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Tour de plume, Caroline Deyns

Publié le 18 décembre 2014 par Antigone

tourdeplume

 "Monsieur H. tapote sur sa poitrine à la recherche de son stylo-plume. Il est là, fidèle, sous le pull, accroché à la poche de sa chemisette. Ce stylo, c'est sa femme qui lui en a fait cadeau, il y a très longtemps. Comme ça, sans occasion, parce qu'elle n'aime pas les prétextes. Rien que les textes, c'est ce qu'elle lui avait dit en le lui offrant. Elle voulait qu'il écrive avec. En écrivain bien entendu. Parce qu'il en avait la prétention à cette époque-là. Comment pouvait-il en être autrement ?"

La librairie de monsieur H est de celles dans lesquelles on aime fureter, car elle recèle de nombreux trésors, et son propriétaire connaît ses livres et ses références sur le bout des doigts. Quel bonheur pour les clients et avides lecteurs ! Oui, mais ce que monsieur H n'avoue pas c'est son envie de devenir écrivain, qu'il cache en lui comme une plaie ouverte. En effet, il n'a encore jamais écrit de roman, et même le précieux stylo qu'il utilise quotidennement n'a pas eu ce pouvoir magique, depuis son arrivée, de faire naître par sa plume l'écriture. Un jour, Isis franchit les portes de cette librairie, en recherche d'un chemin, et s'empare du stylo. L'objet passera ensuite de mains en mains, racontant à sa manière de bien curieuses histoires...

Lorsque l'on rentre dans Tour de plume, on est loin d'imaginer la ronde auquelle on va assister. Je pensais m'installer tranquillement, et pour de nombreuses pages, avec monsieur H dans sa librairie, mais non. Des personnages plus ou moins esquissés embarquent très vite le stylo du libraire et c'est l'objet que l'on suit ensuite avec calme ou agitation, selon les humeurs de chacun. On découvre ainsi une adolescente éthérée, un homme solitaire, une femme recluse, une petite bourgeoise révoltée et un écrivain blessé. J'ai été déstabilisée par le principe et au départ peu séduite par l'écriture de Caroline Deyns. Puis, l'intrigue s'arrête longuement chez Sybille, lectrice obèse et compulsive, et j'ai à ce moment précis été vraiment embarquée par la fluidité des mots de l'auteure. Lorsqu'elle évoque cette femme, effectivement alors, son talent d'écriture est évident... Avec Emma également, le personnage suivant, la beauté du texte enchante. Il est un peu dommage de retomber en fin de lecture sur ce qui avait moins plu au départ. J'ai un peu regretté l'inégalité de ce texte, qui alterne de très beaux passages avec quelques petites scènes moins réussies. Ce titre est cependant un premier roman. A suivre, donc.

Editions Philippe Rey - 8.50€ - 30 octobre 2014


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