartour » Marzouki, son analyse du flirt islamiste de l'ancien président (temporaire), intitulée Quand Marzouki joue le dévot au Croissant, mérite d'être lu, ne serait-ce que parce qu'elle est aussi mesurée que savante, et qu'elle s'appuie notamment, ce qui me paraît essentiel et pourtant si rare, sur une analyse langagière, en l'occurrence l'emploi du mot tâghût (طاغوت) par le président-temporaire-candidat. Je vous laisse découvrir.
Moins développée mais tout aussi passionnante, son analyse du slogan électoral choisi par le même ex-président (Marzouki : arcanes d'un slogan électoral). Un thème auquel quelques-uns des billets de ces chroniques ont été consacrés, mais dans d'autres contextes. Là encore, l'analyse sémantique à laquelle se livre l'auteur est un régal ! Personnellement, j''aurais ajouté un dernier petit commentaire sur la signature du candidat, « Dr Moncef Marzouki », qui laisse présager une rude médecine pour la Tunisie ! Et pour ne pas me contenter de renvoyer au confrère, je signale cet entretien avec Mohammed Ziyed Hadfi, un « communiquant » tunisien professionnel, sur « les affiches électorales ou la quintessence du marketing politique » mis en ligne sur le site Nawaat.
En cette fin d'année, la période est aux cadeaux. Si vous souhaitez en faire, vous pouvez toujours envoyer des suggestions de sites (en utilisant la rubrique "commentaire" sur cette page, ou en me contactant par courriel), histoire de compléter notre « blogothèque » suggestive.
Bonne fin d'année... ou presque.