Focus sur une association non subventionnée nouvellement créée, celle des « Contribuables Parisiens ».
Article des Enquêtes du contribuable n°8 décembre 2014/janvier 2015, «Associations : comment elles vivent de l’argent public». En kiosque et commande en ligne (3,50 €€, port gratuit).
La France est tellement centralisée que la ville de Paris s’est confondue au cours des siècles avec l’Etat, au point de ne plus avoir de véritable identité propre.
Ainsi, il a fallu attendre 1977 et l’élection de Jacques Chirac pour que la plus grande ville de France ait un maire. Et aujourd’hui encore, la police de Paris est sous l’autorité directe du ministère de l’Intérieur.
Cette confusion entre la ville de Paris et son statut de capitale de la France a longtemps entravé le combat des contribuables. Alors qu’il se trouvait toujours des contribuables aux six coins de l’Hexagone pour créer une association et parvenir à peser sur la politique locale, les édiles parisiens étaient sans opposition jusqu’à septembre dernier.
La rentrée a vu la création de l’association «Contribuables Parisiens», qui se donne pour triple mission d’informer les Parisiens sur les dépenses et les impôts et taxes de la Ville, de surveiller et dénoncer les abus et de proposer des alternatives pour une meilleure gestion des deniers publics dans la capitale. Pour présider l’association, Hélène Delsol (lire ci-après), candidate aux élections municipales de mars dernier dans le 2e arrondissement.
Une mission ambitieuse, alors que les socialistes semblent en roue libre à Paris depuis 2001. À l’issue des deux mandats de Bertrand Delanoë, son ancien premier adjoint, Anne Hidalgo, a été confortablement élue, promettant pendant la campagne de ne pas augmenter les impôts, après une hausse de 50% pendant les 13 ans de Delanoë à l’Hôtel de Ville.
Il manque 400 millions au budget 2015
Hidalgo risque d’avoir du mal à boucler son budget pour 2015, auquel il manquait toujours 400 millions d’euros au moment où nous mettions sous presse.
Si des pistes d’économies ont été évoquées, c’est bien du côté de la fiscalité que les socialistes et leurs alliés écologistes et communistes semblent vouloir se tourner. Augmentation du coût du stationnement de 50%, demande au gouvernement de quintupler la taxe de séjour, création d’une taxe sur les bureaux vacants… Rien n’a encore été décidé, mais les seules propositions précises, à ce jour, concernent l’augmentation des recettes, et non la baisse des dépenses.
Anne Hidalgo sera de toute façon engagée par des dépenses qu’elle avait initiées lorsqu’elle était premier adjoint. L’exemple le plus frappant est sans doute celui du chantier du Forum des Halles : décidé en 2004, son coût était estimé à 250 millions d’euros en 2006. Il est désormais évalué à 1 064 milliard d’euros… et le montant pourrait encore augmenter d’ici la fin des travaux, prévue en 2018.
Face à cela, que peuvent faire les contribuables ? Comme l’a expliqué Hélène Delsol lors du « Libre Journal des Contribuables » sur Radio Courtoisie, fin octobre, l’association utilisera notamment l’arme judiciaire pour lutter contre les dépenses excessives et les gaspillages d’argent public.
« Contribuables Parisiens » envisage par exemple de recourir à la justice face à l’ouverture prévue en 2016, dans le 10e arrondissement, d’une « salle de shoot » où des toxicomanes pourront venir se droguer sans aucune incitation à sortir de leur addiction. Situé près des gares du Nord et de l’Est, déjà en proie aux violences liées au trafic de drogues, il s’agirait d’un bâtiment neuf de 200 mètres carrés, pouvant accueillir 100 à 150 personnes par jour.
Hélène Delsol espère, dans ce cas comme dans d’autres, pouvoir imiter les succès d’autres associations, comme la CANOL à Lyon, qui a réussi à plusieurs reprises à faire condamner les pouvoirs publics et ainsi à les contraindre une gestion des derniers publics plus respectueuse des contribuables.
Roman Bernard
Hélène Delsol, 32 ans, présidente de l’association des « Contribuables Parisiens » entend mettre la pression sur les élus franciliens.
« Notre association a vocation à agir en justice »
La pression fiscale locale devient excessive, même à Paris pourtant longtemps épargnée par rapport aux villes de province. L’objectif est donc effectivement de mettre la pression sur l’ensemble des élus franciliens pour que les collectivités locales en Ile-de-France dépensent moins et mieux.
Cela passe d’abord par un travail d’information : l’association « Contribuables Parisiens » a vocation à informer le public sur les dépenses abusives des collectivités locales en Ile-de-France à travers des campagnes d’information et des actions médiatiques. Mais notre association a aussi vocation à informer les élus : nombre d’entre eux ne sont pas suffisamment sensibilisés aux conséquences désastreuses de politiques budgétaires irresponsables. Informer les élus pour les éclairer donc, mais aussi pour leur rappeler qu’ils doivent nous rendre des comptes. En bref, les prévenir qu’ils sont surveillés et que nous ne manquerons pas de les dénoncer s’ils soutiennent des initiatives irresponsables.
Informer ne suffit malheureusement pas. Il faut également agir, et c’est la raison pour laquelle notre association a vocation à agir en justice pour contester devant les juridictions compétentes les distributions de subventions qui nous semblent illégales. Pour agir, il faut des moyens, et j’en appelle donc à la générosité des lecteurs des Enquêtes du contribuable.
Propos recueillis par Roman Bernard
Courriel : [email protected]. Adresse postale : Contribuables Parisiens 12, rue Vivienne – 75002 Paris. 01 78 09 92 67 www.contribuables-parisiens.org
«Associations : comment elles vivent de l’argent public», Les Enquêtes du contribuable n°8 décembre 2014/janvier 2015. 3,50 €€. En kiosque le lundi 1er décembre et sur abonnement. Vous pouvez commander en ligne ce numéro (port gratuit).
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