Le maire et conseiller général de La Flotte-en-Ré s’inquiète de l’invasion de son littoral par les algues vertes
« Il a déjà constitué un dossier épais comme une encyclopédie, avec photos, courriers, factures, coupures de presse. Léon Gendre n’est pas homme à laisser les algues vertes lui pourrir la vie. Conseiller général et maire de La Flotte depuis 32 ans, il n’est pas né de la dernière marée verte.« Il y en a toujours eu. Je me souviens qu’enfant, j’en ramassais. Mais là, ça prend une ampleur considérable. Je n’ai pas attendu les événements bretons de cet été pour m’en préoccuper. Dès 2007, j’ai commencé à secouer le cocotier. Mais il semble que mes collègues n’aient pas encore mesuré l’ampleur du phénomène. »Lui a déjà évoqué la question plusieurs fois en conseil municipal. Cette laitue de mer a défrayé la chronique bretonne cet été, en raison du décès suspect d’un chauffeur de camion qui aurait été incommodé par les vapeurs de l’hydrogène sulfuré que dégage la décomposition de ces algues.Depuis cinq ou six ans, la côte nord de l’île de Ré reçoit également d’importants arrivages de cette algue verte aux émanations toxiques. Pendant l’été, mais pas seulement. Le 1er octobre dernier, les plages de l’Arnérault, de la Clavette et le port de La Flotte en étaient entièrement recouverts.« Nous les avons nettoyés, mais ce nettoyage a un coût. Avant, il suffisait d’un curage par an. Maintenant, c’est trois ou quatre. » À raison de 3000 euros l’opération, la commune commence à trouver la facture salée.« J’attends un peu. Mais si je n’ai pas de réponse, j’envisage d’attaquer l’État », poursuit le maire de La Flotte. Car il a écrit au préfet pour lui signaler le problème et lui poser des questions sur l’origine du phénomène : « La Sèvre Niortaise toute proche véhicule-t-elle des nitrates qui, en enrichissant la mer, accélèrent la croissance des algues vertes ? » La lettre date du 1er octobre mais n’a pas encore obtenu de réponses.Apprentis sorciers
« La réponse, on la connaît depuis longtemps. J’ai fait des études agricoles. Je suis très au fait de ces choses. Ce sont les nitrates qui provoquent ça. Mais personne ne réagit. On joue les apprentis sorciers avec la nature. Il suffit d’aller dans le Marais poitevin pour comprendre. C’est le maïs qui est devenu roi dans toute la partie vendéenne. Et le maïs est gourmand en azote et en eau. Et comme les agriculteurs sont en difficulté, surendettés, on n’ose pas y toucher. Décidément, on marche sur la tête. On a enlevé l’eau du Marais poitevin et, maintenant, on irrigue. »Le maire UMP de La Flotte tient là un vrai discours écolo. Il est vrai qu’il fut, en son temps, un pourfendeur du projet de pont. Désormais, il planche sur la courantologie. La laitue de mer n’arrive en masse que sur la côte nord. « Or, les grands naufrages du passé, comme les marées noires, nous montrent que les courants du large venant de Bretagne ou de l’estuaire de la Loire viennent irriguer la pointe de l’île de Ré ou la côte sud, pas le nord. »Tout indique donc que cette algue indésirable ne viendrait pas de Bretagne mais serait produite dans l’estuaire de la Sèvre Niortaise et la Baie de l’Aiguillon, là, juste en face.Un gigantesque réceptacle des polluants
Le 1er janvier 2008, la France a été condamnée par la cour de justice de l’Union européenne pour manquement à ses obligations sur la qualité des eaux destinées à la consommation dans trois départements : la Vendée, les Deux-Sèvres et la Charente-Maritime. En cause, les teneurs en pesticides et en nitrates. Et quel est le cours d’eau commun aux trois départements ? La Sèvre Niortaise, colonne vertébrale du Marais poitevin. Le rapport entre les algues vertes de la côte nord de l’île de Ré et les nitrates du fleuve semble couler de source.« La Sèvre Niortaise dispose d’un gigantesque bassin versant : 630 000 hectares sur quatre départements. C’est le réceptacle de tous les polluants qui se déversent ensuite dans la baie de l’Aiguillon. C’est le même phénomène dans la baie de Bourgneuf et on a vu ce que ça a donné cette année, sur l’île de Noirmoutier, où deux plages ont dû fermer. Avec toujours les mêmes coups de fièvre saisonniers. S’il ne pleut pas pendant deux ou trois mois, du fait de l’imperméabilité du sol, tous les nitrates partent d’un seul coup, à la première pluie. Et encore, le marais joue un rôle de filtration », explique Yann Hélary, le président du Parc interrégional du Marais poitevin.Établissement public de l’eau
« Je ne pense pas que les élevages intensifs de volailles, qui se sont installés dans le sud Vendée, soient responsables de cette pollution. Depuis les excès bretons, les normes sont beaucoup plus strictes pour les élevages hors-sol. Si ces normes sont respectées, et je crois qu’elles le sont à peu près, l’impact sur le milieu est minime », affirme-t-il.« En revanche, les zones céréalières, très gourmandes en pesticides et en eau et qui n’ont cessé de s’accroître, jouent un rôle essentiel dans la pollution de la Sèvre Niortaise. On le sait depuis des années. Un établissement public de l’eau vient d’être créé. Il est désormais du ressort de l’État de résoudre ce problème », poursuit Yann Hélary, également élu vert de la région Pays de la Loire.Usine à nitrates
Deux chiffres : il y avait 60 000 hectares de prairies humides dans le Marais poitevin en 1974. Vingt-cinq ans plus tard, il n’en restait plus que 24 000. Tout ce qui a disparu a été reconverti en céréales, donc en usine à nitrates. La boucle est bouclée : la France avait déjà été condamnée pour non-respect de la directive oiseaux dans le Marais poitevin, puis le Parc s’est fait retirer son label de parc naturel, enfin c’est la qualité des eaux qui est vilipendée par l’Europe. Jusqu’alors, hormis les associations de protection de la nature, il n’y avait pas grand monde pour s’en émouvoir. L’arrivée des algues vertes, avec son impact sur le tourisme et - cas extrême - sur la santé, pourrait bien changer la donne. »La consommation de coquillages interdite dans l’Ouest
Une dépêche de l’agence Reuters en date du samedi 20 mars 2010 indiquait que " la pêche, la consommation et la commercialisation des huîtres, moules et autres coquillages provenant du littoral de Charente-Maritime et de Vendée a été interdite samedi en raison de la découverte d’une toxine, a annoncé le ministère de l’Agriculture et de la Pêche.Les ostréiculteurs et les mytiliculteurs ont retiré les produits récoltés dans la zone en question, qui est aussi celle frappée par la tempête Xynthia dans la nuit du 27 au 28 février, qui a fait 53 morts.L’interdiction restera valable tant que deux analyses consécutives ne se seront pas révélées négatives, précise le ministère."PAR MARC LAIMÉ, 18 MARS 2010http://www.eauxglacees.com/Algues-vertes-du-Marais-poitevin-aLes algues vertes prolifèrent sur l'île de Ré. Un signe de la dégradation de l'eau des pertuis
Alors que les algues vertes sont de moins en moins nombreuses en Bretagne, elles sont en revanche bien plus fréquentes sur les plages de la région et notamment sur les îles de Ré et d'Oléron.http://france3-regions.francetvinfo.fr/poitou-charentes/2014/10/22/les-algues-vertes-proliferent-sur-certaines-plages-de-la-region-un-signe-de-la-degradation-de-l-eau-des-perthuis-576572.htmlLe phénomène a été particulièrement marqué cet été et notamment à partir du mois d'août.Sur l'île de Ré, de nombreuses communes sont touchées et contraintes de nettoyer chaque jour les plages. Par exemple à la Flotte-en-Ré, 850 tonnes d'algues ont été retirées depuis le début de l'été. En août, la couche d'algues pouvait, certains jours, atteindre plusieurs dizaines de centimètres.
"C'est la première fois qu'on en a une telle quantité" constate Léon Gendre, le maire de la Flotte.