Hedi Slimane, tu le connais sans doute plutôt pour sa carrière de styliste qui l'a mené à la tête de la création chez Yves Saint-Laurent.
En parallèle, il mène une carrière de photographe et en ce moment et jusqu'au 11 janvier 2015, il est possible de découvrir quelques uns de ses clichés à la fondation Pierre Bergé - Yves Saint-Laurent, à Paris.
Deux salles y permettent de découvrir des portraits en noir et blanc d'artistes mais aussi de fans ou encore de sites que le photographe a réunies présenter comme pour créer une véritable atmosphère au sein d'un ensemble de clichés. L'accrochage est toujours pertinent et il se dégage une vraie force de chacune de ces photos. Si les clichés sont travaillés, on est loin des images outrageusement photoshopées qu'on peut croiser un peu partout ces temps-ci. Au contraire, ici, Hedi Slimane semble tirer parti des défauts que d'autres auraient essayé de gommer et met en valeur un grain de peau irrégulier, des rides prononcées, une chevelure un peu folle pour donner à ses photos une force naturelle, pour leur conférer un caractère puissant qui accroche l'oeil et rend certains clichés presque "vivants".
C'est beau et parfaitement maitrisé, qu'il s'agisse d'un portrait posé dont on imagine que tout a été savamment pensé, en amont, ou d'une photo volée pendant un concert où le cadrage hasardeux et la folie du public traduisent l'intensité de l'instant, l'émotion est là. Tout le temps.
Après avoir parcouru les deux salles où sont accrochées les photos, le visiteur est invité à s'installer sur un des coussins posés sur le sol d'un recoin de la dernière salle. Là, de part et d'autre de la salle, deux grands murs sont transformés en écrans géants et permettent de découvrir des images qui confrontent deux univers. Celui de la scène californienne ( la fameuse "West Coast" ) et celui de la scène britannique. Deux ambiances confrontées joliment par cet habile effet de mise en scène qui prennent des airs de documentaire sur l'époque, le public et les artistes de ces deux milieux. Intéressant.
Cerise sur le gâteau, à la sortie on repart avec le poster officiel de l'expo, en grand format (sur lequel figure le fameux portrait de Lou Reed).
Possibilité de réserver ses billets ici ou de les acheter sur place.
Lui aussi, tu le connais sans doute pour une autre raison : James Franco, principalement acteur dans la vie (et animateur Instagram de haut vol) expose lui aussi à Paris. Ca se passe à la galerie Cinéma et c'est gratuit.
Le titre de l'expo "New film stills" est un clin d'oeil aux "Untitled film stills" de Cindy Sherman, clichés qui mettaient en scène des femmes aux allures d'actrices hollywoodiennes il y presque 30 ans.
Le principe est simple : James Franco annonce qu'il a voulu se réapproprier ces clichés et les revisiter en se mettant lui même en scène dans des poses et des décors très semblables aux clichés d'origine.
OK. Pourquoi pas après tout. Sauf qu'une fois sur place, la découverte de la série de clichés argentiques (vendus à prix d'or) entraine une réelle déception. La qualité est assez mauvaise, les poses sont souvent grotesques, presqu'autant que les textes -qui se veulent poétiques- accompagnant ces photographies. On y découvre Franco, la perruque de traviole, la sandale 4 pointures trop petites, la jupe de guigois, poils aux pattes et clope au bec, peu crédible en défenseur de la condition des femmes sur les plateaux d'Hollywood. Oui parce que -tiens toi bien- il s'agirait de ça, d'après lui (je l'ai entendu en parler sur une vidéo ce n'est pas un propos rapporté, crois-moi c'est vrai-de-vrai).
OK James. Honnêtement je t'aime bien, j'irai même jusqu'à dire que tu me fais pas mal marrer mais là je trouve que tu vas trop loin.
Parce que tu prends ça avec le plus grand sérieux.
D'après ce que je crois perçevoir de toi, je me laisse aller à imaginer que tout ceci n'est qu'une vaste fumisterie qui vise à tourner en ridicule le monde de l'art contemporain en général et que tu te plairas, après que cette expo aura fait le tour du monde, à annoncer -goguenard ça va de soi- qu'il ne s'agissait que d'une vaste blague, que d'un énorme hameçon visant à montrer que dès lors qu'un "nom" hollywoodien vient à pondre un projet bancal, pour peu qu'il se donne un peu de mal pour le justifier et ainsi lui donner une certaine crédibilité, c'est l'enthousiasme général.
Vraiment, j'attends ce moment avec impatience et j'espère qu'il viendra. Je serai la première à t'applaudir ce jour là. Quand tu révèleras que tout ceci n'est en faitnqu'un énième pied de nez à l'adresse du monde des médias dont tu sembles te jouer avec délectation depuis un petit moment déjà.
Si c'est ça, chapeau. Sinon, je te mets zéro...
(Ah mais j'oubliais, attends : Il faut aller au bout de l'expo tout de même pour accéder à la petite projection finale. Un remake cheap au possible de la scène de la douche dans Psychose, très très drôle (je ne suis pas sûre que ce soit l'effet escompté) (enfin ça m'a bien fait rire, toujours))