The Populists – Soft Power EP
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Souvenez-vous, il y a deux ans de cela, Yan Wagner nous susurrait sur son premier album « Something in the air has changed, the buildings are not the same ». Etait-ce prémonitoire ? Une annonce déguisée d’un virage musical ?
A la sortie du premier EP de son side project The Populists, la coïncidence nous paraît fort douteuse…
Poulain de l’électro au visage angélique et impassible, lui-même incarnant l’esthétique 80’s qui l’inspire tant, Yan Wagner avait fait une apparition remarquée en 2012. De suite couvé par le tonton de l’électro Arnaud Rebotini, ses productions éclectiques s’étaient emparées des salles parisiennes. Il avait sorti de fabuleux remixs, insufflant l’énergie techno nécessaire à l’envol de tracks, telles que la prod’ de Château Marmont, « Les Collines » d’Alizée et la sexy « Princess » de la Néo-Zélandaise Leno Lovecraft. Pour la sortie de son premier album intitulé Forty Eight Hours, Yan s’était entouré de cadors tel que Etienne Daho en featuring sur le titre « The Only One »
On savait déjà que la musique de Yan Wagner était fortement influencée par le Krautrock et ses beats saccadés tranchants comme du verre. Ici, c’est bien à ses premiers amours qu’il revient à travers The Populists. A l’instar de son premier album où il s’occupait à la fois des lyrics et des instrus, Wagner s’occupe cette fois des fondamentaux et abandonne les paroles pour se concentrer uniquement sur la composition. La musique du brun ténébreux perd ainsi en lyricisme mais gagne en intensité.
The Populists offre une approche quasi chirurgicale de l’électro, un EP incisif où chaque son semble disséqué à la manière de Dopplereffekt. La très forte influence du groupe de Detroit sur le side project de Yan Wagner est particulièrement mise en abîme dans son remix de David Carretta « The Intruders« , track qui se rapproche de l’hypnotique morceau « Pornoactress« . La comparaison ne s’arrête pas là: ils reprennent un thème cher à la techno music, initialisé par Kraftwerk: la suprématie des machines sur les hommes.
A travers son nouveau nom de scène, on s’attendait à ce que Yan compose une musique électronique engagée, teintée d’un vent de révolution. Dans cet opus, il n’est cependant pas question de révolte des hommes contre l’ordre établi, puisque ce sont les machines qui dominent. Cette symbolique de la politique et de la dictature est récurrent: Arnaud Rebotini, le mentor de Yan Wagner, a lui aussi de nombreuses fois à travers des morceaux équivoques comme « Another Dictator » métaphorisé dans sa musique cette même idée.
Le choix de Yan est souligné par l’absence de vocals, les seules présentes et retravaillées sous l’œuvre estampillée The Populists sont les paroles du remix de Carretta: elles y sont robotiques et en perdent toute humanité.
« Soft Power » le démontre assez bien, l’autorité doit être respectée mais elle se fera sans haine, ni violence puisque ce sont les machines qui gouvernent, « The taste of blood to come » aux sonorités New Wave nous rappelle le morceau « Empathy » de Crystal Castles et enfonce le clou: l’humanité ne s’en sortira pas puisque la suprématie des robots est inévitable.
« Mass Effect« est quant à lui, dès les premières notes, un morceau aux consonances intergalactiques, sans doute un clin d’œil au label de The Populists, Space Factory Records.
Sous couvert d’une abnégation des humains sur les machines, la réelle signification des morceaux de The Populists prend forme sur le dancefloor, la musique est tellement lancinante qu’elle ne peut que prendre contrôle des corps des clubbers, guidés par le beat obsédant des productions de Yan Wagner. En effet, Soft Power est un EP à écouter la nuit, c’est là qu’il prend tout son sens.
Mais les machines n’ont peut être pas gagné… puisque Yan l’assure, son projet éponyme n’est pas fini et, promis, on entendra sans doute bientôt sa voix rauque et virile regagner les dancefloors…
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Arnaud Rebotini, Dopplereffekt, Forty Eight Hours, Krautrock, Leno Lovecraft, New Wave, Soft Power, something in the air has changed, Techno, The Populists, Yan Wagner