Magazine Culture

Le véritable scandale, c'est le capitalisme lui-même !

Par Alaindependant

« Le gouvernement moderne n’est qu’un comité qui gère les affaires communes de la classe bourgeoise tout entière ».

C'est Marx dans le Manifeste.

Mohamed Belaali poursuit: « L’État n’est donc pas au service de tous, mais sert seulement les intérêts privés de quelques uns. La police, la justice, les préfets, les députés, les ministres etc. ne sont pas les représentants de toute la société. Le président de la République n’est pas le président de tous les français. Le président gère l’État contre l’intérêt général au profit de l’intérêt particulier, celui de la classe dominante. Et plus il sert les intérêts de la bourgeoisie, plus il s’éloigne de ceux des classes populaires. »

Qu'elle est donc jolie la République bourgeoise !

« République bourgeoise » ? Mais c'est encore du Marx !

Et l'on essaie encore de nous faire prendre des vessies pour des lanternes !

Michel Peyret


France : Qu’elle est jolie la république bourgeoise ! (Acte 2)

Mohamed Belaali21 avril 2013

France : Qu'elle est jolie la république bourgeoise ! (Acte 2)
Après la « République irréprochable » de Sarkozy, voici « la République exemplaire » de Hollande. La réalité de la République, aujourd’hui comme hier, contraste tristement avec les déclarations de l’un et de l’autre président. Les scandales financiers et les affaires de corruption qui mettent en cause les membres de leurs gouvernements respectifs ont tendance à se perpétuer. Et au moment où l’on exige de la population des sacrifices de plus en plus lourds, de plus en plus insupportables, au moment où les chômeurs et les précaires se comptent par millions, les représentants de la bourgeoisie, eux, se permettent de « planquer leur magot » dans les paradis fiscaux, se servent abondamment dans les caisses de l’État et jouissent d’innombrables privilèges.

De Christine Boutin à Eric Woerth en passant par Christian Blanc, Christian Estrosi, Alain Joyandet etc., la liste des ministres du gouvernement Sarkozy impliqués dans des affaires est longue [1].

Le gouvernement actuel qui n’a même pas un an d’existence est déjà secoué et ébranlé, en attendant d’autres révélations, par le séisme Cahuzac. Il ne s’agit là bien évidemment que de quelques exemples qui ne doivent pas masquer le caractère récurrent et structurel de la corruption qui règne dans les plus hautes sphères de l’État. Car les scandales financiers, corruption, privilèges et autres affaires, sont intimement liés au fonctionnement même du système capitaliste qui les produit et reproduit de manière permanente.

« Le gouvernement moderne n’est qu’un comité qui gère les affaires communes de la classe bourgeoise tout entière » [2]. L’État n’est donc pas au service de tous, mais sert seulement les intérêts privés de quelques uns. La police, la justice, les préfets, les députés, les ministres etc. ne sont pas les représentants de toute la société. Le président de la République n’est pas le président de tous les français. Le président gère l’État contre l’intérêt général au profit de l’intérêt particulier, celui de la classe dominante. Et plus il sert les intérêts de la bourgeoisie, plus il s’éloigne de ceux des classes populaires.

La corruption, elle aussi, remplace l’intérêt public par l’intérêt privé. Elle efface les frontières entre les deniers publics et les revenus privés. Les hommes et les femmes politiques sans scrupules peuvent ainsi se servir, avec un sentiment d’impunité, dans les caisses de l’État comme s’il s’agissait de leur propre patrimoine ! La corruption nie et méprise le principe de transparence et permet à une seule et même classe sociale, par le biais de l’État, d’accéder d’une manière occulte et illégale aux ressources publiques.

Le scandale Liliane Bettencourt, la femme la plus riche de France, illustre d’une manière éloquente cette proximité et cette confusion des intérêts de la grande bourgeoisie et du pouvoir politique. Celui-ci doit être au service de celle-là. L’ex-ministre du budget, Eric Woerth, était soupçonné, via sa femme qui gérait les dividendes de la milliardaire, de conflit d’intérêt. Mme Bettencourt a avoué de son côté posséder des comptes à l’étranger et toute une île aux Seychelles non déclarés au fisc.

La collusion des intérêts du capital et ceux de l’État trouve ici son expression la plus éclatante : Le pouvoir politique met l’État à la disposition du pouvoir économique qui, en échange, finance entre autres ses campagnes électorales. Eric Woerth était le trésorier de l’UMP et le financier du système Sarkozy. C’est lui qui était chargé de récolter les fonds auprès des grosses fortunes au profit du président de la République. On comprend mieux, dans ces conditions, pourquoi Sarkozy tenait absolument à soutenir « totalement et complétement » son ministre du travail et pourquoi il désirait que Liliane Bettencourt reste en France :« Je ne veux pas qu’elle foute le camp en Suisse » disait-il.

Rappelons tout de même que c’est ce même ministre qui a conduit, au nom du gouvernement, la bataille de la destruction du système de retraite par répartition. Lui, le bourgeois, qui vit dans l’opulence, exige des salariés de travailler toujours plus pour une pension de misère !

Et c’est ce même gouvernement qui a toléré que des milliers de familles bourgeoises « très patriotes », dont il possède la liste, « planquent » scandaleusement leur magot à l’étranger pour échapper au fisc. Les intérêts de l’État,donc d’une infime minorité, sont incompatibles avec ceux de l’immense majorité de la population.

En novembre 2010, Eric Woerth démissionne de son poste de ministre du travail après avoir perdu celui du budget. Il sera mis en examen en février 2012 pour « trafic d’influence passif et recel de financement illicite de parti politique ».

Tous les gouvernements bourgeois, avec des différences de degré et non d’essence, sont corrompus. Mais sous le régime de Sarkozy, les affaires fleurissaient et se banalisaient plus facilement. C’est que Sarkozy aime l’argent, le luxe, l’apparat, le cérémonial et n’hésitait pas à étaler ostensiblement, dans une république affaiblie, les fastes d’un pouvoir quasi monarchique. Sa fascination pour les riches n’a d’égale que son mépris pour les pauvres.

En avril 2007, Nicolas Sarkozy avait promis une « République irréprochable », une « démocratie moderne qui sera exemplaire au regard du monde ». Dans la réalité, il a laissé derrière lui une république corrompue et une démocratie entièrement livrée au capital et aux parasites spéculateurs sans foi ni loi.

Le 21 mars 2013, Nicolas Sarkozy est mis à son tour en examen par le juge d’instruction Jean-Michel Gentil pour « abus de faiblesse » dans l’affaire Bettencourt.

Hollande dont l’admiration pour l’austérité et le mépris pour les classes populaires sont sans bornes a placé Jérôme Cahuzac, son homme de confiance, au cœur de sa politique économique. Cahuzac, ministre du budget, comme Woerth, est ainsi devenu le symbole de l’austérité. Il était l’incarnation, le visage hideux de la politique de rigueur chère aux sociaux-démocrates.

Le 2 avril 2013, Jérôme Cahuzac avoue ce qu’il niait publiquement depuis des mois y compris dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Il est mis en examen « pour blanchiment de fraude fiscale », lui, qui était pourtant chargé de lutter contre cette même fraude ! Cahuzac est à l’image du Parti Socialiste qui se réclame toujours en théorie du socialisme démocratique et mène dans la pratique des politiques libérales très éloignées des intérêts des classes populaires.

Le scandale Cahuzac est le reflet de cette politique conduite par la social-démocratie au profit de la bourgeoisie dont elle sert les intérêts avec un zèle singulier. Car la collaboration de classes est une constante dans l’histoire de ce courant politique [3].

Le scandale Cahuzac n’est pas une affaire de morale, mais le produit d’un système économique dont les intérêts de classes constituent son fondement matériel. La morale n’a pas d’existence propre. Elle dépend des conditions matérielles qui la produisent. Elle est l’émanation des activités économiques, des comportements matériels des hommes. Lutter contre les scandales, les affaires, les fraudes etc., en invoquant la morale est une illusion et par dessus le marché une hypocrisie. Toutes ces gesticulations autour de « la moralisation de la vie publique », de « la nécessité d’une lutte implacable contre les dérives de l’argent, de la cupidité et de la finance occulte », de « la transparence de la vie publique », de « la lutte contre la grande délinquance économique et financière » etc. [4] ne sont que des balivernes idéalistes derrière lesquelles la social-démocratie tente de dissimuler sa véritable nature, un instrument au service du capital.

La classe ouvrière, qui ne demande qu’à travailler pour survivre, découvre que ceux qui lui imposent toujours plus de sacrifices possèdent des patrimoines sans commune mesure avec ce que peut gagner et épargner un smicard. Combien de siècles de labeur et de souffrance au travail faut-il à un ouvrier pour atteindre le patrimoine des riches ministres du gouvernement « socialiste » ?

On peut adopter les lois que l’on veut contre la corruption, les affaires et les privilèges, mener toutes les enquêtes possibles, on peut même diminuer et limiter leur importance, mais on ne peut pas les éliminer. Car leur existence et celle du capitalisme sont tellement imbriquées l’une dans l’autre que l’on ne peut supprimer l’une sans éliminer l’autre. Les lois et les mesures prises pour lutter contre la corruption ne sont que des paravents derrière lesquels la bourgeoisie dissimule ses forfaits. Le problème n’est donc pas l’existence de la corruption, des scandales financiers, des affaires et autres privilèges, mais celle du capitalisme qui les engendre. Il y a eu dans le passé des scandales, il y a aujourd’hui des scandales et il y aura dans l’avenir d’autres scandales tant que ce système existe.

Le véritable scandale, c’est le capitalisme lui-même.


[1] Il s’agit, entre autres, des 9 500 euros mensuels de Christine Boutin pour une obscure mission sur la mondialisation, des 12 000 euros des cigares de Christian Blanc, les hôtels particuliers de l’ex-ministre de l’industrie Christian Estrosi ou les 116 500 euros d’Alain Joyandet pour un aller/retour à la Martinique sans parler de son permis illégal pour agrandir sa maison près de Saint-Tropez. Rappelons pour mémoire que Jacques Chirac a été condamné par la justice à deux ans de prison avec sursis en 2011. Alain Juppé condamné lui aussi par le tribunal de grande instance de Nanterre, à dix-huit mois de prison avec sursis et dix ans d’inéligibilité, le 30 janvier 2004. Charles Pasqua condamné à plusieurs reprise dans plusieurs affaires. Jean-Marc Ayrault condamné en 1997 à six mois de prison avec sursis pour « favoritisme » et « réhabilité » en 2007, etc. etc.

[2] K. Marx et F. Engels « Manifeste du parti communiste ». Éditions en langues étrangères. Pekin, page 35.

[3http://www.belaali.com/article-social-democratie-et-collaboration-de-classes-50152165.html

[4] Voir la déclaration du président de la République :
http://www.elysee.fr/declarations/article/declaration-du-president-de-la-republique-4/


Retour à La Une de Logo Paperblog