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MC Christmas

Publié le 20 décembre 2014 par Nicolas Esse @nicolasesse

- Assez discuté! Pour 2012, Mc Donald’s me propose trois milliards et demi de dollars. Un jet privé. Et le déplacement du siège principal de Rovaniemi à Hawaï. Vous vous alignez ?

Autour de l’immense table de conférence, les costumes trois-pièces gris sont plus gris que trois-pièces. Derrière les baies vitrées, Atlanta se noie. Au petit matin barbouillé du 25 décembre 2014, la dinde bouge encore dans tous les estomacs. Tout au bout de la table un costume plus intensément gris que tous les autres costumes gris s’est levé.

- Vous pouvez pas nous faire ça. Impossible! Nous avons commencé il y a 83 ans, en 1931, vous vous rappelez ? 1931: magazine ads for Coca-Cola featured St. Nick as a kind, jolly man in a red suit. St. Nick, un bonhomme jovial en habit rouge. Les débuts du co-branding. Vous n’êtes rien sans Coca-Cola. Juste un gnome minable! Un troll rubicond échappé du Grand Nord.
– Justement, j’ai froid et j’en ai marre du Grand Nord. J’en ai soupé des rennes et du traîneau décapotable par moins cinquante degrés. Je me les gèle, vous comprenez ? Et il est où, l’anglophone décérébré qui m’a appelé St. Nick ? St. Nick Pourquoi pas St. Fornick, tant qu’on y est ? Ah! Justement, ça me fait penser! L’abstinence aussi, j’en ai soupé. Va falloir que la chair exulte, sinon je vais exploser.
– Écoutez Nick…
- Ah bordel, qu’est-ce que je viens de dire, hein ? Plus de Nick ou de Nicolas. Assez de ce prénom ridicule! Appelez-moi Noël. Juste Noël ça suffira.
- Écoutez Noël, la situation est difficile sur le marché des sodas. Je vous rappelle qu’en termes de revenus, nous avons été dépassés par Pepsi. Sans parler de la concurrence des pays émergents qui fabriquent du Coca démarqué avec n’importe quoi. La pression sur nos marges est toujours plus forte. Alors, il faut bien qu’on coupe quelque part. Pour 2015, je peux vous offrir 2 milliards. Point final. Et pour le reste, je vais voir ce que je peux faire.
- C’est pas tout. Il y a aussi le groupe-cible.
- Qu’est-ce qui va pas avec le groupe-cible ?
- Il y a que j’en ai marre des enfants.
- ???
- Parfaitement, j’en ai assez. Les enfants sont sales. Ils sont bruyants. Insupportables. Il arrive même qu’ils s’oublient sur mes genoux ou qu’ils se mouchent dans ma barbe. J’en peux plus. Les enfants, c’est terminé. D’ailleurs, j’en ai déjà parlé avec MacDo. L’année prochaine, ce sera Happy Meals pour tout le monde. On leur balancera des bons sur Facebook que leurs parents pourront retirer au Mc Drive. Moi, pendant ce temps, je pourrai enfin m’occuper des filles. Des filles! Vous comprenez ? Si possible entre 18 et 25 ans. Alors, ce sera campagne de pub dans tous les magazines féminins. Et dans ma hotte, seulement des Manolo Blahnik et des Louboutin.
- Noël, vous avez perdu la raison.
- Non. Après toutes ces années ceinture, j’veux de la meuf. Des filles, vous comprenez ? D’ailleurs pour l’année prochaine, ce sera total changement de look. Fini la couperose, la barbe ZZ Top permanentée et la taille Bibendum. En 2015, je serai poivre, sel, barbe de trois jours et cheveu dru. Le corps huilé. Blazer vert aux bordures dorées avec rappel contrasté du logo MacDo, juste sur le haut de la pochette. Pantalons slim velours mauve. Boots glitter. Aston-Martin, naturellement. C’est mon côté James Bond.
- Monsieur Noël, reprenez-vous! Tout ça ne va pas être possible. Votre cœur de cible, c’est les enfants. Votre couleur, c’est le rouge avec du blanc. Nous n’allons pas vous laisser détruire 85 années de personal branding. Les enfants aux yeux brillants. La plus belle histoire du monde!
- Ton histoire, elle fait surtout tourner ta caisse enregistreuse. Alors, on dit trois milliards et demi de dollars. Un jet. Une Aston-Martin One-77 et des Bond girls pour mettre dedans.
- Monsieur Noël, je vous répète que la conjoncture actuelle ne nous permet pas de nous aligner sur l’offre de Mc Donald’s. Mais j’ose espérer que 85 années d’une collaboration sans faille pèseront dans la balance à l’heure de votre choix.
- Tu me prends pour un clown ? C’est vrai qu’avec ces habits et cette barbe, ce serait difficile de faire autrement. Alors, écoute-moi bien, Monsieur Cola à la Coca. Notre collaboration s’arrête ici et maintenant. Tu reprends ton traineau et tes billes. À partir de maintenant, le Père Noël s’appelle MC Xmas.
Et tu sais quoi ? Avec les Happy Meals, on mettra du PEPSI!



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