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Un livre sur le philosophe argentin Arturo Andrés Roig

Publié le 01 décembre 2014 par Slal

Paris, novembre 2014

Arturo Andrés Roig nous a quittés il y a deux ans (voir plus bas l'entretien réalisé en 2007 à Mendoza), mais son œuvre a marqué de façon profonde la philosophie latino-américaine. L'Harmattan vient de publier un ouvrage de Luis Gonzalo Ferreyra qui lui est consacré.

Cet ouvrage résulte du souhait, à partir de la mise en relation du discours philosophique avec le politique, de rendre compte des allers-retours de la pensée d'un des philosophes majeurs de l'Amérique latine. Cette problématique a mené l'auteur à parler de la radicalisation philosophico-politico-pédagogique de Arturo Roig, d'une part, et du curriculum occultum, d'une autre. La première souligne le tournant principal dans sa réflexion qui se concrétise autour de la philosophie de la libération des années 70, donnant ainsi naissance à sa période latino-américaniste. Le second concept veut mettre en valeur, malgré les tournants et ruptures opérés dans sa pensée contemporaine, sa fidélité à la période qui la précède, à savoir, à la philosophie classique et principalement au platonisme. Il faudra donner une grande importance, locus enuntiationis oblige, à son séjour parisien entre 1953-1954, auprès de Pierre Maxime Schuhl, Jean Wahl et Jean Hyppolite. L'auteur de ce livre met en scène un philosophe et son combat, au milieu des circonstances institutionnelles et politiques où se produit le discours philosophique. À partir de la confrontation du discours philosophique et universitaire de Roig avec son engagement émancipateur des années 70, il veut donner une nouvelle perspective à sa singularité philosophique : du penseur engagé et philo-marxiste, vers le méconnu ou oublié, spiritualiste, platoniste, pédagogue et « réformiste ».

Le grand enjeu de ce travail est de rompre ainsi avec le commentaire académique de son œuvre, qui prend parfois des airs canoniques.

L'AUTEUR

Luis Gonzalo Ferreyra, né à La Para (Argentine) en 1978, vit en France depuis 2004. Professeur de philosophie dans le second degré en Argentine, docteur en philosophie de l'université Paris-8, éducateur spécialisé (DEES), il est également chercheur associé au Laboratoire d'études et de recherches sur les logiques contemporaines de la philosophie de l'école doctorale Pratiques et théories du sens, de l'université Paris-8.
Table des matières
Chapitre I - Brève histoire de l'œuvre d'Arturo Andrés Roig
1.1 L'université de Roig : formation, atmosphère philosophique et influences
1.2 Les périodes de sa pensée et ses recherches
1.3 Roig et la Philosophie de la Libération
1.4. La pensée libératrice de Roig

Chapitre II - Université et engagement politique (1945-1975)
2.1 Roig et l'université de Cuyo pendant la période péroniste (1945-1955)
2.2 L'université de Cuyo pendant la période « desarrollista » (1955-1966)
2.3 L'université de Cuyo pendant « les années révolutionnaires » (1966-1973)
2.4 Du réformisme à la révolution (1945-1973)
2.5 L'université de Cuyo dans « l'étape participative et libératrice » (1973-1975)
2.6 De la « pédagogie de l'acte créateur » à la pédagogie de la libération
2.7. De l'université révolutionnaire à l'université participative : Darcy Ribeiro et Arturo Andrés Roig
2.8 L'importance de la « théorie de la dépendance » dans la Philosophie de la Libération

Chapitre III - Études classiques ou la force actuelle du platonisme de Roig dans ses écrits contemporains
3.1 Premier platonisme
3.2 Séjour parisien : P-M Schuhl, J. Wahl et J. Hyppolite
3.3 Le retour : « enrichissement des philosophes classiques »
3.4 Second platonisme : « Platon ou la philosophie comme liberté et expectative » (1972)


Paris, novembre 2012

Nous venons d'apprendre la mort du philosophe argentin Arturo Andrés Roig, le 30 avril 2012 dans sa ville de Mendoza.
Voici l'entretien réalisé en mai 2007 par Dominique Fournier chez lui à Mendoza.

Mendoza, mai 2007
Arturo Andrés Roig est né à Mendoza (Argentine) en 1922. Il est diplômé de philosophie de l'Université de Cuyo à Mendoza, dont il a détenu plus tard la chaire de philosophie. Son parcours l'a conduit à être aussi professeur à l'Université Nationale Autonome de Mexico et à l'Université Centrale de l'Équateur, ainsi qu'à l'Université Pontifice de Quito. Plusieurs autres universités latino-américaines ont choisi de le recevoir comme Docteur honoris causa, montrant ainsi le respect qu'elles portaient à un homme et une œuvre qui ont également mûri en partie en Europe, avant ou au cours de l'exil auquel il fut contraint aux heures sombres de l'Argentine. Il vit et travaille actuellement à Mendoza.
Il a publié plus de trente ouvrages, parmi lesquels il faut retenir : Teoría y Crítica del pensamiento latinoamericano (en 1981), Bolivarismo y filosofía latinoamericana (1984), Rostro y filosofía de América Latina (1993) et enfin, en 2002, Ética del poder y moralidad de la protesta.

Arturo Roig
envoyé par Dominique Fournier

Publié à l'origine au Mexique, en 1969, Los krausistas argentinos pose clairement le problème du rapport que pourrait entretenir la politique avec l'éthique en Amérique latine. Né en Europe vers le milieu du XIXe siècle, diffusé du côté du Rio de la Plata grâce à un certain nombre de penseurs français réfugiés à la suite des désordres politiques des années trente, puis cinquante, il a largement influencé la pensée philosophique et la réflexion éducative avant de marquer certains mouvements politiques. Le plus connu de ceux-ci est le radicalisme argentin (Unión Cívica Radical).
En Amérique, le krausisme, qui tient également à l'origine du mouvement spiritualiste et d'une forme de rationalisme romantique, s'est parfois opposé au positivisme, s'adaptant aux exigences d'une bourgeoisie moyenne éclairée, attirée tout à la fois par certains courants conservateurs et par le progressisme. Il a permis de créer une authentique philosophie de l'histoire en se fondant sur une pensée accordant une importance première au principe de communication entre les êtres, puis entre ceux-ci et l'ensemble de la société ou l'État. Distinguant le droit et la morale -le premier est la science qui décide des fins, la seconde constitue l'ensemble des conditions nécessaires pour parvenir à celles-ci -, le krausisme latinoaméricain définit et impose une éthique qui finit par déboucher sur la nécessité pour tous de participer à la chose publique.


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