Mal connu, souvent craint, le copyright serait un frein important à la créativité des internautes, selon une étude du Georgia Tech College of Computing.
"Vous avez probablement enfreint six lois [de copyright] avant le petit-déjeuner sans même le savoir." Casey Fiesler du Georgia Tech College of Computing soulève dès le début de son article le problème des droits d’auteur sur le net. Elle reprend les conclusions de son étude quant à l’impact de ces lois du copyright sur la créativité des internautes. Selon elle, tout le problème vient du flou législatif entourant la création en ligne. Les lois du droit d’auteur ont en effet été créées pour protéger écrivains et artistes à une époque où l’on pouvait contrôler les canaux de diffusion. Aujourd’hui, chacun produit des contenus créatifs que cela soit une image meme, un clip parodique, un remix ou une fan-fiction. Mais rares sont ces créateurs du web à être véritablement conscients des règles du droit d’auteur. Casey Fiesler relate ainsi le cas d’un sujet de discussion sur un forum d’entraide. Un internaute demandait aux autres si les fan-fictions étaient légales : 47 réponses et 4 interprétations différentes de la lois plus tard, l’internaute restait loin de la réalité du droit. C’est cette confusion qui pour la chercheuse est à l’origine d’une créativité amoindrie.
Les internautes s’autocensurent
13 % des messages sur le forum d’aide de YouTube tournent autour du droit d’auteur. Le taux est un des plus élevés des sites de partage analysés par la chercheuse. Il illustre bien à quel point les internautes sont inquiets sur ces questions. À tel point que, selon la chercheuse américaine, "les utilisateurs décident de ne pas mettre en ligne leur travail sur YouTube en raison d’avertissement impropres ou de ce qu’on a pu leur dire à propos de leur création qui, sans autorisation des ayant droits, risque la censure." Le flou qui entoure les règles du copyright entretient donc une autocensure de la part des internautes si l’on en croit l’étude. Ces derniers craignent , souvent à tort, de voir leur travail supprimé par le site hébergeur. D’autre part – et cela paraît paradoxal – les internautes craignent que les plateformes de partage ne protègent pas leurs créations qui risqueraient d’être copiées, piratées ou même plagiées. Casey Fiesler parle ainsi d’un "chilling effect" ("effet angoissant") qui freine les publications en ligne.
Des solutions envisagées
Au delà du constat de cette double angoisse d’être victime de plagiat ou d’être poursuivi pour ce motif, l’étude présente quelques solutions. Elle suggère déjà de faire en sorte que les modérateurs sur les forums des sites fournissent des réponses claires sur ces questions de copyright. Cela éviterait les interprétations personnelles du droit. Mais les grandes plateformes de partage ne sont peut-être pas prêtes à s’impliquer ainsi. En cas de problème, elles seraient d’autant plus responsables. Car ces sites de partage ont tendance à aller bien au delà de la loi en matière de droit d’auteur dans leurs avertissements, moyen pour eux d’éviter tout risque. Elles entretiennent par là ce "chilling effect". De nombreuses réflexions sont d’ailleurs en cours sur ces questions de droits d’auteur : l’Union européenne est à l’origine du projet Copyright for creativity, car les mêmes soucis apparaissent au niveau pédagogique alors même que les retraits de tweets n’ont jamais été aussi nombreux, notamment pour ces raisons.