L'Heure bleue à La Chaux-de-Fonds
On se souvient aussi que mon canton, Neuchâtel, est fauché. Ça se présente mal pour les gens du spectacle qui aimeraient pouvoir compter sur la générosité de leur ville et/ou canton. Entre autres. Le quotidien local titrait samedi passé "La grogne des pros du spectacle", sous-titre "Des acteurs culturels [...] reprochent au Service cantonal un manque de transparence et des subventions à la tête du client."Le Théâtre du Passage à Neuchâtel
Donc ce n'est pas tellement le manque de subventions qui dérange, mais plutôt comment celles-ci sont attribuées. Ceux et celles qui sont en charge des cordons de la bourse précisent que le soutien du canton est désormais accordé aux compagnies professionnelles confirmées d'envergure cantonale voire extracantonale. [...] Le canton soutient des œuvres qui rayonnent. Les professionnels, eux, prétendent que s'ils ne reçoivent pas de subventions, il ne va pas leur être possible de rayonner, voire d'exister.Pour avoir le privilège de toucher quelques sous, il faut remplir un dossier conséquent. Qui peut être refusé, même s'il répond aux critères d’attribution. La responsable explique que la politique de soutien a évolué. Elle parle de projets d'excellence, de grande visibilité, de projets innovants qui sortent du lot... Pour des critères concrets, c'est vague. Ceux et celles qui considèrent que la distribution a lieu à la tête du client n'auraient donc pas tout tort.
En somme, le canton est un mécène, ou plutôt un sponsor. Je lis que "le mécénat est d’une part un moyen efficace de communication et de valorisation de l'image de l'entreprise ou de l’institution et d’autre part un apport nécessaire au développement et à la réalisation de projets culturels, sportifs et humanitaires. Le mécénat est un modèle de développement durable car il est un outil opérationnel d’engagement de l’entreprise ou de l’institution vis-à-vis de la société" (http://www.srrp.ch/, une définition qui me plaît bien. Il me semble par conséquent que moins on a de sous, plus on veut qu'ils portent des fruits, d'où le rayonnement, la visibilité. On veut mettre son logo là où il sera vu. Il n'est plus question de prendre des risques, de surprendre, de qualité ou d'originalité, mais, au contraire, d'être dans l'air du temps. Depuis mon retour, ce qui est dans l'air du temps, c'est le rire... Il faut faire rire les responsables de la culture, puis le public... même si les gens du spectacle n'ont pas envie de rire !