Un nouveau portrait réalisé avec l’instrument OSIRIS de Rosetta dépeint la comète Churyumov-Gerasimenko en couleur telle qu’un œil humain pourrait l’apprécier.
Depuis le 6 août 2014 que Rosetta escorte la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko (surnommée « Chury ») entre 100 et 5 km seulement du centre du noyau, nous avons pris l’habitude de faire sa connaissance à travers les images en noir et blanc prises par la caméra de navigation, NavCam, de la sonde spatiale européenne (ESA). Or, aussi surprenant que cela puisse paraître, cet astre riche en glace et en poussières « qui apparait gris (est) en réalité presque aussi noir que du charbon », rappelle Holger Sierks, chercheur principal au MPS de l’Institut Max Planck. En effet, avec un albédo d’environ 5 % et une position, ces derniers mois, aux portes du Système solaire interne, au-delà de l’orbite de Mars — actuellement à 411 millions de km du Soleil (2,7 UA), le corps glacé reçoit beaucoup moins de lumière que la Terre —, aussi faut-il allongé les temps d’expositions et traitées les images de façon à mettre en relief sa surface dans toutes les nuances de gris. Les régions en blanc sont en réalité les plus claires de cette « boule de neige sale ».
À présent, un nouveau portrait nous propose de découvrir 67P/C-G sous un autre jour, habillée cette fois de ses véritables couleurs, telle que nous nous pourrions la voir de nos propres yeux si nous avions la chance d’être sur place… Et bien, elle nous apparaitrait grise mâtinée de subtiles touches de vert… Plus sombre aussi.
Cette image mosaïque récemment rendue public réunit trois clichés réalisés à travers les filtres rouge (744 nm de longueur d’onde), vert (536 nm) et bleu (481 nm) d’OSIRIS (Optical, Spectroscopic and Infrared Remote Imaging System), une suite d’instruments d’une résolution supérieure à la Navcam équipée de 25 filtres, dont les productions sont malheureusement assez peu divulguées.
Sur le blog officiel de la mission, les chercheurs expliquent qu’une longue période fut nécessaire pour traiter les données et gommer les « coutures » qui joignent chaque photo de cette composition. Capturées avec la caméra NAC (Narrow Angle Camera) le jour d’arrivée de Rosetta à environ 120 km de distance, il faut en effet tenir compte de la rotation de la comète laquelle modifie progressivement l’éclairage et décale chaque vue l’une par rapport à l’autre.