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Et si nous parlions du tourisme dentaire ?

Publié le 18 décembre 2014 par Fabien

Conséquence de la crise économique, le tourisme dentaire, nouvelle branche du tourisme médical, est en pleine expansion, alors que près d'un Français sur dix renonce à aller se faire soigner les dents faute de moyens. C'est d'abord en Espagne, au Maroc et en Tunisie, puis, plus récemment, en Hongrie et dans les Balkans que le secteur s'est développé, et il s'agit là d'un véritable enjeu économique pour des pays dont les professionnels de la santé sont souvent tentés par l'émigration vers des pays plus fortunés. Chaque année, des milliers de Français partent, par exemple, se faire poser un implant dentaire à l'étranger, attirés par cette médecine « low-cost » qui leur fait miroiter des économies substantielles. Une couronne à moins 70 %, une prothèse à moitié prix, les sites internet proposent des prix toujours plus bas, chaque pays étant en concurrence avec les autres. Depuis peu, les dentistes serbes affichent des tarifs encore plus compétitifs que ceux de leurs voisins hongrois, alors même que la Serbie souffre d'un exil massif de ses praticiens de santé.


Ces prix attractifs ont donc de quoi séduire de nombreux patients français, mais, avant de décider de partir confier leurs dents à un dentiste à l'étranger, il leur reste certains éléments certains à prendre en considération


1 - Contrairement aux idées reçues, la majorité des dentistes français ne pratiquent pas des tarifs abusifs. Certes, les opérations les plus coûteuses, comme les poses de prothèses dentaires, ont fait l'objet d'une polémique, mais il faut aussi prendre en compte le fait que la plupart des actes médicaux qu'effectuent les dentistes français leur rapportent beaucoup moins, alors que leurs frais restent les mêmes. Ces frais généraux sont aussi à mettre en rapport avec le coût de la vie, bien supérieur en France à ce qu'il peut être dans d'autres pays où le salaire moyen est jusqu'à trois fois inférieur. Si les patients sont donc tentés d'aller voir ailleurs, ce n'est donc pas parce que leurs dentistes habituels sont « chers », mais tout simplement parce qu'il n'en ont plus les moyens. Un implant dentaire facturé à 600€ (dont moins de 80€ sont remboursés par la sécurité sociale) est pour de nombreux patients hors de prix, quand ils ont la possibilité d'obtenir un service similaire pour un tarif bien inférieur.


2 - La pose d'implants dentaires fait partie de ces « produits phares » dont les cliniques low-cost se servent pour attirer leurs patients. Cette pièce, ancrée dans la mâchoire, peut pourtant être d'une qualité variable, et, en France comme ailleurs, le patient peut exiger de vérifier sa provenance. Les produits importés de Chine ont une mauvaise réputation, et ils sont pourtant utilisés (du fait de leurs prix dérisoires) dans les pays d'Europe de l'Ouest comme ils peuvent l'être dans les pays jouant la carte du tourisme médical. Un gage de sécurité pour le patient est de s'assurer que son implant provient d'un producteur reconnu partout pour sa qualité, du type Straumann ou Nobel Biocare. En théorie, un passeport implantaire est remis à chaque patient (et il est fort conseillé de s'assurer que la clinique délivre bien ce type de document) : il recense toutes les informations nécessaires pour identifier l'implant.


3 - Chaque opération médicale comporte des risques. Néanmoins, il est plus facile, en cas de problème, de porter plainte devant l'Ordre des chirurgiens dentistes français, mais aussi de prendre ses précautions en contactant, avant un voyage, sa complémentaire santé. La prise en charge du suivi d'une opération, mais aussi de l'opération elle-même, dépend par ailleurs du type de soin pratiqué et du pays dans lequel il est effectué.


4 - Par ailleurs, il est indispensable que les patients tentés par le tourisme dentaire fassent preuve de prudence, aussi bien par rapport à la clinique où ils ont l'intention d'être traités qu'en ce qui concerne l'organisation de ce voyage d'un genre bien particulier. Prendre le temps de contacter le personnel soignant, ne pas hésiter à demander des informations précises sur la formation suivie par les implantologues et autres praticiens ne sont que des conseils de bon sens, mais il ne faut pas non plus « hésiter à se montrer hésitant » : demander des copies de diplômes, contacter d'anciens patients, et réfléchir à deux fois si ces informations sont communiquées avec retard ou hésitation. De plus, il est préférable de prévoir un séjour relativement long et de consacrer du temps pour le suivi des soins, en revenant consulter le dentiste pour s'assurer que tout est en ordre.


5 - Dans la majorité des cas, les dentistes engagés par ces cliniques low-cost sont des praticiens expérimentés, qui respectent les mêmes normes que celles qu'ils devraient observer s'ils décidaient de s'installer en Allemagne, en France ou aux États-Unis. C'est pour eux la possibilité de continuer à exercer dans leur pays natal ; c'est aussi, pour leurs patients, l'occasion d'accéder à des soins de qualité auxquels ils ne pourraient pas avoir accès chez eux.



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