Titre original : True Lies
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : James Cameron
Distribution : Arnold Schwarzenegger, Jamie Lee Curtis, Tom Arnold, Bill Paxton, Tia Carrere, Eliza Dushku, Charlton Heston, Art Malik…
Genre : Action/Comédie/Remake
Date de sortie : 12 octobre 1994
Le Pitch :
Harry Tasker mène une double-vie. Sa femme et sa fille le prennent pour un gentil représentant en informatique inoffensif et souvent absent, mais la vérité est tout autre. Harry est en fait un agent secret envoyé aux quatre coins du monde pour contrecarrer les plans des terroristes de tout bord. Une situation de plus en plus difficile à gérer pour cet homme décidément débordé…
La Critique :
À jour, True Lies marque la dernière collaboration de James Cameron et d’Arnold Schwarzenegger, après que le premier ait largement contribué à mettre en lumière le second, avec Terminator, puis participé à sa consécration ultime avec Terminator 2. Ultime, True Lies l’est d’ailleurs à plus d’un titre, comme l’attestait si justement la promo à l’époque de sa sortie, qui affirmait donc qu’il s’agissait là du film d’action ultime.
On parle ici d’une authentique bombe à retardement. Du croisement parfait entre le pur trip d’espionnage à la James Bond et le film d’action old school à la Commando. Le tout orchestré par un des faiseurs d’images les plus doués de sa génération, alors pas encore obnubilé par les fonds marins et par les us et coutumes des Na’vis auxquels il se consacre depuis la fin des années 2000 avec un dévouement tout à fait caractéristique de sa démarche artistique quasi-obsessionnelle.
Arnold Schwarzenegger pour sa part, tenait bien évidemment la grande forme, tant sur un plan physique qu’au niveau d’un jeu d’acteur alors complètement maîtrisé, qui apparaît plus nuancé car nourri d’un second degré parfaitement cadencé. De là à dire que Cameron est l’un des seuls à avoir su diriger Arnold de manière à véritablement faire ressortir sa propension à mêler avec goût et audace humour et attitude badass, il n’y a qu’un pas qu’on peut allègrement franchir sans vergogne.
Et dire que tout est parti de La Totale !, la comédie bien franchouillarde de Claude Zidi avec Thierry Lhermitte et Miou-Miou. Un film dont il ne reste pas grand-chose si ce n’est la double identité du personnage principal et une idée générale totalement remixée par Cameron pour coller avec les codes du blockbuster à l’américaine, afin de livrer un spectacle total, aussi drôle que percutant quand il appuie sur le champignon et fait parler la poudre.
Là est la force de True Lies : avoir su rebondir sur La Totale !, pour s’en éloigner et explorer ses propres pistes narratives. Du coup, et c’est suffisamment rare pour le souligner, le remake surpasse (de loin) l’original, sur tous les plans. True Lies est bien sûr non seulement plus impressionnant sur un plan visuel, mais aussi beaucoup plus drôle que le Claude Zidi. Un constat qui ne plaira peut-être pas aux fervents défenseurs de La Totale ! (qui ne démérite pas pour autant) mais qui s’impose rapidement à la vision du festival de tonton Cameron et du Chêne Autrichien.
True Lies, sur le papier, promet beaucoup. À l’écran, c’est du non-stop. Quand rien n’explose, l’humour assure le show avec une audace remarquable. Un aspect comique inhérent à la formidable alchimie entre Schwarzie, Tom Arnold, Bill Paxton et l’incontournable Jamie Lee Curtis. Arnold et Tom Arnold se posent comme les vecteurs des codes ici si savoureusement relayés, du buddy movie , alors que le couple glamour formé par Schwarzenegger et l’ex-scream queen, Jamie Lee Curtis, nourrit de sa formidable énergie et de sa pertinence, le côté comique d’une relation basée sur des faux-semblants rappelant quant à eux le vaudeville à la française, lorgnant alors vers la dynamique de La Totale ! et bouclant ainsi une bien belle boucle et illustrant quoi qu’il en soit, le profond respect de Cameron pour le classique de Zidi.
Parcouru de nombreux morceaux de bravoure, True Lies se pose comme l’expression ultime (oui encore ultime) de la virtuosité de James Cameron. On pense là à l’explosion de la bombe atomique, à la poursuite à cheval qui se termine en haut d’un immeuble, de la fusillade dans les toilettes d’un hôtel et bien sûr, à l’incroyable séquence finale qui voit Arnold prendre les commandes d’un avion à réaction afin d’aller sauver sa fille retenue prisonnière dans un building du centre-ville. N’ayant jamais peur d’en faire trop mais se souciant plutôt de faire bien, True Lies pousse tous les compteurs dans le rouge. Une tendance no limit qui lui confère une universalité probante, dont le principal effet secondaire est de le protéger des effets du temps.
20 ans après sa sortie, grâce notamment à une réalisation basée sur un maximum de décors en « dur » et non sur une profusion d’images de synthèse (vu l’époque c’est normal), True Lies conserve son statut de classique de l’action. Rien n’apparait vraiment daté. Au contraire même, tant le long-métrage sait prendre de la valeur au fil des multiples visionnages, allant carrément jusqu’à ringardiser bon nombres de productions plus modernes.
Sauvage, brutal, hilarant, sans cesse inspiré, True Lies est également rythmé à la perfection. Les punchlines sont parfaites, le timing ciselé et les acteurs parfaitement droits dans leurs bottes. Dans le jargon, on appelle ça une méchante claque.
@ Gilles Rolland