Emile Bernard (1868 - 1941), au Musée de l'Orangerie

Publié le 19 décembre 2014 par Mpbernet

L'histoire de la peinture moderne n'a pas été tendre avec Émile Bernard …

Le musée de l'Orangerie lui consacre actuellement une riche rétrospective qui constitue pour moi – qui me pique d'apprécier la peinture de cette période extraordinairement fructueuse -  quasiment une découverte. C'est bien légitime.

Car Émile Bernard, en recherche permanente de l'absolu en peinture, est un peintre prolifique, touche à tout – il produit aussi des critiques d'art et publie des poèmes – qui s'imprègne de tous les styles et influence précocement aussi de grands artistes de son temps.

A 18 ans, il est à Pont-Aven où il fait la connaissance de Gauguin, de 20 ans son aîné. Il y théorise sa conception de la peinture « cloisonniste » qui se caractérise par de grands à-plats de couleurs simples enserrés d'un liseré noir ou bleu de Prusse, à la manière d'un vitrail - ou oserai-je ajouter, une préfiguration de la « ligne claire » en BD ? Une technique dont Gauguin s'empare et qui lui sera attribuée à la place de son jeune concepteur, ce qui provoque une brouille totale entre les deux artistes.

Présentée de façon chronologique, l'exposition permet de suivre les différentes manières d’Émile Bernard : commence par l'impressionnisme, tâte de la manière de Toulouse-Lautrec avec lequel il a étudié en atelier, du pointillisme, du symbolisme, conçoit le cloisonnisme (ou synthétisme), part s'installer 10 ans au Caire où il peint les lumières de l'Orient, voyage à Venise, rencontre Van Gogh, puis Cézanne qu'il admire et selon la manière duquel il peint des natures mortes fortement inspirées du maître provençal, décide de revenir aux classiques de la renaissance italienne – grands formats, nus académiques pas très convaincants.

Passionnante aussi, la série d'autoportraits puisque désormais, je ne pourrai plus regarder ce type de peinture de façon indifférente depuis la lecture de l'ouvrage de Philippe Abastado.

En fin de carrière, revenu à un conservatisme certain et pas seulement en peinture, il critique l'art moderne, ce qui ne lui vaut pas que des amis.

Dommage, car c'est un peintre très doué, mais sans doute n'a-t-il pas choisi de s'en tenir à un style qui lui aurait été propre. A tout prendre, je préfère Félix Vallotton !

Émile Bernard (1868 – 1941) au Musée de l'Orangerie jusqu'au 5 janvier. fermé le mardi