Quelle ne fut donc pas la surprise des cinéphiles mercredi dernier, le jour de la sortie d’ « Au Revoir l’été », lorsque nous (je m’inclue dedans) avons découvert que les exploitants proposant le film à Paris semblaient s’être passé le mot pour écraser le potentiel du film à son strict minimum, et offrir aux spectateurs parisiens désirant le voir (un désir légitime étant donnée la réputation du film) le minimum syndical au niveau des possibilités de séances. Des cinq cinémas que j’ai cités plus haut programmant le film à Paris, un seul (!), oui un seul, lui a réservé des séances toute la journée. Le Saint-André-des-Arts, à Saint-Michel. Séances à 14h, 16h20 et 20h35.
Les quatre autres cinémas ? L’Arlequin, séances uniquement le samedi et le dimanche à 11h10. C’est tout. L’Escurial ? Jeudi à 11h25, Vendredi, Samedi et Lundi à 11h. Le Majestic Bastille ? Vendredi à 11h10, Samedi, Dimanche et Lundi à 11h. Le MK2 Beaubourg ? Tous les jours à 11h30 et 18h40. Bon, ce dernier offre un peu plus de possibilités, mais contrairement aux autres ce cinéma possède six salles.
Par quel malheureux hasard quasiment tous les cinémas projetant « Au revoir l’été » ont-ils choisi d’offrir si peu de séances aux spectateurs, dès la première semaine d’exploitation du film ? Celui qui se retrouve lésé dans l’affaire, en plus du film lui-même, bien sûr, et de son distributeur qui j’en suis sûr espérait de meilleurs horaires pour son film de la part de tels cinémas, c’est le spectateur. Vous et moi qui guettions la sortie du film ou nous sommes laissés tenter au hasard de la lecture d’une critique du film (toutes excellentes), et avons donc ouvert notre Pariscope ou consulter Allociné pour voir où et à quelle heure nous pourrions voir le film.
A l’Arlequin où j’ai vu le film le weekend dernier, alors donc que le film était une nouveauté de la semaine, RIEN ne signalait la présence du film dans ce cinéma. Aucun signe extérieur qui indiquerait au spectateur potentiel flânant devant le cinéma que ce beau film japonais récompensé en festivals et loué par la presse, « Au Revoir l’été », était visible dans cette salle. Pas d’affiche. Pas de mise en avant dans les vitrines où tous les autres films à l’affiche sont mis en avant. Rien. Ah si pardon. Sur l’une des feuilles épinglée dans l’une des vitrines du cinéma, dans un coin de page, cette mention « Films de matinée », suivi du titre des trois ou quatre films projetés uniquement le matin avec les horaires. Et parmi ces titres, très anonymement, apparaissait enfin « Au Revoir l’été », sans rien d’autre que ce titre et ses horaires. Prenez votre loupe pour remarquer cette mention.
Résultat, en ce dimanche matin, les gens étaient un peu perdus sur le trottoir de la rue de Rennes, ne voyant nulle mention du film qu’ils étaient venus voir. J’entendais autour de moi les gens s’interroger « C’est pas ici qu’ils passent « Au revoir l’été » ? », « « Pourquoi ce n’est pas indiqué qu’ils passent le film japonais ? Tu es sûr que c’est là ? », « Ah si tiens regarde, tout en bas de la feuille là, ils l’ont écrit. Mais c’est pas cette semaine qu’il est sorti le film ? On dirait pas… ».
La salle, au bout du compte, n’était (heureusement !) pas loin d’afficher complet (merci les critiques). Et le film nous a donc embarqués vers une petite ville japonaise de bord de mer, un jour de la fin d’été. Sakuko et sa tante Mikie viennent y passer quelques jours, la première pour réviser avant son entrée à la fac, la seconde pour finir son travail de traduction. Mikie a passé sa jeunesse ici, et elle va faire découvrir le coin à sa nièce. Le charme d’ « Au revoir l’été » opère rapidement, offrant le visage d’une douce chronique provinciale à l’heure où les citadins sont repartis et où le calme retombe, alors que les beaux jours persistent.
P.S. : le sort du film ne sera pas meilleur dans les salles parisiennes dans les jours qui viennent, puisqu’au MK2 Beaubourg les séances passent à 9h25 et 21h25 en deuxième semaine, et qu’à l’Escurial et au Majestic Bastille, le film ne passera plus respectivement qu’à 11h du matin lundi et mardi matin prochains. A l’Arlequin et au Saint-André-des-Arts, les séances restent sensiblement les mêmes. Dépêchez-vous !