gestion de la communication des élus sur les réseaux sociaux : un cas d'école
Bien que l'information soit en elle-même quelque peu anecdotique, voilà qui va nous permettre de débattre très concrètement, et non de manière un peu trop généralisante, dans l'absolu, donc dans le vide, de la liberté d'expression. Le sujet est très à la mode depuis la polémique Zemmour, et il est à noter que ce sont surtout les gens d'extrême droite, donc les premiers qui la remettraient en cause, voir la supprimeraient s'ils arrivaient au pouvoir, qui s 'en prévalent, ce qui constitue à mon sens une incroyable inversion rhétorique et morale. Mais passons... Étudions plutôt ensemble un cas d'école bien précis. Il s'agit de celui de la manière dont la mère Maire de Paris gère son compte twitter. Lors de la campagne municipale, l'équipe qui se charge de sa communication sur les réseaux sociaux a décidé de bloquer un certain nombre de comptes, dont ceux de certains élus UMP, arguant du fait que ceux-ci franchiraient certaines lignes rouges, se montrant trop agressifs, désobligeants, ou véhiculant des informations erronées, voire des rumeurs, dans l'intention de lui nuire. Il y a trois jours (pourquoi si longtemps après ?), des militants UMP se sont émus de cette situation, et un collaborateur d'élu de droite ( Benjamin GIAMI, adjoint au Maire d'Aulnay Sous Bois a réagi ainsi sur twitter :
Outre que ce tweet ne fait qu'illustrer ce qui peut conduire un possesseur de compte sur un réseau social à vous bloquer, puis qu'il se trouve visiblement insulté, ce jeune collaborateur d'élu devrait s'aviser de ce qu'il n'y a guère d'intérêt à se placer ainsi dans une position victimaire, et de prendre position de cette façon tellement inélégante, sur un réseau social de micro-blogging, comme twitter, donc public. Il vient en effet de ternir par son comportement l'élu qu'il seconde, mais de cela probablement, il s'en fiche... En outre, ouvrir une telle polémique alors que le sujet est finalement très secondaire ne présente également que bien peu d 'intérêt, sur le plan stratégique... Mais c'est le propre des accros à twitter que de penser que c'est le centre d'un monde qui n'est pourtant que le leur, et qu'une majeure partie de la population ne fréquente pas sans en être pour autant particulièrement affecté. Il ne restait donc plus comme carte maitresse dans la manche de ces jeunes si propres sur eux que celle de la liberté d'expression, tarte à la crème de ceux qui n'ont plus d'argument : "C'est un vrai acte de censure, la marque profonde d'un sectarisme et le reflet d'un problème avec la contestation. Je suis républicain, j'ai un profond respect pour la fonction, je n'ai jamais été injurieux", se défend Jonas Bayard. S'occupant des relations presse au groupe UMP de Paris... Et voilà le travail... Sauf qu'en lisant la suite de l'article de Metronews, le Monsieur est surtout très embêté... techniquement, et cela lui fait perdre du temps. Voilà, voilà...
De son côté, comme je ne suis pas (et ne voudrait pas être taxé d') hémiplégique dans mon analyse, l'équipe de com d'Anne Hidalgo ne commet-elle pas une erreur, en bloquant ces comptes ? Elle prête en effet le flan à de telles critiques, et à l'accusation ultime de pratiquer - oh, suprême horreur ! - la censure, alors qu'en laissant libre court aux attaques de ces gens là, elle pourrait ainsi montrer et démontrer par l'exemple à tout un chacun comment la droite se comporte, non ? En outre, il n'aurait pas été inutile de procéder à des avertissements, comme je le pratique moi même, avant de bloquer ces comptes s'ils persévéraient dans leur attitude inadaptée. Peut-être le temps est-il venu à présent, puisque les faits qui ont légitimé le blocage de ces comptes sont prescrits, de les débloquer... Cela me semble ne présenter que des avantages, et couperait l'herbe sous le pied de ces marioles...
Et vous, qu'en pensez-vous, sur le plan strictement technique et de la stratégie de communication des uns et des autres, par delà la vision partisane ? Je vous pose la question...