Bien que n'étant pas "Alainiste", j'aime bien cette remarque du cher Alain, notre bon philosophe normand....(in sentiments, passions et signes, édition originale p. 145) :
Sans cesse, les violents forcent les autres sans s'en douter et même en criant de bonne foi...Ces accents, ces discours passionnés, ces plaidoyers plein de mouvements et de feu accablent les natures pacifiques et justes. Les braves gens n'ont jamais une conscience si assurée ; ils n'ont point ce feu intérieur qui éclaire les mauvaises preuves ; ils savent douter et examiner et quand ils décident à leur propre avantage cela les inquiète toujours un peu. Bien loin de demander avec fureur,ils sont assez contents si on leur laisse ce qu'ils ont ; ils accorderaient tout pour avoir la paix et ils n'ont point la paix. On sur sur leur vertu comme sur une corde. Le méchant leur dit « vous qui êtes bon, juste et généreux. Les braves gens voudraient bien être tout cela. Ils trouvent qu'ils n'y arrivent guère. L'éloge leur plait autant qu'à d'autres mais le blâme les touche au vif parce qu'ils sont trop portés à se blâmer eux-mêmes et à grossir leurs plus petites fautes...Ajoutons qu'ils sont indulgents, qu'ils comprennent les violents, qu'ils les plaignent, qu'ils leur pardonnent...