Dean Blunt

Dean Blunt

Black Metal

(Rough Trade)

Il m’aura fallu un peu de temps avant de parler du nouvel album de Dean Blunt, Black Metal, écrin d’avant-garde pop qui ose faire le grand écart avec ses précédents travaux. Moitié de Hype Williams aux cotés d’Inga Copeland, Dean Blunt fait entrer la lumière et l’émotion dans les compositions de Black Metal, délaissant le tout experimental de The Redeemer pour un disque à la beauté fascinante. Depuis longtemps on sentait chez cet artiste inclassable, un goût certain pour la pop, au sens premier du terme, semant à travers ses différents travaux des indices susceptibles d’appréhender sereinement ses 13 nouveaux tracks, sur lesquels sa voix grave semble s’offrir au monde sans chercher à se cacher derrière un mur d’artifices. L’utilisation d’instruments traditionnels (guitare, batterie, saxophone, piano, cordes…) surprennent surtout de par leur utilisation fausssement conventionelle, sans pour autant dérouter, lorsqu’on connait ses penchants pour les déviances en douceur. Avec Black Metal, Deant Blunt nous laisse pénétrer dans son intimité pour se mettre à nu, jetant à terre les codes de la pop et les réécrire à sa manière, offrant au passage un monument de musique contemporaine très haut dessus de la moyenne, où les escapades expérimentales retiennent les chiens pour les transformer en Cerbères frondeurs, dérapant constamment sur des routes de velours glissant, le tout survolé par la voix malhabile et touchante d’un Artiste qui invente à chaque nouvel album un langage sublime enrobé d’une brume auréolée d’acidité lumineuse. Vital.

Roland Torres