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Critiques Séries : Ascension. Saison 1. BILAN.

Publié le 23 décembre 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

Ascension // Saison 1. 6 épisodes.
BILAN


Ascension est l’une des nouvelles tentatives de Syfy de renouer avec ses racines et donc avec la série de science fiction. Ces dernières années la chaîne a développé pas mal de séries fantastiques, s’écartant d’un genre qui est pourtant celui qui a forgé son identité depuis des décennies. Ascension est une mini-série très ambitieuse, créée par Adrian Cruz (Splinter) et Philip Levens (Smallville, Le Retour de K2000). On nous plonge dans une sorte de Truman Show de l’espace où des humains pensant partir pour une expédition devant durer 100 ans sont en fait bernés depuis des années car ils n’ont jamais quitté la Terre. L’idée est tout de même brillante et tout cela se mélange à ce que j’avais pu adorer dans beaucoup de films de science-fiction de ces dernières années, cette certaine forme de régression visuelle où finalement les décors sont old-school, proche des années 60. Certes, ici le film est aidé par le fait que les humains sont sensés être parti en 1963 mais c’est justement un nouveau rapport au côté un peu old-school de la science fiction ces dernières années. Ascension n’est pas aussi brillante que l’on aurait pu l’espérer mais elle est maligne malgré tout et nous offre durant près de 6 épisodes une histoire d’une fluidité étonnante avec ses rebondissements, ses révélations et ses grands moments.

1963, des humains partent pour un voyage qui durera 100 ans. Cinquante ans plus tard, une jeune femme est retrouvée assassinée. Les voyageurs commencent alors à douter sur le but de leur expédition.

Le meilleur cliffangher est sans aucun doute celui de la fin du second épisode. Je ne m’y attendais pas du tout, comme beaucoup je suppose, mais cela permet aussi de changer complètement la direction de Ascension et de nous faire comprendre un peu mieux ce qui se passe ici et là. Il y a de vraies références dans cette mini-série, notamment à Battlestar Galactica même si l’on n’est pas devant une série aussi bonne que ce qu’aurait probablement fait Ron D. Moore de ce sujet. On retrouve malgré tout Tricia Helfer que j’adore et qui impose à la fois son charisme mais également son propre style. Elle s’introduit très bien dans l’univers d’Ascension car elle a justement ce naturel qui la rend un peu old-school à sa façon. C’est tout ce que j’attendais de la part de cette actrice. Le casting est même assez intéressant dans son ensemble, créant bien souvent une certaine forme de nouveauté pour le téléspectateur que je suis et qui ne s’attendait pas par exemple à trouver Brian Van Holt (Cougar Town) aussi sympathique dans ce rôle de Captain William Denninger. Il a lui aussi quelque chose qu’il parvient à imposer au style de la série.

Ascension est une série très travaillée, à la fois d’un point de vue du scénario mais surtout d’un point de vue visuel. Syfy semble avoir sorti le chéquier et bien que je ne serais pas contre de nouveaux épisodes (puisque la fin est suffisamment ouverte pour donner la possibilité d’une suite), je dois avouer que je ne suis pas sur que cela soit nécessaire pour autant. Quoi qu’il en soit, ce que je trouve d’absolument fabuleux avec cette mini-série (ou série si jamais il y a une suite), c’est qu’elle veut nous raconter la possibilité que le gouvernement peut un jour tenter une telle expérience afin de savoir si l’on peut survivre dans l’espace pendant près de 100 ans. Ce n’est pas bête comme réflexion, cela permet d’étudier les comportements des humains quand ils sont confinés, etc. Mais dès qu’un meurtre apparaît, forcément tout le monde commence à se poser des questions sur l’intérêt de cette mission et son réel but. Car s’ils font une escapade de 100 ans finalement ils ne savent pas vraiment pourquoi ils la font. C’est là que les questions commencent à s’enchaîner et que la série gagne forcément des points.

Car Ascension trouve tout son intérêt là dedans, dans les questions qui se posent les personnages d’un côté et de l’autre de ‘Ascension’. Dans ses 6 premiers épisodes,  Ascension nous offre tout de même un éventail d’intrigues tellement riche que je me demande s’il y aurait de la matière pour faire une seconde saison. Ils ont grillé tellement de cartouches différentes dans cette mini-série que je ne suis pas sûr d’avoir envie de voir une suite, surtout si cela se fait sans Ron Moore qui aurait probablement été un showrunner de taille pour une telle série et trouver des choses à raconter. C’est aussi une série qui met en avant les problèmes d’une autre époque. Ils sont entrés dans Ascension en 1963 et à cette époque la société était assez sexiste envers les femmes. L’évolution n’est pas forcément très grande, notamment car ils sont tous conditionnés et semblent même avoir conservé leur culture de cette époque. Il y a également une certaine forme de sélection naturelle qui se fait avec une forme de hiérarchisation de la société. Après tout ce serait bête qu’il n’y ait personne pour s’occuper de découper la viande par exemple.

C’est là encore une fois que Ascension trouve une certaine forme de rébellion et parvient à nous emmener dans une direction légèrement différente. La série ne creuse cependant pas suffisamment ça à mon humble avis, car ils n’ont pas vécu les mouvements pour les droits civils, ils n’ont pas vu les 50 dernières années de progrès technique, etc. Ils sont donc conditionnés dans leurs problèmes histoires, ce que je trouve dommage c’est qu’ils ont beau avoir utilisé le sexisme avec beaucoup d’intérêt, ils ont complètement oublié le racisme. En effet, dans les années 60 le racisme faisait encore rage alors que l’on est aux Etats-Unis et que les droits des afro-américains n’ont pas encore vraiment été tous validés. C’est quelque chose que Mad Men (pour faire le rapport avec les années 60) a très bien mis en avant et a utilisé avec parcimonie. Je sais bien que 6 épisodes c’est très peu pour raconter une histoire mais au fond je pense qu’il aurait été intéressant de créer une société entièrement blanche où les afro-américains seraient les esclaves de cette société. Car ils n’ont pas vécu le progrès. Ou alors il aurait été intéressant de voir comment les afro-américains auraient eu de nouveaux pouvoirs.

Sans compter que l’un des héros de l’histoire (voire même LE héros de l’histoire si l’on fait confiance à la dernière image de la saison) est … afro-américain. Il y a donc quelques facilités de ce genre qui ne vont pas forcément dans le sens de Ascension mais la mini-série reste ambitieuse et raconte son histoire de façon assez efficace dans son ensemble. Il y a une base peut-être un peu ridicule (enfermer 600 personnes dans une sorte de tube pendant 51 ans, ou encore le fait que des générations puissent mourir et vivre sans suspecter la fiction de leur existence, c’est tout de même un peu gros). Mais bon, Ascension parvient malgré tout à nous passionner car l’on ne s’ennui jamais.

Note : 6.5/10. En bref, une mini-série ambitieuse, fascinante et plutôt efficace malgré certains défauts.


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