J'aime le Maroc et sa culture, ses paysages et ses beautés architecturales, mais là, j'ai été un peu déçue par cette exposition un peu trop réservée aux spécialistes. D'autant plus que nous y avions emmené Camille et que j'ai eu bien du mal à lui fournir des explications complémentaires de nature à lui faciliter la compréhension. En effet, si la plupart des pièces exposées sont certainement des trésors montrés en France pour la première fois, elles ne « parlent » pas tellement à une adolescente …
Pléthore de livres merveilleusement calligraphiés, certes, mais peu explicites, presque pas de zelliges, mais deux superbes minbars – les chaires à prêcher des mosquées – des poteries et des bronzes déjà admirés au département des arts islamiques.
La première chose qui m'a manqué est un rappel chronologique clair et lisible permettant de situer les différentes périodes de l'histoire marocaine : des Idrissides partis de Volubilis (colonie romaine) vers Fès (fin du VIIIème siècle à mi-Xème) aux Almoravides (1049 – 1147), des Almohades (1147 – 1269) aux Mérénides (1269 – 1465). En fait, ces changements de dynasties interviennent à l'occasion de conquêtes par un groupe armé plus fort que les précédents, prétendant détenir le vrai dogme et respecter une plus stricte observance des écritures. Ce qui nous rappelle des événements plus récents. Mais au niveau de l'art, peu de différences stylistiques ou alors, elles ne sont en aucun cas soulignées.
Ce qui a retenu notre attention : la beauté des ciselures des dirhams d'or ou des astrolabes, les incroyables sculptures en stuc, le vantail monumental de la porte de la madrassa Al Attarine à Fès, la lettre du Sultan au roi d'Espagne attestant de la réalité des échanges commerciaux et parlant du sort de captifs chrétiens (tiens, tiens, l'industrie de la prise d'otage fonctionne déjà !), des éléments textiles souvent utilisés comme ornements d’Église tant la technique du Damas (!) est élaborée …
Hélas, sauf à transporter miraculeusement la Cour des Lions de Grenade ou la grande mosquée de Séville devenue cathédrale, le plus beau est à aller voir sur place.
Une occasion (un peu ratée tout de même) d'apprécier l'apogée d'une culture rayonnant de la Mauritanie à Saragosse, du Portugal à Tripoli, un grand moment de la civilisation occidentale qui fait partie intégrante de notre patrimoine à tous, qui n'a rien à voir avec toutes les inepties que l'on peut entendre sur l'Islam actuellement.
Le Maroc médiéval, un empire de l'Afrique à l'Espagne, au musée du Louvre jusqu'au 19 janvier (fermé le mardi, gratuit pour les moins de 18 ans).