...La légende, qu'est-ce, sinon une ligne qui, partie d'une vérité, revient à cette vérité après avoir fait le tour du ciel ?... - Germaine Beaumont. Extrait de
Si je devais...
Les mythes impliquent généralement plusieurs personnages merveilleux, tels que des Dieux, des animaux chimériques, des anges ou des démons ainsi que l'existence d'autres mondes. Ainsi l'Enduro
d'Assinie, organisé par le MCCI a résolument gagné, cette année, ses lettres de noblesse, celles qui
font d'une course un mythe, mythe peuplé dans le cas présent de nombreux motards à la limite de l'épuisement, au bord de l'hallucination, là où l'on entend plus les propres mots que l'on
prononce, là où le champ de vision se rétrécit à sa plus simple expression, là où l'on ne pense plus qu'à sa propre fatigue, là où le mot douleur ne veut plus rien dire, où chaque mètre gagné est
une victoire sur soi avant même d'en être une sur ses adversaires...
La légende, elle, est un récit fictif faisant appel au merveilleux, et est fortement liée à un élément clé, un lieu, un objet, un personnage, une histoire, qui, à la base ramène à quelque chose
dont l'existence n'a pu être prouvée, à moins que, à moins que certains témoins ne puissent relater cet instant précis, celui où le mythe est devenu légende, celui où l'homme a dompté les
éléments et terrassé ses adversaires, l'instant où l'homme est devenu poisson !!!
Samedi 15h00, parking de Coeur Karibe, ils sont là, le temps est couvert, il a plus toute la semaine sur Assinie et les derniers kilomètres laissent entrevoir ce que tous
redoutent, des plaines inondées, des cours d'eau gonflés, cet enduro s'annonce particulièrement éprouvant pour les mécaniques et les organismes, l'eau sera le plus redoutable adversaire de tous
et les regards croisés le disent...
Samedi 16h00, départ des premiers concurrents dans la spéciale de pré-sélection qui déterminera l'ordre de départ, le pacours sablonneux et humide permet à tous de donner la preuve de leur
détermination et de leurs ambitions, même si, déjà, parfois, l'eau présente se mêle à la fête, l'occasion tout de même d'assister à de très belles empoignades,
A ce jeu, là, et malgé une chute, Sylvain Mathonnet (ci-dessus) reste le plus rapide, à souligner tout de même sur cette super-spéciale l'authentique performance du seul junior de l'épreuve, Thomas Maurel qui finit quatrième, à 4" du leader. Et puis, rapidement pour tous, c'est la délivrance, le départ, le vrai, vers une partie d'inconnue, vers ces spéciales (PK10 - V2 & PK3 - PK5) que l'on imagine trempées et boueuses à souhait... Quelques dizaines de minutes plus tard, les premiers concurrents apparaissent dans la plaine qui rejoint la piste du PK16, un spectacle hors du commun que ces gebes d'eau au loin qui se rapprochent et soudain ces motards boueux et rageurs qui passent dans des gerbes de boue,
Ensuite, bref retour sur le sec avec la remontée vers la cocoteraie et V2 et ses mares d'eau latéritiques, là aussi, ce sera un morceau de bravoure pour l'ensemble des concurrents, peu en ressortiront indemnes, ensuite le routier ramène tout ce petit monde vers le PK3 pour le départ de la dernière spéciale, celle qui restera certainement dans l'esprit de tous comme l'enfer de ce samedi, 3 kms inondées et croyez en votre serviteur, pas d'autre solution pour aller chercher des images que d'y aller aussi, parfois jusquà la taille !!
Beaucoup y laisseront plus que leurs espoirs ou leur orgueil, leur résistance physique sera plus qu'éprouvée, elle sera rudement mise à l'épreuve et les quelques rescapés de ce PK5 auront bien
des histoires à raconter dans les semaines, les mois et les années à venir. Derrière une poignée de résistants, Sylvain Mathonnet, Hervé Legras, Arnaud Marion, Rami, Cédric Molinié,
Laurent Verplanck et quelques autres des 15 partants, c'est la survie qui s'organise, Mike, Kévin Ligonne et Thomas Maurel sont bloqués au début de la spéciale, Abbas et Ali Jaber, eux, son
encore dans la spéciale du PK10, ils seronts finalement contraints à l'abandon, pour d'autres comme JC Rousseau auront enduré le cauchemar et malgré des efforts jusque tard dans la nuit ce sera
la mécanique qui abdiquera et sonnera le glas de ses ambitions...
Hervé Legras est finalement celui qui tirera le mieux son épingle du jeu, il devance Slvain Mathonnet de 3 minutes à la fin de la journée, Anthony Farhat est 3ème à un quart d'heure du
leader, Rami 4, Laurent Verplanck 5, Patrice Lacombe 6, Arnaud Marion 7, Cédric Molinié 8, Mike 9, Kévin Ligonnet qui finira la journée en beauté lors de sa super spéciale de nuit par un show son
et lumière orchestré par son akrapovic, 10ème, Thomas Maurel 11ème et JC Rousseau 12ème.
La nuit, qui ne sera pas de tout repos, les éléments se déchaînent et la pluie tombe sans interruption, au petit matin, nous partons avec Ali c'est moi le présidet de tout ça Jaber, Loïc le
webmaster Furquand et votre serviteur reconnaître ce qui nous apparaît comme le point noir de la journée, la spéciale du PK10, inondée comme de bien entendu. Décision est prise de lancer les
rescapés du premier jour et de positionner des équipes près des points difficiles pour filer un coup de main si nécessaire, et c'est parti pour le dimanche de tous les dangers !!!
Fin de première boucle et un scratch pour Kévin dans la super spéciale face à Sylvain Mathonnet, ensuite c'est reparti et l'hécatombe commencée le matin s'accélère alors que les éléments se
déchaînent à nouveau, c'est Hervé Legras qui commence par chuter lourdement, abandon, Laurent Verplanck, Cédric Molinié, Mike, Thomas Maurel sont également contraints soit à l'abandon, soit
rejoignent le paddock hors délais, ensuite c'est Kévin Ligonnet qui abandonne sur panne mécanique au sortir de la super spéciale, restent en course, Sylvain, Anthony, Arnaud, Rami et Patrice...
Sous des trombes d'eau, nous verrons alors passer Sylvain, Arnaud, Rami, Patrice sera contraint à l'abandon aux alentours du PK12, au milieu de ce qui s'apparentait plus à un lac qu'à
un marigot, Anthony, lui, potentiel podium se plantera quelques centaines de mètres plus loin et passera plus de deux heures sous le déluge à essayer, en vain, de dépanner.
Au final, un seul sortira triomphant du déluge, Sylvain Mathonnet l'emporte loin devant, tellement loin devant qu'à l'heure ou j'écris ces lignes on attend toujours la décision des commissaires
sportifs d'effectivement classer Arnaud Marion second et Rami troisième car théoriquement hors délais tous les deux. Cela étant, au regard des efforts déployés par tous et ces deux là
en particulier, ils méritent amplement de porter leurs lauriers respectifs. Une chose est sûre, il ne serait pas étonnant dans les temps futurs de voir certains arborer fièrement des
tee-shirts sur lesquels on pourra lire "...Enduro d'Assinie 2008 - j'y ai survécu !!!...".
D'aucuns se souviendront simplement de cet homme qui les a tous supplantés, celui que l'on désignera désormais avec respect et crainte... ...l'homme poisson !!!
certains diront qu'ils l'ont vu flotter, personnellement je l'ai effectivement vu survoler les flots à toute vitesse, bravant les intempéries avec une détermination et une rage exemplaires, et croyez moi, tout ceci n'avait rien d'un rêve, non, c'était bien réel, je l'ai vu, et je n'y crois toujours pas, une chose est sûre, la légende est née !!!
...Pas un rêve,non, ce n'était décidément pas un rêve...