Le hors série "histoire" d'Alpes magazine (numéro de décembre 2014-janvier 2015) nous emmène en haut du Mont Blanc. Aujourd'hui, rien de plus simple. Mais à l'époque de la première ascension, à la fin du XVIIIème, ce n'est pas du tout le cas. Premièrement, parce que celui qu'on dénommait alors le Mont Maudit était considéré comme un repaire du diable, un endroit habité par Satan et par conséquent interdit (on en parlait à propos du roman d'Henri Alfray, situé au XIVème siècle) ; ensuite, parce qu'à l'époque, les pionniers partent dans des conditions effroyables, avec un matériel dérisoire et une science plus qu'approximative de l'endroit où ils se rendent. Leurs successeurs ne sont pas beaucoup plus avancés en terme de technique, mais il s'agit plutôt de scientifiques un peu fous qui viennent mesurer la montagne, l'explorer, la regarder sur tous les angles pour la retranscrire. Des fadas ambitionnent d'installer un observatoire astronomique sur la cime blanche. Le plus dingue, c'est qu'ils réussissent ! Pour ce qui est de la ligne de chemin de fer qui était censée arriver en haut du Mont Blanc, il faudra repasser. Dino Lora, l'ingénieur italien de la vallée d'Aoste, a cependant réussi à désenclaver sa vallée en imaginant les plans du tunnel creusé dans la roche et qui aujourd'hui fait débat. Le téléphérique de l'aiguille du Midi, c'est aussi lui.
Vous l'aurez compris, tout dans ce magazine m'a passionnée. On y trouve également une rencontre étonnante avec des cristalliers de l'ère moderne, ainsi que le récit des aventures d'autres chercheurs de trésors : le club un peu bizarre de ceux qui fouillent la neige dans le but de tomber nez à nez avec les diamants du Malabar Princess ou d'autres avions qui se sont crashés sur la cime maudite. Quête morbide. Pas plus morbide que les allumés qui se mettent en danger juste pour produire un film détestable qu'ils mettront en ligne sur Internet et qui oublieront de remercier le PGHM lors de leur sauvetage. On en apprend de belles, on lit des anecdotes cocasses : ce type qui a dû appeler l'hélico parce qu'il était bloqué en chaussettes au refuge du Goûter suite au vol de ses chaussures ; la première femme à monter au Mont Blanc, Marie Paradis, qui y avait été entraînée, un soir de beuverie, par des guides chamoniards qui lui promettaient la célébrité. Il y a eu des banquets au sommet, des excentricités et des excès. Adriana Karambeu et Michel Cymes déposés en hélicoptère à 500 mètres du but et qui sourient de toutes leurs dents au téléspectateur crédule. La rançon de la gloire...
Une devise : Courez chez votre marchand de journaux !
Le Mont Blanc vu du Bettex, avec son "âne" sur la tête, signe que le mauvais temps arrive et qu'il ne fait pas bon grimper...