Robert delaunay

Robert Delaunay, né le à Paris et mort le à Montpellier, est un peintre français. Avec sa femme Sonia Delaunay et quelques autres, il est le fondateur et le principal artisan du mouvement orphique, branche du cubisme et important mouvement d'avant-garde du début du XXe siècle.

Il reçoit une éducation bourgeoise ; sa mère le maternait excessivement, l'habillait à l'anglaise, et le promenait ainsi sur l'avenue des Champs-Élysées. Bien qu'il s'oppose rapidement à cette vie bourgeoise, il reste marqué par ses origines. Il demeurera toujours indifférent aux aspects matériels de la vie, et se créera, à l'instar de Don Quichotte, une conception chevaleresque de la vie. Ce caractère le pousse à transformer chaque instant de la vie en un moment poétique.

À quatre ans, ses parents l'emmènent à l'Exposition Universelle de Paris de 1889, pour laquelle est construite la tour Eiffel, monument qui fascine l'artiste toute sa vie durant. Il s'enthousiasme pour les techniques scientifiques modernes, notamment pour la vitesse et l'électricité.

Ses parents divorcent quand il a neuf ans. Il est alors élevé par une sœur de sa mère. Très tôt, il se passionne pour les fleurs. Dans le château de La Rongère, à Saint-Éloy-de-Gy (Cher), lieu des vacances familiales, il passe de longs moments seuls dans le jardin, à faire des croquis de fleurs, qui sont sa passion naturelle principale, avec le soleil.

L'école ne l'intéresse pas, et il profite de ses études pour dessiner et peindre avec des pastels cachés dans sa case. Il quitte le lycée à l'âge de dix-sept ans, et est engagé en tant qu'apprenti dans la conception scénique deux années durant (1902 à 1904), dans les ateliers du décorateur de théâtre Eugène Ronsin. C'est là qu'il développe son goût pour les grandes surfaces et la monumentalité, qu'il est sensibilisé au rôle de la lumière et aux jeux de distorsion perspective de l'espace scénique.

Il s'initie à la peinture avec son oncle Charles Damour, qui est un peintre traditionnel, loin de toutes les théories et de tous les mouvements de son époque.

En 1904 et 1905, Robert Delaunay réalise ses premières peintures : des paysages et des fleurs de facture néo-impressionniste et fauve. En 1907, il fait son service militaire à Laon, dans l'Aisne. Il est fasciné par la cathédrale, et en fait de nombreux croquis. Il est affecté au service des auxiliaires, dans la bibliothèque des officiers. Le 20 octobre 1908, il est réformé pour des troubles fonctionnels du cœur et endocardite, et retourne à Paris.

En 1906, il participe au XXIe Salon des Indépendants, où il présente de nombreux tableaux peints au cours de l'été précédent. En 1907, il fréquente un groupe de jeunes artistes cherchant un art nouveau parmi lesquels Jean Metzinger, Henri Le Fauconnier et Fernand Léger. Dans le même temps, il entreprend un travail conséquent sur des monuments de Paris. Le résultat de ses recherches a pour conséquence de proposer une théorie personnelle sur la couleur, en prenant comme point de départ son œuvre Paris - Saint-Séverin (1909).

Fenêtres sur la ville (1912)

Début 1909, il rencontre Sonia Stern, d'origine ukrainienne, également peintre, alors qu'ils fréquentent tous les deux des artistes renommés. Elle est alors mariée avec Wilhelm Uhde, mais ce n'est qu'un mariage blanc pour faciliter l'acquisition de la nationalité française pour Sonia. Elle divorce aussitôt pour se remarier le avec Robert Delaunay, dont elle est enceinte. Le naît un garçon, Charles.

En 1910, influencé par le cubisme, notamment celui de Cézanne, Robert Delaunay réduit sa palette de couleurs jusqu'au monochrome, puis, sous l'influence de Sonia, il réintroduit les couleurs chaudes. Avec Sonia, il crée le simultanéisme, basé sur la loi du contraste simultané des couleurs. Il entre en correspondance avec le pionnier de l'abstrait Vassili Kandinsky, dont le texte théorique Du spirituel dans l'art va beaucoup l'influencer et le guider.

Les deux artistes s'entraident également pour obtenir des places dans les expositions et dans la critique ; ils sont véritablement des amis. C'est grâce à Kandinsky que Delaunay peut être exposé à Moscou. L'année 1912 est dense en évènements pour Robert Delaunay : il expose à Moscou, Munich, Berlin, Paris, Zurich, se lie d'amitié avec Guillaume Apollinaire et Blaise Cendrars, rencontre Paul Klee (avec qui il entre en correspondance), Alberto Giacometti, Henri Matisse, Henri Le Fauconnier et peint la série des Fenêtres, qui marque un tournant majeur dans son œuvre, et marque les débuts de ce qu'on appelera l'Orphisme.

En 1913, Delaunay part exposer à Berlin en compagnie de Guillaume Apollinaire, et profite de l'occasion pour rencontrer les artistes allemands de l'époque : Franz Marc, Max Ernst ou encore August Macke. Apollinaire écrit le poème " Les Fenêtres qui sert de préface à la série de tableaux homonymes du peintre. À cette époque, le poète considère Delaunay comme le peintre le plus influent avec Picasso : Il y a dans la peinture moderne de nouvelles tendances ; les plus importantes me semblent être, d'une part le cubisme de Picasso, d'autre part, l'orphisme de Delaunay. "

Les époux Delaunay sont surpris par la guerre alors qu'ils sont en Espagne. Robert Delaunay essaie de se faire incorporer, mais il est refusé pour raisons de santé. Sonia Delaunay et lui vont rester toute la durée de la guerre, et jusqu'en 1922, en Espagne et au Portugal. Ils en profitent pour passer de longues journées au musée du Prado, et Robert se passionne pour les œuvres de Rubens et du Greco.

De retour à Paris, les Delaunay vont fréquenter de nombreux poètes et musiciens, mais peu de peintres, et côtoyer les milieux surréalistes, comme en témoignent les nombreux portraits d'amis réalisés à cette époque, dont ceux d'André Breton, entre autres. Ils sont liés également à Louis Aragon, Jean Cocteau ou Igor Stravinsky, et reçoivent le poète russe Vladimir Maïakovski. Il repeint plusieurs fois la tour Eiffel, car la " géante " se prête bien à ses recherches sur les contrastes simultanés de la couleur.

Dans les années 1920, il diversifie son travail, en s'attelant par exemple à l'art décoratif avec Fernand Léger. Il participe notamment à l'Exposition des Arts Décoratifs de 1925. Il compose la même année les décors de plusieurs films.

Delaunay revient à l'orphisme abstrait avec sa série Rythme, composée pour grande partie en 1934. Cette série semble être l'aboutissement de ses recherches sur l'harmonie picturale. Dans le même temps, il commence des recherches sur de nouveaux matériaux.

Les commandes de l'exposition internationale de 1937 lui permettent de réaliser d'immenses fresques et des peintures monumentales, dont celles du Pavillon de l'Air et du Chemin de Fer. Il assure l'année suivante la décoration du hall des sculptures au Salon des Tuileries, pour lequel il exécute trois grands Rythmes qui sont ses dernières œuvres importantes.

En 1940, il fuit l'avancée nazie en se réfugiant à Montpellier, en zone libre. Il est à nouveau victime de problèmes pulmonaires, et meurt le .