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L’interview: Edouard De Nazelle, Veuve Clicquot dans la peau

Par Jsbg @JSBGblog

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Quoi de plus symbolique de cette période de fin d’année dans laquelle nous entrons que le champagne? Parmi les différentes maisons produisant le festif breuvage, certaines portent des noms dont le prestige et la renommée sont entrés dans l’imaginaire collectif. Parmi celles-ci, Veuve Clicquot, une marque qui appartient aujourd’hui au groupe LVMH et produit annuellement 8 millions de bouteilles.

Fondée en 1772 à Reims, sa légende est véritablement née en 1805, date du décès de son fondateur. C’est à ce moment que madame Barbe-Nicole Clicquot Ponsardin, sa veuve,  reprit à seulement 27 ans les rennes de la Maison. Elle devient donc la première femme à diriger une entreprise de cette taille. Une femme d’affaires de l’époque moderne, devenue depuis « La grande Dame de la Champagne ».

Aujourd’hui c’est un homme qui est à la tête de cette belle maison: Edouard de Nazelle, descendant direct d’Edouard Werlé (l’homme à qui Madame Clicquot légua elle même son business). Un personnage haut en couleurs, qui enchante tous ceux qui croisent son chemin. Cet homme, nous avons eu la chance de le rencontrer lors du tournoi annuel de golf de l’Omega European Masters, à Crans-Montana.

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JSBG – Comment vivez-vous ce 5ème partenariat avec le tournoi Omega European Master ?
Edouard De Nazelle – Bien, il fait beau ! C’est un endroit magique. Il y a pas loin de 50 ans j’étais en classe ici au home d’enfants les Coccinelles. Je ne suis pas beaucoup revenu depuis, ça ne me rajeunit pas mais c’était « rigolo », j’en ai de bons souvenirs. C’est un tournoi qui est sympa, c’est une fête, et le golf est un sport que j’aime beaucoup personnellement.

Vous en jouez vous-même n’est-ce pas? 
Je joue oui, mais certainement pas au même niveau que les athlètes présents aujourd’hui. Alors j’en ai profité pour faire un petit tour ce matin, c’était très intéressant de voir le travail que notre association a réalisé. La mise en avant de la marque avec les couleurs, tout ce coté un peu fantaisie qu’on a, je trouve que ca ressort très bien dans le village.

Justement, comment faites-vous pour ancrer un maison vieille de presque 300 ans dans la modernité ? 
Je vais citer une phrase de Bismarck : « La tradition ce n’est pas remuer les cendres, mais attiser les braises. » Je pense que dans les années 80, quand on a décidé de booster un peu Clicquot, on avait ce slogan: « Sans folie l’homme, est plus petit ». Il faut à un moment une touche de folie ; le champagne c’est la fête, c’est la joie! Je pense qu’il faut s’enrichir du passé, mais il ne faut surtout pas y rester car l’on se coupe du monde. Le monde évolue, c’est à nous d’être dans le timing de l’horloge. Je pense aussi qu’il faut savoir et ne pas avoir peur de se remettre en question. Souvent quand on ne bouge pas, quand on a peur du futur, on ne fait rien. Nous on aime faire les choses, on aime bouger, on aime changer. Mais ce qu’il ne veut pas dire qu’il faut changer pour changer, il faut changer parce qu’il y a quelque chose de plus fun. Et plus il y a des changements, plus il y a du fun ! Donc si on reste toujours à faire la même chose, on n’est plus dans la mode. On dit souvent qu’une montre, qui est cassée, montre avec exactitude l’heure 2 fois par jour. Si on faisait rien, on donnerait peut être deux fois par an la bonne heure. Ce qu’on veut c’est être cette une montre qui marche ! On veut donner le ton, et le temps. Pour ce faire, il faut être créatif, il faut se bouger, il faut se cracher dans les mains. Bien évidement dans tous les métiers il faut travailler, sinon c’est l’entreprise qui meurt. Et puis quand on ne génère pas suffisamment d’intérêt et bien on vend moins bien. Si on vend moins bien, on a moins de sous. Si on a moins de sous on paye moins les gens. Donc il faut maintenir ce potentiel initial vraiment élevé.

Vous parlez de créativité, la couleur orangée si énergique de Veuve Clicquot en fait-elle partie ? 
La couleur date de l’époque de madame Clicquot. Cette couleur il faut en jouer, c’est l’un des éléments très marquants. Forts de cette couleur, on a su la décliner. On a vu dans la rue le fameux banc fait avec des snowboards. Oui il y a la couleur, mais il y a l’idée. On aurait fait un banc jaune, c’était un banc jaune. Là, un banc fait avec deux snowboards, c’est génial ! Et ce qu’il y a de bien dans cette maison c’est qu’il y a beaucoup da créativité. On n’a pas peur on ne reprochera jamais à quelqu’un d’être délirant. Il faut générer du fun! C’est ce travail là qui est important. On ne peut pas se reposer, mais on aime ce qu’on fait. Donc à la limite ce n’est pas du travail quand on vit sa passion. C’est ça qui est bien.

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Comment fait-on pour garder une qualité gustative d’un champagne tout en assurant une diffusion mondiale? 
Veuve Clicquot élabore son vin et achète les raisins à de clients fidèles depuis longtemps, qui sont surveillés de très près pour avoir une bonne matière première et pouvoir bien travailler. Nous on a la chance d’avoir cette bonne matière première. Après effectivement il faut des outils adéquats. Si vous faites un diner chez vous, et que vous êtes toute seule à servir 5 personnes, ca va très bien se passer. Si vous avez 60 personnes, vous ne pourrez pas vous en sortir correctement. Le vin, c’est aussi comme ça. Quand on fait du volume, il faut qu’à chaque étape on ait les outils permettant de maintenir la qualité au plus haut niveau, qu’on puisse garder tous les vins dans des conditions optimales. Pour cela, on a une des, pour ne pas dire la plus belle cuverie de la champagne. À tous le niveaux, de l’élaboration à l’expédition, on fait en sorte de se donner les moyens d’être à la hauteur de l’image que l’on veut donner. Après le goût c’est une affaire personnelle. Mais il y a une différence entre « je n’aime pas» à «c’est pas bon». La maison Clicquot à un style plutôt puissant, assez marqué. Ce sont des proportions de 2/3 de raisins noir pour 1/3 de raisin blanc. On a ainsi une certaine force, une certaine puissance. C’est très agréable, c’est un style que j’aime bien. Ce qui n’empêche pas que j‘apprécie de temps en temps un très bon blanc de blancs. Nous n’en faisons pas mais il y a d’autres maisons qui en font très bien, comme par exemple Ruinart. Le secret pour avoir une qualité et un vin sans reproche à offrir à nos clients se cache derrière un gros travail et beaucoup d’exigence. Et nous sommes intransigeants avec cela.

Qu’elle est votre pus belle histoire avec Veuve Clicquot ? 
Il y en a beaucoup vu que j’y ai pratiquement consacré ma vie. Je suis dans la maison depuis 30 ans, sans compter les 25 premières années de ma vie où j’y ai aussi baigné, puisque Clicquot est une maison familiale. C’est une maison que j’ai toujours adoré. D’abord le vin en lui même et surtout l’image que la maison représente, avec ce coté très social. Ça a toujours été un vin des rois, on fournissait toutes les cours royales du monde. Au cours de la vie de la maison, la philosophie « une seule qualité la toute première » n’a jamais varié. Aujourd’hui le groupe LVMH nous a aussi donné les moyens de travailler et de pérenniser cet état. Ce qui fait qu’aujourd’hui on voit le succès du Champagne Veuve Clicquot. C’est extraordinaire. On s’amuse beaucoup et on ne se donne pas de limites, c’est qui est « rigolo ». C’est un peu mon esprit en même temps, donc je m’y sens bien.

 

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Un pertinent questionnaire selon JSBG:

  • Quel est votre plus grand vice? La gourmandise. J’aime bien tous les produits bruts, nature.
  • Qu’est-ce qui vous fait peur? D’être en mauvaise santé, la maladie.
  • Vivre au 21ème siècle: plus facile ou plus difficile qu’avant? Sur certains cotés c’est plus facile. Mais aussi plus difficile surtout au niveau des rapports humains.
  • Vous êtes plutôt Facebook ou Twitter? Facebook parce que je n’ai pas Twitter.
  • Qu’est-ce que vos parents vous ont légué de plus précieux? Une éducation, un amour familial.
  • Quelle serait la bande-son de votre vie? « Pop Goes the World », du groupe Men Without Hats
  • Où vous voyez-vous dans 10 ans? Ici. Encore chez Clicquot, à couvrir des évènements. Encore au travail.

Merci Edouard!

Rosalie Grobet

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