Il y a beaucoup de choses qu'on a du mal à comprendre sur les traditions spirituelles. Mais on peut progresser.
L'une de ces choses est l'importance qu'elles donnent à la parole. Aujourd'hui nous vivons à l'ère du nihilisme (pas de valeurs), du relativisme (pas d'absolu) et du consumérisme (quand c'est simple, c'est vrai). Et quand nous tombons sur des propos traditionnels qui rejettent les mots, les concepts, la raison, la morale, nous jubilons : "Vous voyez, les sages de tous les temps pensent comme moi ! Hourra !" Pourtant, même les traditions qui semblent rejeter la pensée, les concepts, etc. mettent en valeur la parole, la pensée, la raison, etc. Le bouddhisme en est l'exemple le plus extrême. Mais de manière générale, les spiritualités de l'Inde sont centrées sur la parole. En Inde, la Kundalini, c'est la parole, c'est la conscience, c'est le souffle, c'est la vie. L'importance de la parole est éclatante dans les traditions indiennes qu'elle est même parvenue, déformée certes, jusque dans ces propos d'un romain du second siècle (?) extraits de La Réfutation de toutes les hérésies, I, 21 :"Il y a des philosophes parmi les brahmanes... Ils s'abstiennent de manger des êtres vivants ou de la nourriture cuite, et se contentent de fruits. Et encore, ils ne les cueillent pas, mais prennent juste ceux qui tombent des arbres... Ils vivent nus... Ils affirment que Dieu est lumière, non pas celle que l'on voit dans le soleil et le feu. Mais pour eux, Dieu est parole, non pas celle qui s'articule, mais celle qui est connaissance, par laquelle le sage perçoit les secrets de la nature. Et ils disent donc que cette lumière est parole. Elle est leur Dieu..."Cette parole est, en particulier, le Veda, le Savoir atemporel qui devient peu à peu parole articulée. La Parole est la clef de voûte du tantra non-duel (le "shivaïsme du Cachemire").Soit dit en passant, il y a eu des Indiens jusqu'à Rome et des Grecs jusqu'à Ceylan, du moins jusqu'à l'arrivée des terroristes barbus à partir du VIIe siècle. On a retrouvé des tombes bouddhistes à Alexandrie d'Egypte. Certains ont rapproché la mystérieuse confrérie des Thérapeutes des bouddhistes du Theravâda. Ashoka, le grand empereur indien, fit graver vers -250 cette stèle, en Afghanistan (à Kandahar, non loin de Purushapura, "la Cité de l'Homme", où naquirent et grandirent les deux grands philosophes bouddhistes Asanga et Vasubandhu, et où aujourd'hui des enthousiastes du Coran exécutent des enfants dans leurs écoles - bien sûr cela n'a rien à voir avec l'islam, c'est notre faute à nous vilains Occidentaux !), écrite en grec et en araméen, la langue de Jésus :