Green Lantern #28-30 - Alerte Rouge, Expédition et La vie et la mort
par Robert Venditti, Billy Tan et Martin Coccolo
C'est la série Green Lantern de Robert Venditti qui ouvre le bal avec pas moins d'une triple dose d'épisodes consacré à Hal Jordan et son entourage, le Corps des Green Lantern. C'est toujours un plaisir de lire cette série, et ce même après la fin du run de Geoff Johns au vu de tout les éléments que Robert Venditti introduit, chamboulant le statu quo toujours un peu plus.Bizarrement, ces épisodes semblent plus posés. En effet, les batailles intergalactiques sont rares, voir totalement absentes, et ce même après l'attaque des forces ennemis sur Mogo. Venditti pose un décor sérieux et prend le temps de développer l'univers qu'il façonne depuis des mois. Hal Jordan connait un traitement plus approfondi et revu à la hausse puisque le personnage semblait de moins en moins attachant depuis la fin du run de Geoff Johns. Aussi, on retrouve un Pèlerin en proie au doute très bien caractérisé et qui semble être attacher de plus en plus à Mogo, point de départ d'une grande partie des intrigues de ces épisodes. Les Khunds et les Durlans ne sont pas laissés de côté et connaissent aussi quelques scènes bien à eux mais pas aussi énorme que celles des épisodes précédents puisqu'ici ça se limite à quelques échanges de point. L'action est moins présente et on assiste à un réel remaniement de la série où le scénariste privilégie d'approfondir et d'articuler un univers à qui il donne tout son amour. De même, l'arrivée prochaine du crossover entre les séries Green Lantern et Green Lantern Corps, à savoir Uprising (Soulèvement) doit sans doute avoir un rôle à jouer là-dedans tant la pression monte au fil des pages.
Les dessins sont quant à eux plus ou moins réussis. Si Billy Tan et Martin Coccolo offre chacun un travail appliqué et complémentaire ne cassant pas l'aspect graphique, il faut dire que les Lanterns humains ou à forme humanoïdes sont souvent assez mal traités car Tan ne semble toujours pas réussir à bien faire les têtes de ses personnages tandis que Martin Coccolo a un réel problème au niveau des carrures des personnages beaucoup trop imposantes dans certaines cases. Bien sûr, sans chercher la grosse bête, c'est un travail d'ensemble très puissant autant au niveau du trait des dessinateurs respectifs que des couleurs (si l'on exclue les mauvais choix flagrant d'Alex Sinclair pour un Simon Baz très fade) et de l'encrage (surtout lorsque que Coccolo assure lui-même l'encrage de ses planches).
Trois épisodes riches bien que décomplexés puisqu'ils signent une réelle pause dans la série et une préparation morale pour le lecteur à la suite des aventures du Corps des Green Lantern. Robert Venditti exerce encore une fois un travail très bon qui s'éloigne ce coup-ci assez de son travail habituel faisant apparaître même des personnages peu utilisés comme la famille du frère d'Hal Jordan ou Simon Baz, des caméos sympathiques même si trop courts.
Green Lantern Corps #28-30 - La traque, Choisis ton camp ! et Sélection naturelle
par Van Jensen, Bernard Chiang, Scott Kolins et Chris Batista
Robert Venditti n'est pas le seul à développer ce qu'est le statu quo actuel du Corps des Green Lantern puisque Van Jensen, scénariste de Green Lantern Corps, exerce lui aussi son pouvoir de scénaristique sur sa propre série où John Stewart, Fatality et les autres Lanterns vivent des expériences tout aussi intense et ces trois épisodes ne me feront pas dire le contraire.
Les aventures hautes en couleur de John Stewart continue ici, et, Van Jensen ne se repose pas sur ses lauriers. Les épisodes proposés ici, en plus de développer les pistes déjà laissés par le duo Venditti/Jensen dans les épisodes précédents de Green Lantern et Green Lantern Corps agrémente un peu plus les ennuis du Corps avec le retour d'ennemis bien connus. L'action a sa place ici puisque c'est deux premiers épisodes à cent à l'heure qui nous sont proposés où l'on est ravi de suivre des équipes originales composées de Lanterns et de criminels donnant des dialogues croustillants et un contraste réel entre ce que les Green Lantern croient être et ce à quoi ils sont réellement relayés. L'épisode 30, lui, nous en apprendra un peu plus sur les Durlans et lèvent le voile sur leurs origines comme sur leurs traditions. Si la qualité est au rendez-vous, je pense qu'on peut se plaindre à Urban Comics d'avoir proposer les épisodes de Green Lantern avant ceux de Green Lantern Corps. Les deux séries se renvoyant souvent une même balle, il aurait été préférable d'alterner les épisodes de chaque série que de faire tout l'un puis tout l'autre ...
Le point fort des épisodes restent surtout les planches magnifiquement bien gérées de Bernard Chang dont le style très spéciale donne une allure très originale et unique à la série. Son trait énergique couple très bien l'histoire folle de Van Jensen. Cependant, le dessinateur est aux abonnés absents de Green Lantern Corps et c'est Scott Kolins (que l'on n'a pu revu depuis le final de Green Lantern Corps pré-Flashpoint) et Chris Batista qui le remplace. Les deux ont un style diamétralement opposés mais les couleurs, toujours assurées par Marcelo Maiolo, adouciront le contraste et permettront de ne pas toujours se rendre compte de la pair de mains ayant façonnées les pages que l'on tient entre ses mains.
Showcase #22 - SOS Green Lantern, Le secret de la lance de feu et Le mystère du missile incontrôlable
par John Broome et Gil Kane
En bonus des épisodes des séries Green Lantern et Green Lantern Corps, Urban Comics a préparé toute une sélection des premières apparitions des personnages principaux des deux séries précédemment citées. Showcase #22 est le premier épisode sur trois proposé, il met en scène la première apparition d'Hal Jordan a.k.a. Green Lantern.
John Broome, ce génie ! Investigateur des renouveaux de Flash, Atom et bien sûr Green Lantern lors de l'Âge d'Argent, ce scénariste donne ici une histoire qui, bien que vieillotte, aura tout pour plaire dans son genre. Plus que de se replonger dans une époque où le Green Lantern était sensible à la couleur jaune, on revit une époque où notre un brin macho Hal Jordan courait après la belle Carol Ferries exécrable avec lui. Bien sûr, on est en plein Silver Age et ce oldie mérite bien cet appellation car les imperméables à la narration ou à la caractérisation de l'époque se retrouveront assez démunis face à ce qu'ils penseront sans doute être une grosse blague.
Une grosse blague, ce n'est pas le cas pour Gil Kane dont le trait puissant donne aux planches une réelle vivacité. Il me rappelle, dans un autre genre, le Flash de Carmine Infantino. Aussi, j'excuse les couleurs flashy à l'époque de publication d'origine de l'épisode, un peu comme tout le reste.
Green Lantern (Vol.1) #87 - Crains mon pouvoir !
par Dennis O'Neil et Neal Adams
Second complément à ce sommaire bien chargé, Green Lantern #87 de fin 1971 présente la première apparition de John Stewart. Cet épisode faisant parti du run fondateur de Dennis O'Neil et Neal Adams sur les personnages de Green Lantern et Green Arrow marque l'absence de ce dernier pour un nouvel équipier, noir de peau, John Stewart.
C'est intelligemment qu'O'Neil place ce nouveau Green Lantern dans cet épisode. Bien sûr, le run ayant une allure très marquée par l'Âge de Bronze durant lequel l'épisode fut publié, il n'aura que peu d'intérêt aujourd'hui si ce n'est découvrir la manière avec laquelle O'Neil dénonce le monde, mais, pour l'apprécier, il faut bien sûr se replonger dans le contexte historique. Le racisme étant une des bases du run du duo O'Neil/Adams sur Green Lantern, ce nouveau Lantern a amplement sa place dans la série en son temps mais pas seulement pour enrichir le Corps, c'est réellement un appel à la population blanche américaine pour tolérer plus les communautés afro-américaines. C'est d'ailleurs un Hal Jordan profondément marqué par les clichés sur les noirs qui se placera en tant que spectateur des aventures de John Stewart, un homme comme les autres qui doit confronter pas seulement des malfrats mais aussi la xénophobie à son encontre et aux autres personnes de couleur. L'écriture est fluide, sans doute plus que le reste du run pour moi, et tellement intéressante si l'on arrive à se replacer à une époque où le premier "Black Lantern" apparaissait ...
Neal Adams officie lui aussi de très belle manière sur l'épisode. Son trait inspiré se rapproche des standards actuels à tel point qu'il sera difficile d'y trouver une réelle différence puisqu'elle réside plutôt dans la colorisation assez agressive parfois.
C'est un épisode intelligent et extrêmement bien manié de la part du duo mais, après avoir été publié avec le reste du run O'Neil/Adams sur Green Lantern dans un DC Archives, trouve-t-il réellement une place ici ? Son utilité au sommaire étant fortement remise en cause, non, je ne crois pas.
Green Lantern (Vol.1) #188 - Mogo n'est pas sociable
par Alan Moore et Dave Gibbons
Alan Moore et Dave Gibbons sont connus et reconnus pour l'un des comics les plus cités de tout les temps, Watchmen. Si mon épreuve d'histoire des arts lors de mon DNB lui a été entièrement consacré, j'étais loin de me douter que les auteurs avaient déjà coopérer ensemble le temps de quelques pages de back-up dans Green Lantern #188 de 1985.
C'est donc ici une histoire peu épaisse mais pleine d'ironie qui nous présente Mogo, la planète Green Lantern. Une histoire de plus 400 pages ou une de 6 pages, ça se savoure et c'est bien montré ici. Moore dit ce qu'il a à dire dans son Tales of Green Lantern Corps et en dehors de ce court récit, mon minimum de culture m'aura permis de capter l'essence de l'histoire puisqu'elle inspirera énormément Geoff Johns pour certains passages de son run comme le Tygres de Tales of the Green Lantern Corps Annual #2 (dans la DC Anthologie). En effet, tout aussi amusant que de voir ce pauvre Bolphunga chercher un adversaire qu'il a sous son nez, remarquer que le Green Lantern Leezle Pon est apparu dans Sinestro Corps War (Geoff Johns Présente Green Lantern Tome 5) est ma petite fierté.
Quant aux dessins, Gibbons offre là un style beaucoup plus "comics" que ce qu'il a pu faire sur Watchmen. C'est assez dommage sachant que c'est son style européen et similaire à ce qui se fait dans nos contrées en terme de BD qui l'a rendu si connu dans le monde la BD américaine !
Un épisode très sympathique qui n'a pas besoin de plus de développement, Alan Moore faisant son job et offrant un épisode à la saveur particulière, surtout lorsqu'on saura capter les termes du scénariste et l'utilisation qui en a été faite des années plus tard.