Quand une nuit on m'a appelée pour me dire que le papa de Petit Ado avait fait un infarctus, un second, 2 jours après sa sortie d'hopital, c'est lui qui m'a entourée et a essayé de me calmer en me disant qu'on ne pouvait pas tirer de conclusion sans en savoir plus. C'est avec lui que je me suis rendue à l'hôpital dès le lendemain matin. C'est avec lui que j'ai rencontré un des cardiologues du service de réanimation. C'est lui qui m'a récupérée à la petite cuillère et qui m'a ramenée je ne sais trop comment à la voiture, tant le choc de voir le papa de Petit Ado dans ce lit et d'entendre le diagnostique avait été grand.
C'est lui qui était à mes côtés quand j'ai dû annoncer la sale nouvelle à Petit Ado, en étant suffisamment franche mais pas trop alarmiste, parce qu'on ne sait jamais et que les pourcentages dans ce genre de cas on s'en tape, même si nous savions bien au fond de nous et après ce que le médecin nous avait dit, que c'était sacrement mal engagé et qu'à part un miracle l'issue serait fatale.
C'est encore lui qui était là, à chaque étape, après chacune de mes visites (ou de nos visites à l'hopital) pour tenir au courant Petit Ado de l'état de son papa, des résultats des tests, c'est lui qui a eu l'idée de faire ce "journal de bord". C'est aussi lui qui commençait chaque conversation tant j'étais incapable de les engager. C'est lui qui a eu les mots apaisants, les bras réconfortants et qui était toujous à l'écoute des mes plaintes, angoisses et gémisements.
C'est lui aussi qui était auprès de moi le soir où j'ai reçu un appel qui semblait définitif après la lecture d'un ECG, lui qui m'a proposé de me servir de lui comme d'un punching ball, lui qui a demandé de l'aide auprès de la voisine pour qu'elle surveille les enfants tant je pétais un cable et qu'il nous fallait nous éloigner de la maison pour ne pas réveiler et affoler les enfants.
C'est lui encore qui m'a ramenée à la réalité quand j'ai cru qu'un miracle était possible, que tout était encore possible, lui qui tachait de garder les pieds sur terre quand je partais en cacahuètes, parce que l'espoir on l'a tous au fond de nous mais il ne fallait tout de même pas trop s'éloigner de la réalité et bien entendre ce que les médecins nous disaient, pour ne pas tomber de trop haut et surtout ne pas faire croire n'importe quoi à Petit Ado.
C'est lui toujours, qui m'a accompagnée quand les parents de mon ex mari, son amie et moi même avons été reçus par le responsable du service pour nous expliquer quel était le protocole dans ce genre de situation, le temps dont nous disposions avant qu'ils n'interviennent. C'est lui qui m'a soutenue après mes adieux au papa de Petit Ado, après l'appel fatidique de l'hopital et enfin lui qui m'a aidée à annoncer à Petit Ado que son papa était mort, que c'était fini.
Lui c'est chéri-chéri. Il m'a portée pendant toutes ces semaines de souffrance et de cauchemars. Ces semaines de montagnes russes où l'équipe médicale ne nous a pas épargnés en annonçant tout et son contraire. Je parle de moi mais je pourrais tout autant vous dire que c'est lui qui NOUS a portés, Petit Ado et moi, à bout de bras. C'est grâce à lui que j'ai pu m'occuper de mon fils comme je l'ai fait, que j'ai trouvé la force et la patience d'être auprès de lui, la nuit, le jour sans trop vaciller.
Il a été patient, fort, compréhensif bref il a été formidable et même bien plus que ça et je ne sais franchement pas comment j'aurais fait sans lui, comment nous aurions fait sans lui.