Le septième fils

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : The Seventh Son

Note:
Origine : États-Unis/Angleterre
Réalisateur : Sergey Bodrov
Distribution : Jeff Bridges, Julianne Moore, Ben Barnes, Alicia Vikander, Antje Traue, Olivia Williams, Kit Harington, John DeSantis, Djimon Hounsou, Jason Scott Lee…
Genre : Heroic Fantasy/Aventure/Fantastique/Adaptation
Date de sortie : 17 décembre 2014

Le Pitch :
Un épouvanteur renommé (une sorte de mage guerrier) recrute et forme un jeune homme qui se trouve être le septième fils d’un septième fils. Une condition indispensable pour devenir un apprenti digne de ce nom et ainsi combattre les forces du mal. Mais ce septième fils là a quelque chose de spécial. Assailli de visions prophétiques, il est celui qui pourrait bien aider son mentor à terrasser la redoutable Malkin, une sorcière maléfique ivre de vengeance, dont les noirs desseins pourraient bien mener le monde à sa perte…

La Critique :
Il y a 16 ans déjà, Jeff Bridges et Julianne Moore dansaient sur le Just Dropped In de Kenny Rogers , dans le chef-d’œuvre des frères Coen, The Big Lebowski. Aujourd’hui, ils se retrouvent. Pas au bowling ou dans le lit d’un appartement miteux de la banlieue de Los Angeles, mais dans la cambrousse, littéralement encerclés de créatures imaginaires un peu dégueulasses, aux pixels (souvent) grossiers et aux pieds (parfois) palmés. Deux comédiens de grande classe lâchés au sein d’un univers adapté d’une série de romans jeunesse à succès (The Wardstone Chronicles en version originale, soit L’Épouvanteur dans la langue de Coluche). La faute à qui ? Aux impôts ? Aux pensions alimentaires ? À la crise ? À la nécessité de rajouter une aile à la maison ? Par pur plaisir de faire les zouaves dans un truc dont ils n’ont de toute évidence rien à faire ? Peut-être un peu tout ça à la fois, mais quoi qu’il en soit, les faits sont là. Le Septième Fils bénéficie de la présence de deux « poids lourds » du cinéma américain et non, jamais il n’exploite vraiment cette formidable opportunité pour ne serait-ce que tenter de nous offrir autre chose que la soupe habituelle.

Passer à une semaine d’intervalle, du Hobbit à ce Septième Fils est assez violent, même si fondamentalement, les deux œuvres sont différentes. Cela dit, sur un plan purement visuel, le premier écrase le second sans aucune difficulté. Les effets-spéciaux sont rarement convaincants, pour ne pas dire complètement foirés et même parfois superbement laids. En exagérant à peine, on pourrait même affirmer qu’on se croirait dans le Van Helsing de Stephen Sommers, tant les incrustations salopées et le design de certains monstres trahissent soit une incompétence manifeste, soit un je-men-foutiste scandaleux. Dans les deux cas, ça craint. Un exemple ? Facile : prenez Tusk, le gros bourrin à la tronche en biais qui accompagne Jeff Bridges partout. Apparemment, la conception de sa trombine a nécessité plusieurs semaines de boulot, mais à l’écran, le résultat ressemble davantage à un masque d’Halloween déjà pas terrible au départ, sur lequel seraient passées une dizaine de bagnoles. Bref, c’est pas brillant.
Heureusement, le film s’avère suffisamment rythmé et court pour faire passer la pilule, si tant est que l’on soit dans de bonnes dispositions et plutôt tolérant et bon public à la base.
Car de l’indulgence, il en faut pour se farcir cette énième histoire d’élu particulièrement stupide, où rien ne vient briser la monotonie, si ce n’est ces combats plutôt bien chorégraphiés et filmés par le réalisateur russe Sergey Bodrov, catapulté pour la première fois à la tête d’un film de studio hollywoodien.

En ce qui concerne les acteurs, nous étions en droit d’attendre de Jeff Bridges et de Julianne Moore qu’ils sauvent les meubles. Au final, c’est limite si ils n’empirent pas les choses. C’est dur à dire, mais la palme revient à Bridges, lui qui nous sert un numéro complètement aux fraises, en forme de parodie poussive et fatiguée de son rôle dans l’excellent True Grit. Dans la lignée de sa « performance » dans l’horrible R.I.P.D., le prestigieux comédien s’en balance, multiplie les mimiques, et au final, ne sauve rien. Pour Julianne Moore, ce n’est guère mieux, tant, comme Bridges, elle nous a largement habitué à mieux et que cette sorcière qu’elle campe, ne se résume qu’à un ramassis miteux de clichés datés et de toute façon mal digérés.
Au final, seuls Ben Barnes et Alicia Vikander semblent heureux et convaincus par la chose. C’est déjà bien, mais loin de suffire, car tragiquement, dès les premières minutes, alors que nous assistons à une apparition éclair de notre Jon Snow de Kit Harington, le film s’enfonce. De temps en temps, l’intérêt est ravivé et on est même tenté d’y croire, avant que tout ne dérape à nouveau et qu’à l’horizon, se profile un dénouement sans intérêt car ultra téléphoné.
De toute façon, on s’en fout depuis longtemps. Si Le Septième Fils racontait quoi que ce soit d’intéressant, ça se saurait… À réserver aux plus jeunes, qui seront cela dit, plus avisés de fouiller pour dégoter un DVD de Willow, histoire de voir à quoi ressemble le vrai cinéma américain d’heroic fantasy.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Universal Pictures International France