Les chercheurs commencent leur article par une histoire vécue. Ils devaient prendre en charge un enfant très malade en unité de soins intensifs pédiatriques. Les parents ne parlaient pas anglais et les médecins n’avaient de traducteur disponible. Ils ont donc eu recours à cet outil de traduction sur le Web, mais sans certitude de justesse dans la traduction. L’histoire se termine bien car le jeune patient se rétablit et, plus tard, un traducteur confirmera aux médecins qu’ils avaient bien transmis les bonnes informations.
Pour apprécier la justesse d’un outil de traduction, en matière médicale de surcroît, la méthodologie de l’étude est primordiale. Ici, les chercheurs qui souhaitaient donc évaluer l’exactitude et l’utilité de Google Translate dans la traduction d’informations médicales au départ en anglais ont sélectionné 10 propositions médicales courantes qui ont ensuite été traduites via Google Translate en 26 langues. Les traductions ont été adressées à des participants, professionnels de santé, ayant pour langue native, chacune de ces langues et qui ont été invités à retraduire en anglais la traduction reçue. Leur traduction a ensuite été comparée avec les originaux.
L’analyse constate que,
· 57,7% des traductions sont correctes
· et donc 42,3% présentent des erreurs.
· La traduction en des langues africaines ou asiatiques semble de loin la moins précise plus faible (taux de » justesse » respectif : 45% et 46%),
· La traduction en langues européennes, la plus précise (74%).
· Ainsi, la traduction en Swahili est la moins précise (10%), en Portugais, la plus précise (90%).
Sur un plan plus anecdotique, l’expression médicale la mieux traduite dans toutes les langues était « Votre mari a la possibilité de faire don de ses organes" (88,5%). Cependant l’exercice a donné lieu, aussi à des quiproquos dramatiques…
En conclusion, si l’utilité de Google Translate ne peut être remise en question et que faute d’autres alternatives, l’outil peut même s’avérer précieux, sa fiabilité en matière de communication médicale est loin d’être parfaite. Les auteurs insistent ainsi sur le fait, qu’en médecine, Google Translate ne doit pas être utilisé pour obtenir un consentement, pour une intervention chirurgicale par exemple, ou auprès des parents en cas d’urgence médicale chez un enfant. Ils ajoutent néanmoins, que leur étude n’a pas non plus évalué l’exactitude et la précision des traducteurs humains…
Source: BMJ2014;349:g7392 15 December 2014Use of Google Translate in medical communication: evaluation of accuracy (Visuel© Kalim – Fotolia.com)