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Advaita et Christianisme 1

Publié le 19 décembre 2014 par Joseleroy

Les jugements du christianisme sur l'advaita sont intéressants : ils vont de la franche hostilité à l'admiration (par exemple henri Le saux).

Voici un passage d'un livre du Très Révérend père Paul que mon ami Armel a eu la bonne idée de m'offrir.

Le Père Paul est né en 1850 à la Croix-sur-Meuse et devient Capucin en 1875; il sera chargé d'évangéliser le radjpoutana aux Indes. En inde il se met à l'Indi et essaye de comprendre la vision religieuse de ce pays.

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Son livre exprime une réelle admiration pour les grands textes de la spiritualité indienne :

"Lisez nombre de pages de la Bhagavad Gita et autres récits védantiques, vous les croirez tirés des oeuvres de saint Jean de la Croix ou de sainte Thérèse"

Mais il s'attache aussi à montrer la différence entre ces doctrines (ici l'advaita de Shankara), et la doctrine catholique. Ses pages dates de 1928-1930.

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"Le Védanta enseigne qu'il y a un Dieu, Brahman, le Suprême, l'Unique, subsistant par lui-même, éternel, infini, absolu, transcendant, simple et sans attributs distincts de lui-même, pure identité indéfinissable. Il est l'auteur du monde et de tout ce qu'il renferme. Ceci est conforme à la doctrine catholique, et on peut bien dire que c'est uniquement ce qu'ont en vue les défenseurs catholiques du Védanta.

Le monde est l'œuvre de Dieu et, dans son être comme dans toutes ses perfections, il dépend absolu­ment de Dieu. Il n'est que changement, multiplicité, imperfection, sorte de néant devant la majesté de l'Etre Infini.

(...)

Ce résumé de l'enseignement védantiste ne suffit-il pas à montrer un accord assez complet avec l'ensei­gnement catholique? Un chercheur accommodant pour­rait s'en contenter. Mais un esprit plus averti voudra s'assurer que ces formules, identiques en apparence, le sont aussi quant au fond. Il lèvera le voile des mots et voudra voir le sens qu'ils cachent.

S'il trouve que, dans le Védanta, l'unité de l'Etre divin exclut de l'essence divine tout ce que, dans sa manière de concevoir, notre intelligence appelle per­fection et attributs, n'y laissant qu'une béatitude dans l’inconscience ; que l'infinité de l'Etre suprême est la négation de la personnalité ; que la transcendance divine exclut tout ce que nous concevons en Dieu comme fondement d'une relation extérieure quel­conque ; il regrettera que des génies qui s'étaient éle­vés jusqu'à comprendre que, dans l'essence divine, tout doit être identité et transcendance absolues m'aient pas compris que la perfection infinie est fondement réel, par sa toute-puissance, de multiplicité et de relativité dans la création. Il conclura, comme nous l'avons fait, que ces génies n'ont pas trouvé le vrai Dieu.

Continuant son examen, s'il constate que le monde védantiste est supposé produit par émanation ou évo­lution de l'essence divine ; que ce monde est pure illusion ou, au moins, n’a pas une réalité distincte de la réalité divine, il jugera que ce, monde n'est pas celui de la doctrine chrétienne.

S'il trouve encore que, pour le Védanta, l'homme n'est pas une personnalité réelle, un être autonome, : ayant une âme vivante, spirituelle et libre, donnant à tout le composé la vie et l'unité substantielle ; que sa fin dernière est l'absorption en Brahman on l'extinction totale ; il lui faudra bien refuser à ce fantôme le titre d'homme tel que le conçoit la doctrine chrétienne.

Si, enfin, il s'aperçoit que, d'après la loi du karman, la rétribution ne laisse aucune place au repentir, à l'amendement, à la miséricorde et au pardon, ni, par conséquent, à la rédemption, il lui faudra porter ce jugement définitif : le Védanta n'est pas en harmonie avec la doctrine catholique.

Concluons donc que non seulement un chrétien ne peut admirer le Védanta comme une religion naturelle parfaite mais qu'il doit le condamner comme le système philosophique et religieux, peut-être le plus radiclament opposé à la foi chrétienne." T. R. P. PAUL, capucin

Ce que cet homme reproche au vedanta c'est que :

-Il n'y a pas de création

-le monde n'a pas d'existence réelle

-l'homme n'a pas d'existence réelle

-Dieu est inconscient et non un être pourvu d'attributs positifs

-le but est l'identité avec l'absolu et non la relation d'amour entre l'homme et son créateur.

Bref ce que ce catholique reproche au vedanta c'est d'être une doctrine non-duelle et non une dualité comme l'est le christianisme pour lui. A noter cependant que l'absolu pour Shankara n'est pas inconscient, il est Pure conscience et béatitude.

jlr


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