Satan était un ange de Karine Giebel 3,5/5 (20-11-2014)
Satan était un ange (336 pages) est sorti le 13 novembre 2014 chez Fleuve Editions.
L’histoire (éditeur) :
Lorsque François apprend que sa tumeur est incurable et qu'il ne lui reste plus que quelques mois à vivre, il monte en voiture et erre sans destination. En chemin, il prend en auto-stop, un autre fuyard, Paul. En quelques jours, les deux hommes apprennent à se connaître et à profiter de la vie.
Mon avis :
Après le très apprécié Purgatoire des innocents (pour ce citer que son dernier) il me tardait de retrouver l’écriture vive et sans concession de Karine Giebel. Changement de cap avec Satan était un ange qui reste un roman très sombre mais dans lequel la tension est moins tenace que ma dernière lecture de l’auteure ( Juste un ombre) et où le sadisme et la violence sont vraiment nettement moins présents (si l’on compare à Meurtre pour rédemption et Purgatoire des innocents). C’est d’abord surprenant mais également appréciable de lire une auteure qui reste fidèle à la noirceur tout en apportant de la nouveauté dans ses publications. Elle explore ainsi de manières variées mais toujours aussi sombres les différentes facettes de l’Homme.
Dans Satan était un ange le rythme est plus lent. On y voit se dessiner une amitié entre deux hommes qui évolue vers une relation plus intime. A mesure que l’un et l’autre se dévoilent on apprend à les connaître, même si Paul reste toujours bien mystérieux et peu honnête avec François. Lorsqu’ils se rencontrent sur la voie rapide aux abords de Lyon, l’un roule sans but depuis Lille vers le sud, l’autre est jeune autostoppeur de bientôt vingt ans, qui souhaite se rendre à Marseille. Tous deux semblent fuir, mais quoi, qui ? Paul devient le compagnon de route de François, celui qui lui permet de moins penser au tic-tac qui cogne dans sa tête, tandis que François devient le sauveur de Paul. Eux deux n’ont absolument rien en commun (et sont même loin d’être faits l’un pour l’autres) et malgré les épreuves qu’ils traversent ils restent étonnement soudés, indispensables l’un à l’autre. Leur relation m’a plu au point de me toucher, et je me suis facilement prise d’affection pour les deux hommes alors même qu’ils arrivaient tous deux à m’agacer par moment. L’empathie se fait facilement même avec ceux qui sont loin d’être des anges.
L’intrigue est certainement plus classique que dans d’autres de ses romans. Road trip incertain, Satan était un ange est un voyage semé d’embûches qui permettent des révélations quant à Paul. L’histoire tout du long reste assez simple je trouve, mais arrive à gagner en épaisseur à la fin lorsqu’on finit par découvrir la véritable identité du jeune homme.
Malgré cette simplicité dans le scénario, je me suis laissée prendre au jeu de cette improbable attachement pour finalement être surprise par le cheminement final et par les thèmes que l’auteure aborde, des sujets qu’elle a pris soin de travailler afin de coller au mieux à la réalité. Ainsi Karine Giebel a choisi de placer son histoire dans une époque un peu lointaine où l’on fumait encore à tout-va dans les lieux publics et où la monnaie n’était pas encore l’euro, pour que les événements véridiques viennent parfaitement s’ancrer dans son histoire (je suis tombée sur ce travail de recherche que je vous invite à lire uniquement si vous avez fini le roman pour ne pas risquer de vous spoiler).
Et puis le style Giebel est présent, et quel plaisir ! On y retrouve avec plaisir ses phrases courtes, son rythme haché qui permet une lecture soutenu alors même que l’action reste peu présente, et de bons moments de pression qui viennent casser la routine de la route et des haltes restau-hôtel. Ainsi, même si ce thriller n’est pas des plus intenses (peut-être même un peu trop convenu), il n’en demeure pas moins prenant.
En bref : Satan était un ange est un roman efficace, pas époustouflant c’est certain mais c’est un thriller qui remplit bien son rôle. A noter qu’il aussi moins pénible que d’autres au niveau de la violence et que même si ses personnages dont encore une fois malmenés, Karine Giebel nous évite là de mauvais surprise en nous prévenant dès les premières pages de leur destinée.