Afin de combattre la pollution, les wearables se mettent à mesurer la qualité de l’air pour ainsi créer une base de données globale des zones les plus polluées.
Les wearable devices ont jusqu’alors offert des fonctionnalités utiles pour évaluer sa propre santé et analyser ses données personnelles afin d’adopter un mode de vie plus sain. Et leurs ventes vont continuer à grimper puisque Juniper Research annonce environ 57 millions de wearables utilisés dans le monde en 2018 contre 19 millions aujourd’hui. Mais après la santé personnelle, c’est à l’environnement que les wearables s’attaquent désormais. En effet, de nombreuses startups ont vu le jour en se spécialisant dans l’analyse des données environnementales.
Netatmo, à l’origine de la première station météo connectée, avait révélé son bracelet June lors du dernier CES à Las Vegas et l’a lancé sur le marché au printemps dernier. Cet accessoire design permet de mesurer l’exposition au soleil et d’informer son utilisateur en cas de coup de soleil grâce à un capteur UV. Alors pionnier dans les wearables "enviro-tracker", opposés à "fitness-tracker", le bracelet June se voit aujourd’hui concurrencé par d’autres appareils offrant une mesure globale de l’environnement.
Adapter son comportement à l’environnement
La plus récente initiative de wearable green est portée par l’entreprise canadienne Tzoa qui a finalisé sa campagne Kickstarter autour de son wearable discret s’attachant aux vêtements ou accessoires et permettant de mesurer toutes les métriques concernant la pollution de l’air (température, UV, exposition solaire, humidité, etc.). L’objet est équipé d’un capteur solaire sur-mesure analysant les particules en suspension dans l’air ou PM (particulate matter), les particules fines dites PM 2,5 étant particulièrement cancérogènes. Breathe offre les mêmes fonctionnalités et a été conçu par le designer anglais Samuel Cox. AirBeam de son côté offre un wearable lowcost connecté à la plateforme open source AirCasting pour partager les données environnementales des utilisateurs. Le porte-clés Clarity a été conçu par des étudiants de l’Université de Berkeley en Californie et est destiné à la population chinoise et aux zones particulièrement polluées.
Ces appareils équipés de capteurs et micro-contrôleurs dernière génération sont capables d’évaluer la qualité de l’air pour informer leurs utilisateurs du meilleur comportement à adopter. Ils communiquent tous via Bluetooth avec le smartphone à travers une application dédiée. Leur postulat est de rendre visible ce qui est invisible à l’oeil nu grâce à des données quantifiables. Des solutions en temps réel seront ainsi partagées telles que recommander un itinéraire différent pour éviter des zones polluées, aérer une pièce lorsque la qualité de l’air n’est pas optimale ou bien recevoir une exposition au soleil suffisante pendant l’hiver, etc.
Du wearable au crowdsourcing
L’aspect le plus innovant de ces wearables réside dans leur capacité à rassembler des données publiques grâce au crowdsourcing, s'inscrivant ainsi directement dans la tendance de la smartcity. En effet, grâce aux données des utilisateurs, des statistiques locales, nationales, voire mondiales peuvent être partagées au sein d’une base centrale pour connaître les différentes zones polluées. "Nous avions l’impression qu’il manquait une pièce au puzzle, c’était de savoir ce qui se passait à l’extérieur de notre corps et comment cela nous impacte." explique Laura Moe, co-fondatrice de Tzoa. Elle dénonce ainsi le manque d’information et surtout de connexion réelle avec l'environnement. Pour créer une base de données globales sur la qualité de l’air, il faudra d’abord convaincre la population de l’utilité de ces données et Moe de déclarer : "Si vous croyez que vous êtes ce que vous mangez, alors vous devriez croire aussi que vous êtes ce que vous respirez !" D’après elle, ce n’est que lorsque l’information sur la qualité de l’air deviendra tangible qu’elle aura un impact sur la population.
Une carte de la pollution pourrait ainsi être consultée et peut-être permettre une prise de conscience de la part des institutions gouvernementales qui agiraient en conséquence pour mieux protéger l’environnement. La dernière annonce de la Commission Européenne a notamment suscité la surprise puisqu’elle confirme sa volonté d’abandonner son programme environnemental pour se concentrer sur le développement de l’emploi. À l’heure où les taux de pollution sont au plus haut, en démontre la journée d’alerte des particules fines à Paris au printemps dernier, ou encore l’annonce de l’Académie des Sciences Sociales de Shanghai qui avait annoncé Pékin comme une ville "inhabitable pour l’espèce humaine" due à la pollution, les enviro-trackers pourraient donc trouver une place sur le marché des wearables.